Les sénateurs rabotent la niche fiscale des journalistes

Les sénateurs rabotent la niche fiscale des journalistes

Dans le cadre de l’examen du budget, les sénateurs ont adopté un amendement limitant les bénéficiaires de la niche fiscale des journalistes à ceux dont le revenu est inférieur à 6.000 euros nets par mois. Le gouvernement s’y est opposé. Les députés pourront revenir sur ce vote à l’Assemblée.
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C’est une marotte du groupe RDSE (à majorité radicale) du Sénat. Dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances 2019, les sénateurs ont adopté un amendement du sénateur Radical Yvon Collin, supprimant en partie la niche fiscale des journalistes.

En partie seulement, car les sénateurs du groupe RDSE veulent uniquement exclure des bénéficiaires de cet abattement de 7.650 euros les journalistes dont le revenu brut dépasse 93.510 euros par an. Ce qui revient à un revenu mensuel de 6.000 euros nets. Soit le haut du panier. Très peu de journalistes gagnent en effet plus de 6.000 euros nets par mois, à part quelques directeurs de rédaction, chefs ou présentateurs vedettes.

C’est d’ailleurs clairement la cible d’Yvon Collin, comme le sénateur du Tarn-et-Garonne l’a expliqué, en présentant cet amendement adopté vendredi 23 novembre, en fin de journée :

« Vous l’aurez compris, cet amendement vise les journalistes vedettes ou les patrons de presse, pas les journalistes qui galèrent ».

Ce n’est pas la première fois que les Radicaux du Sénat visent la niche fiscale des journalistes. En 2013, Yvon Collin, déjà, avaient réussi à faire adopter un amendement similaire, fixant le seuil à 4.000 euros nets (voir notre article). Mais les députés étaient alors revenus sur le vote des sénateurs.

Gouvernement opposé

Il devrait en être de même dans ce budget 2019. L’amendement d’Yvon Collin a été adopté contre l’avis du gouvernement. « Les dispositions fiscales dont bénéficient les journalistes et la presse sont de nature à favoriser la pluralité et la liberté de la presse » a justifié le secrétaire d’Etat Olivier Dussopt.

Cette niche fiscale a été créée pour les journalistes en 1934, au nom de leurs frais professionnels. Ils faisaient partie de la liste de 110 professions pour qui une telle exonération avait été mise en place. Cette disposition avait aussi été conçue comme une aide indirecte aux patrons de presse, leur permettant d’embaucher leurs salariés moins cher. Ces dernières années, le coût de l’allocation pour frais d’emplois a été estimé entre 50 et 70 millions d’euros par an. Concrètement, lors de sa déclaration d’impôt (avant l’instauration du prélèvement à la source), le journaliste peut déduire 7.650 euros de la totalité de ses revenus déclarés, ce qui réduit son impôt.

Salaire moyen de 3.549 euros en CDI

Selon les données issues de la Commission nationale de la carte de presse, le revenu mensuel moyen des journalistes en CDI est de 3.549 euros en 2016, de 1.969 pour les journalistes pigistes et de 1.886 pour les journalistes en CDD.

La profession connaît une forme de précarité, surtout dans les premières années d’exercice. 73,7% des journalistes sont en CDI, 18,7% sont pigistes et 3,2% sont en CDD. Mais chez les moins de 26 ans, 41,5% sont pigistes et 36,6% en CDD. Chez les 26-34 ans, ils sont encore 33,7% de pigistes et 8,5% en CDD.

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