Mesures durcies à Marseille : « Concerter ne veut pas forcément dire tomber d’accord », objecte Olivier Véran

Mesures durcies à Marseille : « Concerter ne veut pas forcément dire tomber d’accord », objecte Olivier Véran

Face à la colère des élus marseillais et de la région Sud, le ministre de la Santé, auditionné au Sénat, a défendu les mesures contraignantes décidées par le gouvernement face à l’aggravation de l’épidémie. Il estime avoir agi en « responsabilité ».
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L’annonce de nouvelles restrictions dans la métropole d’Aix-Marseille-Provence, désormais classée en « alerte maximale » face à la progression de l’épidémie de Covid-19, est accueillie avec colère depuis mercredi soir. A l’issue du Conseil de défense, le gouvernement a pris la décision de fermer notamment les bars et restaurants pour une durée de deux semaines. La mairie de Marseille déplore un « affront » contre des mesures prises « sans concertations » visant un « territoire montré du doigt ».

Auditionné sous serment au Sénat par la commission d’enquête Covid-19, le ministre des Solidarité et de la Santé Olivier Véran a répondu aux accusations d’absence de consultation et de concertation. « J’ai discuté avec les élus marseillais qui considéraient que consulter n’était pas concerter. Sans doute. Mais concerter ne veut pas dire tomber d’accord. Et à un moment, le principe de responsabilité, il doit primer », s’est défendu le ministre. Le ministre, entendu toute la matinée, a défendu la nécessité de prendre des mesures difficiles, alors que la métropole marseillaise est dans une « situation périlleuse » depuis la fin du mois d’août. « Ça me paraît agir en responsabilité, et je l’assume. »

Le ministre a assuré avoir appelé « en fin d’après-midi », le 23 septembre, des élus locaux comme le président de région Renaud Muselier et le premier adjoint à la mairie de Marseille, Benoît Payan. Ce dernier l’avait interpellé sur Twitter, en fin de soirée, lui reprochant d’avoir « perdu le sens des réalités. « Je vous ai appelé car vous n’aviez pas pris la peine de le faire, pour vous dire tout le mal que je pensais de votre méthode et de vos décisions. » De son côté, Renaud Muselier avait écrit : « Un coup de téléphone n’est pas une concertation, quand l’appel est passé à 18h30 pour une intervention à 19h, dans la précipitation. »

« Il faut accepter l’idée que nous soyons obligés d’acter un certain nombre de décisions rapidement »

Dans une ambiance tendue, le ministre s’est adressé personnellement au co-rapporteur de la commission Bernard Jomier (apparenté au groupe socialiste), qui dénonçait dans les colonnes du Monde un défaut de réactivité dans la politique du gouvernement. « Si vous ne voulez pas que nous courions après le virus, il faut accepter l’idée que nous soyons obligés d’acter un certain nombre de décisions rapidement, compte tenu de la situation sanitaire […] Je ne me leste pas de boulets. Les boulets, ce n’est pas la concertation, ce sont les jours de délais entre le moment où on observe, et le moment où on doit agir. »

Revenant sur son action au mois d’août, Olivier Véran a affirmé avoir été en contact régulièrement avec la maire de Marseille Michèle Rubirola (divers gauche), l’avertissement à plusieurs reprises de la dégradation des statistiques sanitaires dans sa ville. « À l’époque, je leur ai dit que si nous ne prenions pas rapidement des mesures pour enrayer la circulation du virus, il était à craindre que nous soyons obligés de prendre des mesures plus tard.

Olivier Véran remercie les maires des autres grandes villes, mais Paris exprime son désaccord

À l’inverse, Olivier Véran a salué les bonnes relations qu’il a entretenues la veille avec les maires d’autres grandes villes, placées en « zone d’alerte renforcée », où de nouvelles mesures doivent entrer en vigueur après une concertation avec les préfets. « L’ensemble de ces élus ont fait preuve d’une réceptivité […] Je peux vous dire que je n’ai pas eu de difficultés », a-t-il affirmé, remerciant tour à tour les maires de Montpellier, Toulouse, Saint-Étienne, Paris, Rennes, Grenoble, et « tout particulièrement » celle de Lille, Martine Aubry. Un beau tableau qui ne se vérifie pas dans la capitale. S’exprimant sur la fermeture des bars à 22 heures par exemple, Anne Hidalgo, la maire PS de Paris a exprimé ce matin son désaccord face à « mesures très restrictives », prises « malheureusement sans concertation ». Son premier adjoint, Emmanuel Grégoire, a considéré que cette fermeture anticipée représentait « un risque économique immense ».

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