Auditionné au Sénat ce jeudi, le président de l’Association des maires de France, David Lisnard (LR) a répondu à l’appel d’Éric Zemmour qui demande un coup de pouce de l’AMF afin que les principaux candidats déclarés à la présidentielle puissent obtenir les 500 parrainages d’élus exigés pour se présenter à la présidentielle.
Parrainages : « Il y a une victimisation de certains candidats », estime David Lisnard
Auditionné au Sénat ce jeudi, le président de l’Association des maires de France, David Lisnard (LR) a répondu à l’appel d’Éric Zemmour qui demande un coup de pouce de l’AMF afin que les principaux candidats déclarés à la présidentielle puissent obtenir les 500 parrainages d’élus exigés pour se présenter à la présidentielle.
« C’est un marronnier qui revient tous les cinq ans ». Le nouveau président de l’AMF était auditionné ce jeudi par la délégation aux collectivités territoriales du Sénat. L’occasion pour lui d’aborder certains thèmes d’actualité dont notamment la question des 500 parrainages d’élus nécessaires pour se présenter à l’élection présidentielle.
« Il y a une théâtralisation de certains candidats, une victimisation »
La semaine dernière sur Europe 1, Éric Zemmour en avait appelé à David Lisnard lui demandant la mise en place d’un « pool de signatures » de maires « pour les candidats qui sont à « 5 ou 8 % dans les sondages ». En début de semaine, c’est Jean-Luc Mélenchon qui demandait le rétablissement d’anonymat des élus qui donnent leur parrainage. Une idée qu’Éric Zemmour a aussi soutenu lors de ces vœux à la presse, lundi.
Le président du Sénat, Gérard Larcher recevra, d’ailleurs, le candidat de la France Insoumise prochainement pour aborder ce sujet.
Devant les sénateurs, le président de l’AMF a déclaré « ne pas être dupe ». « Il y a une théâtralisation de certains candidats, une victimisation. Ça fait partie d’une stratégie électorale », a-t-il déploré tout en reconnaissant « un vrai souci » sur le système des parrainages.
David Lisnard souligne, par ailleurs, « qu’un parrainage ne vaut pas soutien ». En ce qui concerne l’anonymat des élus, supprimé en 2016 par le gouvernement Valls, le maire de Cannes rappelle qu’auparavant le Conseil constitutionnel publiait quand même « 500 parrainages de candidats ce qui surexposait les maires et autres élus qui parrainaient un candidat qui ne recevait que 520 ou 530 signatures […] ça créait une sorte de rupture d’égalité entre les élus. Donc, il fallait supprimer l’anonymat », justifie-t-il.
« Je pense que Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et Éric Zemmour obtiendront leurs parrainages »
En ce qui concerne le scrutin de 2022, David Lisnard « pense que Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et Éric Zemmour obtiendront leurs parrainages ». « Je le souhaite. Non pas que je partage leurs engagements. Sinon, ça délégitimerait l’élection. On n’a pas besoin de ça dans le contexte actuel. Il faut que la controverse soit dans le champ électoral et pas dans la rue. Ceci étant, l’AMF est exaspérée d’être prise en otage. Il y a 42 000 élus qui peuvent accorder leurs parrainages. Il faut en trouver 500. Ce n’est pas délirant. Parmi ces 42 000 élus, il y a aussi les parlementaires, les conseillers régionaux et départementaux », s’agace-t-il.
Le président de l’AMF se souvient, toutefois, qu’en début de quinquennat le gouvernement s’était engagé à réfléchir à une réforme des parrainages. « J’ai retrouvé une déclaration du 6 mai dernier dans laquelle le gouvernement s’engage à consulter les partis politiques avant la fin de l’année pour voir s’il fallait revoir la règle des parrainages. Ça n’a pas été fait », note-t-il.
En conclusion, le maire de Cannes reprend quelques pistes, comme celle d’un mix entre parrainages d’élus et parrainages de citoyens, parrainage de deux candidats par élu « un parrainage de soutien et un parrainage dit républicain », une idée formulée en 2012 par Jacques Pélissard l’ancien président de l’AMF, où alors rétablir l’anonymat mais cela devra se faire avec l’aval du Conseil Constitutionnel », conclut-il.
Françoise Gatel dénonce « la culpabilisation des maires »
A la sortie de l’audition, la présidente centriste de la délégation aux collectivités territoriales du Sénat, Françoise Gatel (centriste) dénonce, elle aussi, « la culpabilisation des maires ». « En plus, on parle de règles que tout le monde connaît. M. Mélenchon a déjà été candidat donc s’il n’arrive pas à avoir ses 500 signatures, il faut peut-être qu’il s’interroge sur pourquoi il en a perdu autant », réplique-t-elle. Pour autant, la sénatrice estime que des modifications des règles doivent être apportées notamment sur l’anonymat des parrainages, mais pas à trois mois du scrutin.
Pour mémoire, en février 2021, le groupe socialiste du Sénat, par la voix du sénateur Éric Kerrouche, avait défendu un amendement pour réformer le système des parrainages. Et ce à l’occasion de l’examen d’un projet de loi organique sur l’élection présidentielle. La proposition ? Réduire les parrainages d’élus à 250, et introduire des signatures de citoyens, 150 000.
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Pour illustrer « la rupture » promise lors de son entrée en fonction, Sébastien Lecornu a indiqué vouloir supprimer les derniers avantages « à vie » qui sont encore accordés aux anciens membres du gouvernement. Un amendement en ce sens avait été adopté en janvier dernier lors de l’examen du budget 2025. Il allait plus loin et visait aussi les avantages des anciens présidents de la République. François Bayrou n’y était pas favorable et la mesure n’avait pas survécu à la navette parlementaire.
Après avoir reçu les différents partis politiques du socle commun la semaine dernière, Sébastien Lecornu s’est entretenu ce lundi avec Sophie Binet. La secrétaire générale de la CGT lui a présenté ses exigences.
Sébastien Lecornu a annoncé sa volonté de mettre un terme aux derniers privilèges accordés à vie aux anciens Premiers ministres, dans le cadre d’un effort global de réduction de la dépense publique. Une mesure qui concernerait actuellement 17 anciens locataires de Matignon, alors que ces avantages restent relativement limités.