Procès Benalla : il y a trois ans, sa première audition devant la commission d’enquête du Sénat

Procès Benalla : il y a trois ans, sa première audition devant la commission d’enquête du Sénat

L’ancien chargé de mission de l’Elysée comparait à partir de ce lundi devant le tribunal correctionnel de Paris. Il y a trois ans presque jour pour jour, Alexandre Benalla répondait pour la première fois aux questions des membres de la commission d’enquête du Sénat. Port d’arme, missions, avantages, passeports diplomatiques… revoir les enjeux de cette audition.
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Séparation des pouvoirs oblige. La première audition d’Alexandre Benalla le 19 septembre 2018 ne portait pas sur le volet judiciaire de l’affaire des violences de la place de la Contrescarpe. Le champ d’investigation des élus recoupe néanmoins celui des enquêteurs. Alexandre Benalla comparait ce lundi notamment pour « violences volontaires en réunion » et « immixtion sans titre dans l’exercice d’une fonction publique ». Deux incriminations qui portent sur les faits survenus le 1er mai 2018, place de la Contrescarpe à Paris.

La commission d’enquête cherchait, quant à elle, à savoir comment un chargé de mission « qui ne s’occupait pas de mission de sécurité » disposait d’un permis de port d’arme et était présent parmi les forces de l’ordre, le 1er mai.

« Je voulais vous présenter mes excuses pour les propos que j’ai pu avoir »

Et son audition commence plutôt mal. Quelques jours plus tôt, Alexandre Benalla se répand dans la presse et qualifie les sénateurs de la commission de « petites personnes qui n’ont aucun droit, et aucun respect pour la République française et la démocratie ». Le rapporteur LR de la commission, Philippe Bas, est lui, comparé à un « petit marquis ». « Je voulais vous présenter mes excuses, M. le président Bas, pour les propos que j’ai pu avoir, car on n’attaque pas les hommes », s’excuse-t-il dès les premières minutes.

Les excuses de Benalla à Philippe Bas
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« Je n’ai jamais été le garde du corps d’Emmanuel Macron »

Alexandre Benalla: "Je n'étais pas le garde du corps d'Emmanuel Macron"
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Puis, Alexandre Benalla précise ses fonctions lors de la campagne présidentielle. « Je n’ai jamais été le garde du corps d’Emmanuel Macron. À partir du moment où vous faites l’interface avec un certain nombre de personnes. Que vous êtes un facilitateur. Vous avez une proximité physique avec la personne […] Je n’étais pas le garde du corps d’Emmanuel Macron […] Vous aviez deux personnes qui étaient en charge de la protection qui étaient avec Emmanuel Macron dans la voiture qui l’accompagnaient partout même là, où je n’allais pas ».

Des propos qui, plusieurs jours plus tard, vont se retourner contre lui, lorsque Mediapart exhume un cliché où l’on voit le directeur de la sûreté et de la sécurité » d’En Marche, poser arme à la main, aux côtés d’une serveuse du restaurant et de deux autres membres du service d’ordre du parti. Devant le Sénat, il explique avoir essuyé deux refus d’autorisation de port d’arme durant cette période de la part du ministère de l’Intérieur en raison de « motifs administratifs » […] Frédéric Aureal, chef du SDLP (Service de la protection NDLR) n’a pas souhaité que je puisse porter une arme durant cette campagne présidentielle », avait-il précisé. C’est un point sur lequel devra s’expliquer Alexandre Benalla devant le tribunal où il comparait aussi pour « port d’arme » non autorisé, lors de la campagne présidentielle.

Photo Mediapart: quand Benalla expliquait ne pas avoir l’autorisation de port d’arme durant la campagne
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Contrescarpe : « L’observateur » Benalla

Sur les évènements de la Contrescarpe, les sénateurs veulent savoir si Alexandre Benalla bénéficiait de l’autorisation de la préfecture de police pour être présent aux côtés des forces de l’ordre le 1er mai ? C’est ce que semble indiquer Alexandre Benalla devant les sénateurs affirmant avoir été présent cinq fois à la préfecture de police. La dernière fois « dans les faits dont on ne peut pas parler aujourd’hui ». Une référence à la séparation des pouvoirs.

Le 1er mai 2018, le chargé de mission de l’Elysée ne devait ce jour-là n’avoir qu’un rôle d’observateur. Il dispose pourtant d’un casque, d’un brassard et d’une radio des forces de l’ordre. Maxence Creusat, à l’époque, commissaire de police à la direction de l’ordre public et de la circulation de la préfecture de police de Paris expliquera ce point aux sénateurs. « A partir du moment où l’observateur sera tout le temps avec moi. Si je suis amené à passer des barrages, il ne faut pas que l’observateur soit bloqué, il faut qu’il puisse être identifié comme appartenant aux professionnels de l’ordre public. Il n’est pas choquant que ce brassard soit prêté ». Il indiquera aussi qu’il « est courant, voire même permanent » de fournir un casque de maintien de l’ordre à un observateur « pour que ce dernier puisse se protéger ». Mais Alexandre Benalla outrepasse le rôle d’un simple observateur et interpelle violemment des manifestants. Y a-t-il eu des précédents ? s’interrogent les sénateurs, en référence à des témoignages de journalistes attestant qu’Alexandre Benalla avait déjà procédé à des fouilles et des contrôles d’identité. « Je n’ai jamais fouillé, ni procédé ou contrôlé l’identité de journalistes », affirme-t-il.

Maxence Creusat justifie le port d’un brassard de police par un observateur
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Les passeports « restés dans le bureau »

Alexandre Benalla devra également s’expliquer devant le tribunal sur l’utilisation de deux passeports diplomatiques après son licenciement de l’Elysée et au moment ou il entamait une reconversion professionnelle dans la sécurité privée. Cette information est révélée par Mediapart à la fin de l’année 2018. Problème lors de cette première audition sous serment au Sénat, Alexandre Benalla affirme que ses passeports étaient restés dans le bureau qu’il occupait à l’Elysée, au moment de son départ. Les sénateurs voudront donc l’entendre une nouvelle fois sur ce point au début de l’année 2019. « Ces passeports m’ont été remis à nouveau, alors que j’avais été contacté par un salarié de l’Élysée, début octobre 2018 […] On m’a fait savoir que ces passeports n’étaient pas désactivés. Sinon, je n’aurais pas voyagé avec ces passeports », assure-t-il en contradiction totale avec les explications de Patrick Strzoda, directeur de cabinet du président de la République (voir la vidéo ci-dessous). Cette explication tiendra-t-elle devant le tribunal ? Réponse le 1er octobre, date de la fin du procès.

Affaire Benalla: pourquoi parle-t-on de parjures en ce qui concerne les passeports dipolomatique
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