Passe sanitaire : « On est dans l’accoutumance au contrôle social » pour Loïc Hervé

Passe sanitaire : « On est dans l’accoutumance au contrôle social » pour Loïc Hervé

Invité de Parlement Hebdo, le sénateur centriste Loïc Hervé, s’est montré fermement opposé à la prolongation du passe sanitaire qu’il estime être une atteinte disproportionnée aux libertés publiques. Et ce, malgré les aménagements votés hier par le Sénat.
Louis Mollier-Sabet

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Jeudi soir, le Sénat a largement remanié la prolongation du passe sanitaire prévue par le gouvernement. Mais ça n’a pas suffi au sénateur centriste Loïc Hervé, qui a tout de même voté contre la version du Sénat, trouvant par exemple la territorialisation envisagée par la majorité sénatoriale – à laquelle il appartient – « beaucoup trop complexe » : « C’est une question de principe mais aussi une question de clarté. Construire un système de pourcentage de vaccinés est beaucoup trop complexe, c’est une question de lisibilité. Le droit, pour être compris, doit être intelligible. »

>> Lire notre résumé : Passe sanitaire : Qu’a voté le Sénat ?

Malgré les aménagements du Sénat, Loïc Hervé maintient sa position de principe contre le passe sanitaire : « Plusieurs centaines de millions de fois par jour, le passe sanitaire est contrôlé en France. C’est un vrai problème de proportionnalité. » Pourtant le passe sanitaire semble maintenant accepté par une majorité de Français. « C’est justement ce contre quoi je me bats, on est dans l’accoutumance au contrôle social. On s’habitue à justifier de choses dont on n’a pas à justifier dans une vie normale. »

Je me bats pour que l’on vive sans, pour que l’on recouvre nos libertés au plus vite. » Pour le sénateur centriste de Haute-Savoie, la France devrait prendre modèle sur l’Espagne, un pays latin qui a bien mieux réussi sa campagne de vaccination : « En Espagne, ils ont plus de vaccinés et pas de passe sanitaire, qui est interdit constitutionnellement. » Au fond, c’est une question de philosophie politique : « Je suis un libéral, je crois à la liberté individuelle et à son corollaire de responsabilité, pas à la coercition par la puissance publique. »

Loïc Hervé s’inquiète plus généralement des inflexions constitutionnelles récentes et des régimes d’état d’urgence qui se succèdent depuis maintenant 6 ans : « Depuis le Bataclan, on lève tous les jalons, un à un, les garanties des libertés individuelles essentielles. Le passe sanitaire est une nouvelle liberté à écouter la rhétorique gouvernementale. La logorrhée gouvernementale qui consiste à faire passer des vessies pour des lanternes est insupportable. » D’après le sénateur centriste, le rapport entre « la gestion de crise et les libertés publiques » a souvent été « déséquilibré en faveur d’une gestion sécuritaire de la crise sanitaire. »

 

>> Pour en savoir plus sur l’examen du passe sanitaire jeudi au Sénat, voir nos articles :

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