Philippe Dallier : « Il faudra une commission d’enquête »
Sénateur LR, Philippe Dallier est vice-président du Sénat. Membre de la commission des finances, il porte un regard sévère sur les mesures annoncées par le gouvernement pour soutenir l’économie. Entretien.

Philippe Dallier : « Il faudra une commission d’enquête »

Sénateur LR, Philippe Dallier est vice-président du Sénat. Membre de la commission des finances, il porte un regard sévère sur les mesures annoncées par le gouvernement pour soutenir l’économie. Entretien.
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Par Flora Souvage

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Comment assurez-vous vos missions de sénateur tout en respectant le confinement ?

A titre personnel, j’ai limité au maximum mes déplacements, même si je suis allé au Sénat pour l’examen du projet de loi d’urgence sanitaire. A l’échelle locale dans mon département, nous essayons d’assurer le suivi des services publics, notamment vers les plus démunis. Nous avons mis en place le dispositif du plan canicule afin de répertorier les personnes âgées qui ont besoin d’aide. On essaie de les joindre par téléphone pour déterminer leurs besoins. Sur le terrain, j’essaie d’apporter des réponses aux élus et aux habitants de Seine-Saint-Denis. Les premiers jours, la population a eu des difficultés à respecter les consignes, des personnes ont été mises en garde à vue, depuis les choses ont l’air d’être rentrées dans l’ordre.


Le gouvernement a promis 45 milliards d’euros d’aides aux entreprises, dans le cadre du projet de loi de finances rectificative, ces mesures sont-elles suffisantes à vos yeux ?

Je ne peux pas imaginer qu’on laisse des fleurons de l’industrie française comme Air France faire faillite, mais je suis très inquiet pour les TPE. On nous dit qu’il y aura un autre projet de loi de finances rectificative avant l’été, mais quand ? On ne pourra pas attendre longtemps. Les commerces ont encaissé la crise des gilets jaunes, beaucoup sont à court de trésorerie, ça pourrait être le coup de grâce pour certaines petites entreprises. Et repousser les dégrèvements de charges sociales ne suffira pas. Quand on pense qu’on va donner 1500 euros pour compenser les pertes du mois de mars pour les entreprises qui ont perdu 70% de leur chiffre d’affaires, il va falloir faire plus. Par ailleurs, le gouvernement encourage les chefs d’entreprise à verser des primes à leurs salariés dans les secteurs essentiels à l’économie pour les inciter à venir travailler, mais encore faut-il qu’ils en aient les moyens. Beaucoup de TPE vont aller au tapis.
 

Quel regard portez-vous sur la gestion de la crise par l’exécutif ?

Avec ce projet de loi de finance rectificative le gouvernement gère l’urgence. Mais il va falloir tirer les leçons de cette crise. Le sentiment que j’ai c’est qu’on court après l’évènement. Il faudra remettre à plat un certain nombre de choses, car on voit bien que l’on n’était pas préparé à cette crise de grande ampleur. Comment relocaliser ce qui est utile à la nation par exemple ? Après la crise, les déficits vont s’accroître c’est inévitable. Quant aux prévisions de croissance du gouvernement qui table sur -3,9% du PIB contre -2,2% initialement prévu, je pense qu’elles ne sont pas assez pessimistes. Sans compter l’éventuel impact sur les taux d’intérêt qui n’a pas été pris en compte. Il faudra une commission d’enquête pour tenter de savoir si on a réagi à temps face à l’épidémie, et pour comprendre comment les décisions ont été prises.

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