Projet de loi immigration : « C’est une ouverture des vannes », fustige Bruno Retailleau
Le président du groupe Les Républicains au Sénat s’est montré sévère envers le projet de loi immigration du gouvernement, estimant que les dispositions envisagées conduiraient à une augmentation de l’immigration dans le pays. 

Projet de loi immigration : « C’est une ouverture des vannes », fustige Bruno Retailleau

Le président du groupe Les Républicains au Sénat s’est montré sévère envers le projet de loi immigration du gouvernement, estimant que les dispositions envisagées conduiraient à une augmentation de l’immigration dans le pays. 
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Par Sandrine Tran

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C’est le sujet d’actualité de ce mercredi 2 novembre : le projet de loi immigration de Gérald Darmanin. Ce matin, les grandes lignes en ont été présentées dans le journal Le Monde, dans une interview commune avec le ministre du travail, Olivier Dussopt. Ce projet de loi, qui se veut être « le plus ferme sur l’immigration présenté par un gouvernement », selon le ministre de l’Intérieur, ne semble pour autant pas satisfaire Bruno Retailleau, le président du groupe Les Républicains du Sénat.

Il a en effet estimé que les mesures présentées auront comme conséquence d’augmenter l’immigration en voulant mieux la réguler : « Ce n’est pas en inscrivant sur un fichier les personnes recherchées qu’on aura demain des résultats… En revanche, le projet tel qu’il se dessine conduira à encore plus d’immigration. On se propose de régulariser avec des titres de séjour sur des métiers en tension, mais toute la France est une zone géographique concernée par des métiers en tension. C’est une ouverture des vannes. »

Un gouvernement « lâche »

Dans un communiqué de presse publié en fin d’après-midi, le sénateur s’est montré encore plus virulent : « J’accuse le gouvernement de lâcheté. Le courage serait de s’attaquer aux causes, au fait qu’en France, les salaires sont trop faibles et que l’assistanat est trop fort. Au lieu de faire les grandes réformes qui permettraient d’augmenter les salaires et de mettre fin à l’assistanat par une allocation sociale unique à 75 % du Smic, le gouvernement va au contraire faire pression à la baisse des salaires, en faisant venir une main-d’œuvre étrangère bon marché et leurs familles, que nous n’avons pas les moyens de loger et d’assimiler ». Et le sénateur de tracer les pistes qu’il privilégierait : la fin des 35 heures et la baisse des charges patronales.

Pour autant, ce projet ne pourrait-il pas contribuer à réduire les tensions sur les métiers du bâtiment, de la restauration ou encore les aides à domicile ? « Rien du tout, répond Bruno Retailleau. Le chômage touche deux fois plus les personnes immigrées que les Français. Il y a des millions de nationaux qui sont au chômage, cela veut dire qu’on se résigne à ne pas les former, à ne pas leur donner des compétences professionnelles qui leur permettraient de s’insérer économiquement. »

Candidature à la tête du parti

Alors, le gouvernement devra-t-il se priver du vote des Républicains en janvier ? Bruno Retailleau attend de voir le texte mais fustige des « signaux trop faibles » pour l’instant. Son projet est plutôt d’adresser un signal de fermeté et d’inscrire dans la loi « que tout étranger venu illégalement en France ne sera jamais régularisé ». C’est ce qu’il proposera lors de l’examen du projet.

Le président LR s’est également exprimé sur deux thématiques d’actualité. Les bassines de retenues d’eau. Selon lui, le gouvernement a fait « une faute originelle en donnant raison aux zadistes de Notre-Dame-des-Landes », leur donnant ainsi « un permis de casser ».

Autre sujet plus personnel : sa candidature à la présidence de son parti. Après avoir qualifié il y a quelques semaines « la marque LR » de « morte », il tenait à souligner vouloir « redonner le parti aux militants » : « Il faut leur donner un bulletin de vote pour qu’ils tranchent. Si on reparle aux militants, le courage sera au rendez-vous, car un militant, ça met toujours ses convictions au-dessus des petits calculs politiciens."

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