« On nous prend pour des idiots » : colère noire des sénateurs après le discours de Macron sur l’hôpital
Pour la deuxième fois depuis mardi, les sénateurs ont stoppé leurs travaux sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. La séance s’est arrêtée après le discours d’Emmanuel Macron sur l’hôpital. Les sénateurs devraient abréger les discussions sur l’ensemble du texte.

« On nous prend pour des idiots » : colère noire des sénateurs après le discours de Macron sur l’hôpital

Pour la deuxième fois depuis mardi, les sénateurs ont stoppé leurs travaux sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. La séance s’est arrêtée après le discours d’Emmanuel Macron sur l’hôpital. Les sénateurs devraient abréger les discussions sur l’ensemble du texte.
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

L’hémicycle du Sénat avait déjà interrompu ses travaux en ouverture du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), estimant le texte caduc face à la perspective d’un plan pour l’hôpital. Les déclarations d’Emmanuel Macron, cet après-midi, ont jeté un nouveau trouble dans la chambre haute. Plus profond encore. « Ça suffit », résume le sénateur LR Alain Milon. « C’est outrageant pour les parlementaires, que ce soit à l’Assemblée nationale ou au Sénat. »

Le président de la commission des Affaires sociales n’a visiblement pas dirigé le contenu de la réunion avec Agnès Buzyn (Santé) et Olivier Dussopt (Comptes publics), mardi soir, au premier jour d’examen du PLFSS. « Ils nous ont juré le cœur sur la main qu’ils ne savaient rien. Nous, on nous prend pour des idiots, et eux pour des guignols ! »

En direct depuis Épernay, lors d’une journée de mobilisation nationale des personnels hospitaliers, le président de la République a promis des « annonces fortes » pour l’hôpital public, dont la crise sociale a pris une tournure inédite ces derniers mois. Ce plan sera annoncé mercredi à l’issue du Conseil des ministres. C’est-à-dire le lendemain du vote du Sénat sur l’ensemble du PLFSS. « Il est hors de question de prendre en otage le Parlement et notamment la Haute assemblée », a approuvé le chef de file des Républicains au Sénat, Bruno Retailleau.

Le président de la commission des Affaires sociales veut écourter les débats en première lecture

À l'issue d'une nouvelle suspension de séance ce jeudi, Philippe Dallier (LR), a annoncé que Gérard Larcher, le président du Sénat, avait pris la décision de convoquer une conférence des présidents à 18h15. Celle-ci pourrait annoncer un acte fort. Alain Milon préconise de faire tomber les amendements restants en discussion, afin de pouvoir rejet d’un bloc la troisième partie, qui entraînerait par ricochet le rejet du volet des recettes. « Et c’est terminé. On discutera ensuite avec le gouvernement pour la deuxième lecture », s’avance-t-il. Actuellement, il reste les deux tiers des amendements à examiner sur le PLFSS au Sénat.

En plein discours présidentiel, à 16h30, la gauche du Sénat avait demandé une suspension de séance. « Pour prendre connaissance des annonces qui vont être faites et qui vont impacter notre discussions », a précisé la sénatrice communistes Laurence Cohen. Le groupe communiste a été rejoint par les socialistes. Voici trois jours que les sénateurs de gauche, mais aussi de droite, s’agacent d’avoir un train de retard et d’avoir de mauvais chiffres comme base de travail.

PLFSS : Laurence Cochen demande une suspension de séance en plein discours d'Emmanuel Macron
00:50


 « C’est grave pour la démocratie »

Annonces sur l'hôpital en plein examen du PLFSS: « C’est grave pour la démocratie » selon Jean-Louis Tourenne
01:28

Le sénateur socialiste, membre de la commission des affaires sociales, Jean-Louis Tourenne voit dans cet épisode, l’illustration du « mépris dans lequel le président de la République tient le Parlement. C’est grave pour la démocratie car le Parlement est chargé de faire la loi » a-t-il déploré. Le plan pour l’hôpital, qui sera annoncé la semaine prochaine, conduit « à ce que tous les débats que nous avons eu portent sur des éléments faux ». En conséquence, Jean-Louis Tourenne envisage plusieurs attitudes à adopter de la part du Sénat. « Il y en a une qu’il faut exclure immédiatement. Ce serait celle de débattre tranquillement sans marquer coup ».

Edit du jeudi 14 novembre à 22h00 : Le Sénat a bien rejeté le projet de loi de financement de la Sécurité sociale

Partager cet article

Dans la même thématique

Paris : Francois Bayrou recoit Marine le Pen et Jordan Bardella
3min

Politique

Le sénateur PS Eric Kerrouche veut empêcher le RN de « violer la Constitution » pour en faire « un régime autoritaire »

Les sénateurs PS défendent une proposition de loi constitutionnelle qui limite strictement toute modification de la loi de 1958 au seul article 89 de la Constitution. Une réaction à un texte du RN sur l’immigration, qui reviendrait à transformer la France en « régime autoritaire, avec des mesures illibérales », selon le sénateur PS Eric Kerrouche.

Le

Paris : session of questions to the government at the Senate
6min

Politique

Sébastien Lecornu aux sénateurs : « Je ne serai pas le premier ministre qui fera une passation de pouvoir avec Jordan Bardella »

Alors que les relations se sont dégradées entre la majorité sénatoriale et le premier ministre, Sébastien Lecornu s’est rendu à la conférence des présidents du Sénat. Si le geste « a été salué par le président Larcher », il reste insuffisant pour gommer les « frustrations » de sénateurs qui apprennent maintenant les concessions faites au PS « en regardant la télé ». Cherchant à « dramatiser », selon l’un des participants, « il a dit que "censure vaudra démission et que ça vaudra dissolution" ».

Le

France Macron
5min

Politique

« Demain soir, si tout va bien, Alfred Dreyfus sera général » : le Sénat s’apprête à voter un « texte très symbolique », malgré quelques difficultés…

Les sénateurs examinent ce jeudi la proposition de loi de Gabriel Attal élevant à titre posthume Alfred Dreyfus au grade de général de brigade. Les sénateurs PS, qui ont déposé un texte identique via Patrick Kanner, ont repris à leur compte le texte de l’ancien premier ministre pour lui permettre d’aller au bout, malgré les « réserves », voire l’opposition « d’Emmanuel Macron », selon le patron des sénateurs PS.

Le