Les entreprises françaises à l’étranger « grandes oubliées du plan de relance », pointe un rapport sénatorial

Les entreprises françaises à l’étranger « grandes oubliées du plan de relance », pointe un rapport sénatorial

La délégation sénatoriale aux entreprises présentait ce jeudi 17 décembre son rapport sur la situation des entreprises françaises à l’étranger. Face aux dépôts de bilan qui se multiplient, la délégation préconise des mesures de soutien pour ces entreprises fragilisées par la crise sanitaire et pourtant absentes des dispositifs d’aides de l’Etat.
Public Sénat

Par Rafael Benabdelmoumene

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C’est par la voix de sa rapporteure Jacky Deromedi, sénatrice Les Républicains des Français établis hors de France, que la délégation sénatoriale a présenté ce rapport qui dresse le bilan de la situation des Entreprises Françaises à l’Etranger (EFE). Ce travail est entre autres, le fruit de deux tables rondes organisées en novembre par le Sénat portant sur les difficultés rencontrées par les petits entrepreneurs français à l’étranger ainsi que sur les réponses des acteurs de la politique d’aides aux entreprises à l’étranger.

Des entreprises en difficulté mais peu aidées

Ce sont les témoignages « poignants » formulés auprès des sénateurs des Français de l’étranger qui ont motivé le Sénat à se pencher sur cette question trop souvent oubliée. Des « drames humains se jouent dans le monde entier » a déploré Jacky Deromedi en référence aux petits entrepreneurs français en grande difficulté à l’étranger. En effet, les EFE, des entreprises crées et gérées par des Français à l’étranger ne perçoivent aucune aide du gouvernement face à la crise actuelle. Pour la plupart, ce sont des TPE qui, installées à l’étranger, ne pourront pas bénéficier du plan de relance. Elles ne bénéficient pas non plus, dans leur grande majorité, d’aides locales : 87 % des EFE ne perçoivent en effet aucune aide de leur pays d’implantation.

C’est pourquoi 70 % des EFE prévoient un chiffre d’affaires en baisse en 2020. 30 % ont d’ailleurs déjà déposé le bilan. Et ce n’est pas « l’aide dérisoire » de l’Etat proposée aux expatriés français (entre 47 et 157 euros par ménage) qui va sauver les EFE. La délégation estime ainsi que 30 % des patrons d’EFE sont déjà rentrés en France depuis le début de la crise sanitaire.

Pourtant, si les entreprises françaises à l’étranger ne bénéficient pas d’aides de la France, elles participent à créer de la richesse dans le pays. Pour la délégation, les EFE doivent donc pouvoir bénéficier de la solidarité nationale. « Ce n’est pas un critère de dire qu’elles ne payent pas d’impôts en France » clame la rapporteure. Ces entreprises « contribuent à notre balance commerciale et à notre emploi car elles font travailler les entreprises exportatrices ». Ce sont aussi des vitrines du « savoir-faire, du savoir-vivre et de la culture qui contribuent au rayonnement de la France et à son soft-power », ajoute Jacky Deromedi.

Propositions

L’objectif affiché par les sénateurs : permettre à ces entreprises de reconstituer une trésorerie pour repartir. Pour agir au mieux, le rapport préconise de mieux cerner les EFE en commençant par les recenser. A l’heure actuelle, le nombre d’entreprises françaises à l’étranger reste en effet très flou. Parmi les recommandations figure aussi la création d’un fonds d’urgence pour les Français de l’étranger qui permettrait par conséquent de couvrir les entrepreneurs en cas d’évènement majeur comme une crise sanitaire. Les 50 millions d’aides d’urgence aux familles déjà en place sont en effet largement insuffisants pour aider les quelques 3 millions d’expatriés français. Les sénateurs avaient d’ailleurs déjà proposé en février dernier un fonds de sécurité pour les Français de l’étranger, « les oubliés de la République ». Autre préconisation, rendre les EFE éligible aux Prêts Garantis par l’Etat (PGE), ou encore élargir des dispositifs existants pour conditionner les aides à un lien économique avec la France et pas seulement juridique.

« On incite les entrepreneurs français à partir à l’étranger […] mais par contre quand il y a un gros problème on leur dit : maintenant débrouillez-vous », résume Jacky Deromedi. D’où l’urgence aujourd’hui d’apporter un « soutien pragmatique et solide » aux Entreprises Françaises à l’Etranger afin de « renforcer leur résilience ».

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