Le ministre de la Santé, Olivier Véran était auditionné au Sénat dans le cadre du projet de loi « vigilance sanitaire ». Les élus de la commission des lois et des affaires sociales ont souhaité savoir si une dose de rappel du vaccin contre le covid-19 allait bientôt être nécessaire pour valider le passe sanitaire. Une question à laquelle le ministre n’a pas la réponse, pour le moment.
Passe sanitaire : Olivier Véran prudent sur l’obligation d’une troisième dose de vaccin
Le ministre de la Santé, Olivier Véran était auditionné au Sénat dans le cadre du projet de loi « vigilance sanitaire ». Les élus de la commission des lois et des affaires sociales ont souhaité savoir si une dose de rappel du vaccin contre le covid-19 allait bientôt être nécessaire pour valider le passe sanitaire. Une question à laquelle le ministre n’a pas la réponse, pour le moment.
« Nous avons la maîtrise de l’épidémie grâce aux outils dont nous disposons. Et ces outils-là, nous en aurons besoin dans les mois à venir et pas dans les semaines à venir […] Mettons la politique de côté et les élections de côté, est-ce qu’il y a une chance que la situation soit différente dans 3 mois ? La réponse est non ».
A 48 heures de l’examen en séance publique du projet de loi « vigilance sanitaire », le ministre de la Santé a tenté de convaincre les sénateurs de la nécessité de la mesure phare du texte : la prolongation du passe sanitaire jusqu’au 31 juillet 2022. Adoptée de justesse par les députés, cette mesure va être retoquée par les sénateurs en commission des lois. Elle propose de limiter au 28 février 2022, et non plus au 31 juillet, le régime de sortie de l’état d’urgence sanitaire, qui autorise du même coup le gouvernement à avoir recours au passe pour restreindre l’accès à certains lieux.
Mais pour Olivier Véran, ce calendrier ne se justifie pas. « Nous n’avons pas suffisamment de recul à ce stade pour pouvoir nous priver d’un outil qui est fonctionnel et qui est très bien accepté par les gens […] Ce qui ne veut pas dire que nous allons le maintenir dans la durée. Ce n’est pas l’outil avec lequel nous allons vivre pendant des années […] Quand nous aurons la certitude que le niveau de vaccination ne le rend pas nécessaire, nous le supprimerons. Et lorsque la circulation virale sera suffisamment atténuée pour que nous n’ayons plus besoin de contrôler, qui est vacciné et qui ne l’est pas, nous le supprimerons », a-t-il rassuré après une question du sénateur centriste, Loïc Hervé, fervent opposant au passe sanitaire.
Traitement anticovid : 50 000 doses de vaccins commandées
Car si actuellement le virus circule à hauteur de 5 000 cas par jour, c’est selon le ministre grâce à la vaccination et au passe sanitaire, « c’est ceinture et bretelle ». Olivier Véran a d’ailleurs indiqué qu’en sus du vaccin, un traitement anticovid, le molnupiravir, serait bientôt disponible sur le territoire français. « Une molécule antivirale qui a montré que lorsqu’elle était prise de façon précoce chez des gens symptomatiques sur 7 jours en comprimés, elle pouvait réduire de 50 % les risques de formes graves […] 50 000 doses de ce médicament vont être livrées à la France dès les derniers jours de novembre et les premiers jours de décembre », a-t-il expliqué.
« Deux tiers des soignants » reviennent au travail après s’être fait vacciner
En ce qui concerne le taux de vaccination, Olivier Véran a estimé que 92 % de la population Française était vaccinable. « Il nous reste 2 millions de Français qui attendent et qui ne sont pas opposés à l’idée de se faire vacciner. Ces 2 millions de personnes là, nous allons les chercher partout […] Nous sommes à plus de 51 millions de primo-vaccinés ».
11 jours après la fin de la gratuité totale des tests, Bernard Jomier, sénateur PS, président d’une mission d’information sur les mesures de confinement, a souhaité savoir quels en sont les effets sur la vaccination. « Ce qu’on voit, c’est que la fin de la gratuité totale des tests, c’est accompagné d’un petit rebond de la primo-vaccination. On est remonté de 40 000 à 50 000 primo-vaccinations par jour. Ça compte. Ça fait 1 million de Français par moi ». De même, Olivier Véran s’est félicité de voir « deux tiers des soignants », suspendus à la rentrée, revenir au travail après s’être fait vacciner.
« Comptez-vous dans les mois à venir adapter le schéma de vaccination obligatoire et rendre nécessaire la troisième dose ? » Cette question posée par la sénatrice LR, Pascal Gruny, a mis le ministre en difficulté. « Ça fait l’objet de réflexions et d’une saisine et aux autorités sanitaires compétentes, le comité de stratégie vaccinale, la Haute autorité de santé et le Conseil scientifique. Est-ce qu’il y a lieu ou non, pour conserver le bénéfice de son passe, d’une troisième dose, lorsqu’on est particulièrement fragile ? Je n’ai pas la réponse mais j’ai posé la question ».
Une réponse loin d’être suffisante pour la sénatrice PS, Marie-Pierre de la Gontrie. « Est-ce que j’ai bien entendu qu’en fait, vous n’en saviez rien ? A l’heure où nous parlons, vous ne savez pas dire si le passe sanitaire restera valide ? »
Un commentaire qui a quelque peu agacé le ministre. « Je me suis arrêté trois fois car vous parliez à votre voisin », lui a-t-il répondu. « Nous ne sommes pas à l’école, donc je fais ce que je veux quand vous parlez, par ailleurs j’ai le droit de vous poser des questions sur vos imprécisions », lui a-t-elle rétorqué.
Sur le fond, le ministre a concédé que « cette question était particulièrement sensible. S’il y avait une orientation des autorités (sanitaires), pour que nous intégrions cette troisième dose, alors ça poserait des questions assez techniques. Quand, je dis ça, ça ne veut pas dire qu’on ne peut pas le faire ».
Sont actuellement concernés par la troisième dose : les plus de 65 ans, les personnes présentant des comorbidités, les personnes sévèrement immunodéprimées, ceux ayant reçu le vaccin Janssen.
« Si nous restons dans une situation avec un variant comme celui-ci et son niveau de contagiosité, est-ce qu’il faut procéder à des rappels de vaccination ? chez qui ? Et tous les combien ? Si les données nous montrent que l’immunité s’affaiblit chez les gens plus jeunes alors on sera amené à faire un rappel. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas », a-t-il souligné.
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