Municipales : « 10 listes communautaires, c’est déjà trop »

Municipales : « 10 listes communautaires, c’est déjà trop »

10 listes déposées pourraient être qualifiées de « communautaires ». C’est le recensement inédit effectué par le ministère de l’Intérieur en vue des élections municipales. Pour le président du groupe LR du Sénat, Bruno Retailleau « c’est déjà trop ». Il appelle une nouvelle fois l’exécutif à légiférer sur ce sujet.
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Pour la droite sénatoriale, c’est l’un des enjeux des municipales : la possibilité de voir une liste plaçant des revendications communautaristes au-dessus des lois de la République, élue le soir du 22 mars. « Vous vous rendez compte s’il y a une dizaine de maires communautaristes élus, voire un seul. Et le risque d’émeute, si on le révoquait demain » s’est alarmé ce mardi, Bruno Retailleau.

Un recensement basé sur le « ressenti » des préfets

Le président du groupe LR du Sénat réagissait à une information du journal Le Monde. En se basant sur le « ressenti » des préfets, le ministère de l’Intérieur a recensé 10 villes, parmi lesquels, Garges-lès-Gonesse, Joué-lés-Tours, Annecy ou Nanterre, qui seraient concernées « par la présence de listes pouvant être qualifiées de communautaires ».

« Nous n’avons pas les critères des préfets (…) 10, ça ne me parait pas beaucoup mais je ne vais pas polémiquer sur les chiffres. Mais même si c’est 10, c’est trop » a réagi la sénatrice du Val d’Oise, Jacqueline Eustache Brinio, par ailleurs rapporteure de la commission d’enquête sur la radicalisation islamiste. Dans son département une ville inquiète la place Beauvau : Garges-lès-Gonesse où le fondateur du CCIF (Collectif contre l’islamophobie), une organisation proche des Frères Musulmans, Samy Debah est bien placé. « Le CCIF est domicilié chez lui. Le CCIF est domicilié dans le Val d’Oise, il faut le savoir. C’est une vraie inquiétude et on espère que le repli républicain va fonctionner » ajoute-elle.

Municipales: la sénatrice Jacqueline Eustache-Brinio s'alarme de la montée du communautarisme dans le Val d'Oise
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« Comme d’habitude l’exécutif ne fait rien »

10 listes sur 20 765 déposées pour ce scrutin. Un chiffre qui, à première vue, pourrait relativiser l’ampleur du sujet si cher à une partie de la droite sénatoriale. « Non, c’est 10 listes de trop. Une fois de plus notre faiblesse nous amène à tolérer ce qui n’est pas tolérable. Une seule liste aurait été de trop. J’ai proposé une loi pour interdire les listes communautaristes et comme d’habitude l’exécutif ne fait rien » s’insurge le sénateur de Vendée.

Bruno Retailleau regrette que le gouvernement n’ait pas repris sa proposition de loi déposée en novembre visant à interdire les listes communautaristes aux élections (voir notre article). Devant les maires de France, Emmanuel Macron avait jugé cette idée inefficace. « Comment définirait-on les listes communautaires ? Qui en serait le juge, selon quels critères ? » avait-il argué.

Entrisme, clientélisme, communautarisme

Le patron de la droite sénatoriale ne s’est pas arrêté à ce texte. Début février, il a cosigné la proposition de révision constitutionnelle déposée par le président LR de la commission des lois, Philippe Bas, afin de voir ajouté à l’article 1 du texte fondateur de la Ve République, la phrase suivante : « Nul individu ou nul groupe ne peut se prévaloir de son origine ou de sa religion pour s’exonérer du respect de la règle commune » (voir notre article).

Selon les informations du Monde, au ministère de l’Intérieur, on s’inquiète surtout de « l’entrisme » des revendications communautaires musulmanes « sur les autres listes ». Les groupes communautaires feraient pression sur les équipes municipales. Sont évoqués certaines villes de Seine-Saint-Denis, comme Bobigny. Sur ce sujet, là encore, Bruno Retailleau ne reste pas inactif. « J’ai fait une autre proposition qui est une proposition contre l’entrisme. C’est un contrôle de légalité renforcé et d’une mise sous tutelle renforcée lorsqu’il y a des manquements graves et répétés dans les communes. Je le propose pour toutes celles et ceux qui font du clientélisme quel que soit leur parti ».

En effet, le 16 février dernier, Bruno Retailleau préconisait « la mise sous tutelle républicaine » des communes dirigées par des « élus complices des islamistes » (voir notre article). La mise sous tutelle préfectorale est une procédure qui existe en cas de manquement dans l’exécution du budget municipal. Toutefois, une mise sous tutelle en cas de manquement au principe de laïcité une nouvelle loi. À ce stade, l’élu de Vendée n’a pas encore déposé sa proposition de loi.

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