Pouvoir d’achat : Bruno Le Maire s’oppose à nouveau à une taxe sur les superprofits

Pouvoir d’achat : Bruno Le Maire s’oppose à nouveau à une taxe sur les superprofits

Lors de la discussion générale du projet de loi sur le « paquet pouvoir d’achat » au Sénat, Bruno Le Maire s’est à nouveau opposé à la taxation des superprofits. Le ministre de l’Economie « préfère faire plaisir à nos compatriotes en obtenant des remises qui vont directement dans leurs poches plutôt que dans la poche du trésor public. »
Louis Mollier-Sabet

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Alors qu’au Sénat, l’idée d’une taxe sur les superprofits des grandes entreprises fait son chemin, et que le groupe centriste, membre de la majorité sénatoriale, a annoncé qu’il déposerait des amendements en ce sens, le gouvernement campe sur ses positions. « Je sais que certains groupes au Sénat estiment que ce n’est pas suffisant et qu’il faudrait rajouter à ces mesures une taxation sur les superprofits. Je veux redire mon opposition à toute nouvelle taxe dans notre pays, pour des raisons très profondes », a ainsi répondu Bruno Le Maire par anticipation, en ouverture de la discussion générale du texte au Sénat. La mesure ne sera pourtant pas discutée dans le projet de loi pouvoir d’achat, mais dans le projet de loi de finances rectificative, qui est examiné en commission des Finances ce jeudi après-midi. Sylvie Vermeillet a déposé, au nom du groupe centriste, un amendement visant « à instituer une 'contribution exceptionnelle de solidarité sur les superprofits' », calculée sur l’écart entre le bénéfice net « normal » des années 2017, 2018 et 2019 et celui de 2021, en taxant la différence à hauteur de 20 % si elle est trop importante.

« Vous pouvez vous faire plaisir en réclamant des taxes, moi je préfère faire plaisir à nos compatriotes »

« Et pour des raisons très profondes », a-t-il précisé, avant de développer la « philosophie » qui présidait à cette opposition : « Je sais bien que dans notre pays, dès qu’une entreprise réussit, le réflexe pavlovien est de dire qu’il faut immédiatement la taxer. Je considère que dans un pays comme la France où le niveau de prélèvements obligatoires est le plus élevé de tous les pays développés, la bonne voie à suivre n’est pas celle de l’augmentation des impôts, des taxes et des prélèvements obligatoires mais leur baisse. »

Le ministre de l’Economie entend ainsi défendre les remises à la pompe et pour le transport maritime de marchandises obtenues par le gouvernement auprès des grandes entreprises comme Total Energies – qui a vu son bénéfice net passer à 5,7 milliards de dollars au deuxième trimestre 2022, contre 2,2 milliards au même trimestre en 2022 – ou la CMA CGM : « Vous pouvez vous faire plaisir en réclamant des taxes mesdames et messieurs les sénateurs, moi je préfère faire plaisir à nos compatriotes en obtenant des remises qui vont directement dans leurs poches plutôt que dans la poche du trésor public. »

C’était déjà l’argumentaire déployé par Élisabeth Borne lors de la séance de questions d’actualité au gouvernement de ce mercredi, où elle avait répondu à la présidente du groupe communiste Éliane Assassi qu’elle préférait « mettre les entreprises devant leurs responsabilités », que de les taxer. L’examen du texte en séance permettra de savoir si, dans la nouvelle configuration politique parlementaire, le Sénat arrive à faire bouger le gouvernement sur ce sujet. Ce sera a priori sans la présence de Bruno Le Maire, qui s’est éclipsé immédiatement après ses 15 minutes de temps de parole à la tribune.

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