Budget : les sénateurs LREM reprochent à la droite de détourner la mission du Sénat
Les sénateurs de la majorité présidentielle ne participeront pas aux débats thématiques qui se tiennent au Sénat, après le refus de la droite d’étudier le volet dépenses du budget. Pour François Patriat, le groupe LR est mal à l’aise sur les choix du gouvernement et prend « la fuite ».

Budget : les sénateurs LREM reprochent à la droite de détourner la mission du Sénat

Les sénateurs de la majorité présidentielle ne participeront pas aux débats thématiques qui se tiennent au Sénat, après le refus de la droite d’étudier le volet dépenses du budget. Pour François Patriat, le groupe LR est mal à l’aise sur les choix du gouvernement et prend « la fuite ».
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Une semaine après le rejet du Budget 2022 au Sénat, poussé par le groupe LR majoritaire, c’est au tour des sénateurs de la majorité présidentielle de donner de la voix. Le groupe des 23 marcheurs au Sénat a annoncé ce 30 novembre, lors d’une conférence de presse, qu’il ne prendrait pas part aux sept débats thématiques, organisés en remplacement du volet dépenses du projet de loi de finances. Le président du groupe du Rassemblement démocratique des progressistes et indépendants (RDPI), François Patriat, a déploré des débats aux « intitulés provocateurs », qui vont servir, selon lui, de tribune à la droite uniquement pour attaquer le bilan du gouvernement. « Ce sera un débat d’incantations et d’accusations, sans solutions réelles proposées et sans effets, si ce n’est de vouloir participer à leur façon à la campagne électorale de façon détournée, en utilisant le Budget pour le faire […] Ils veulent faire un coup politique », a expliqué le sénateur de la Côte-d’Or.

Ce mardi, le Sénat va débattre en hémicycle sur le thème de la « perte de puissance économique de la France » ou encore sur le « bilan de l’action du Gouvernement en matière de justice et de sécurité ». « Cela va être un théâtre d’ombres. Ce n’est pas la première fois que ce groupe de forte minorité exploite la situation institutionnelle du Sénat pour faire autre chose que la mission constitutionnelle du Sénat », a soulevé Alain Richard. Le sénateur LREM, qui était membre du groupe socialiste avant 2017, fait référence au dernier budget du quinquennat de François Hollande, que la majorité sénatoriale avait refusé d’examiner, pour cause « d’insincérité budgétaire ».

« Il y avait une volonté de passer sous silence les dépenses qu’il faudrait faire »

Alors que cette première semaine de décembre va être marquée par l’élection interne du candidat des Républicains à l’élection présidentielle, les sénateurs du groupe RDPI considèrent que cette séquence traduit un « malaise » de la droite vis-à-vis du projet de loi de finances et notent que certaines orientations ont été bien accueillies lors de la phase d’examen du budget dans les différentes commissions. « J’ai senti de la gêne chez les présidents de commissions », relate François Patriat. « Avant la désignation du candidat LR, il y avait une volonté de passer sous silence les dépenses qu’il faudrait faire. S’ils reprenaient ce qu’il y avait dans le budget, ils sauraient montrer que ce qu’a fait ce gouvernement pendant cinq ans, ils auraient aimé le faire aussi et ne pas revenir dessus aujourd’hui. » Au cours des débats, la droite avait dénoncé l’accumulation de nouveaux amendements de dernière minute et la « dérive » des comptes publics.

Pour François Patriat, il ne fait pas de doute que la droite sénatoriale est sur une « posture politicienne », et « n’assume pas ses positions » vis-à-vis de nombreuses dispositions du Budget. « Leur seule échappatoire, c’est la fuite. » Les groupes de gauche, qui ont amené leurs voix à celles de la droite dans le rejet du budget, en prennent aussi pour leur grade. François Patriat a évoqué une « alliance de la carpe et du lapin ». À d’autres occasions au cours du quinquennat, son groupe s’est étonné de majorités de circonstance, allant des communistes aux Républicains.

Au-delà de ce discours très offensif, le groupe RDPI s’est par ailleurs inquiété du signal envoyé par le Sénat. Didier Rambaud s’est ainsi demandé, dans ces conditions, « quelle est la plus-value » du Sénat dans le débat budgétaire. « Inexistante. »

Partager cet article

Dans la même thématique

PARIS , LES CANDIDATS REMI FERAUD ET EMMANUEL GREGOIRE
8min

Politique

« Force du dégagisme », « fin de cycle » et « bataille de chiens » à venir : les socialistes font le bilan, après la victoire d’Emmanuel Grégoire face à Rémi Féraud

La victoire d’Emmanuel Grégoire, dès le premier tour, lors de la primaire PS qui l’opposait au sénateur Rémi Féraud s’explique notamment par « la volonté de tourner la page Hidalgo » chez les militants, mais aussi le poids des rapports de force issus du congrès PS ou la « dérive clanique » autour de la maire sortante.

Le

SIPA_01206229_000010
6min

Politique

Programmation de l’énergie : en commission, les sénateurs ne reprennent pas le moratoire sur l’éolien et le photovoltaïque

En commission des affaires économiques, les sénateurs ont adopté la proposition de loi sénatoriale, dite Gremillet, qui avait été passablement dénaturée par des amendements des députés LR et RN, puis finalement rejetée par l’Assemblée nationale. Le moratoire sur l’éolien et le photovoltaïque ou encore la réouverture de la centrale nucléaire de Fessenheim ne figurent plus dans le texte adopté en commission pour une deuxième lecture prévue la semaine prochaine.

Le

Budget : les sénateurs LREM reprochent à la droite de détourner la mission du Sénat
3min

Politique

Loi Duplomb : un texte qui permet « de mettre les agriculteurs français au même niveau que les agriculteurs européens », assure son auteur

Ce mardi, Laurent Duplomb, sénateur LR de Haute-Loire, auteur du texte « visant à lever les contraintes sur le métier d’agriculteur », était invité sur la matinale de Public Sénat. Il a évoqué l’accord trouvé en commission mixte paritaire sur sa proposition de loi, ainsi que les critiques qu’elle suscite, notamment en ce qui concerne la réintroduction de l’acétamipride, un pesticide interdit en France depuis 2018.

Le

Budget : les sénateurs LREM reprochent à la droite de détourner la mission du Sénat
2min

Politique

Canicule : « La vigilance rouge ne concerne pas que les publics les plus fragiles, elle concerne tout le monde », déclare François Bayrou

Alors que la France fait face à un épisode caniculaire, François Bayrou, accompagné de Catherine Vautrin, Agnès Pannier-Runacher et Bruno Retailleau s’est rendu ce mardi au centre opérationnel de gestion des crises du ministère de l’Intérieur. L’objectif était de faire état de l’ensemble des mesures prises pour faire face à cette vague de chaleur.

Le