Le Sénat a adopté sans modification la proposition de loi visant à définir et protéger le patrimoine sensoriel des territoires ruraux. Le Parlement a donc définitivement adopté ce texte originaire de l’Assemblée nationale, dont le but est de dissuader certaines actions en justice abusives.
Protection des odeurs et sons ruraux : le Sénat adopte le texte « sans se boucher le nez »
Le Sénat a adopté sans modification la proposition de loi visant à définir et protéger le patrimoine sensoriel des territoires ruraux. Le Parlement a donc définitivement adopté ce texte originaire de l’Assemblée nationale, dont le but est de dissuader certaines actions en justice abusives.
Rares sont les séances au Sénat où sont évoquées des « grenouilles indisciplinées », des « coqs ténors » ou encore des « cloches trop matinales », selon les mots du sénateur LR Olivier Paccaud. « Pour Maurice et Marcel, les coqs, pour Victoire et Pétunia, vaches alpines porteuses de clarines trop bruyantes, mais surtout pour l’ensemble des élus des territoires ruraux, qui s’investissent chaque jour pour faire vivre et défendre la ruralité. » Voici à qui a dédicacé la proposition de loi pour la protection des sons et odeurs du monde rural son rapporteur, Pierre-Antoine Levi, sénateur centriste du Tarn-et-Garonne. Ce texte, adopté il y a un an à l’Assemblée nationale, à l’initiative du député UDI de Lozère Pierre Morel-À-L’Huissier, a pour objectif de réduire les contentieux de voisinage, et surtout les actions en justice, portant sur le chant des cigales ou des gallinacées, le tintement des cloches, ou encore l’odeur du fumier. Il prévoit de consacrer dans le Code de l’environnement l’existence d’un patrimoine sonore et olfactif du monde rural, en recensant la carte d’identité sensorielle de chaque territoire, grâce aux services régionaux (relire notre article).
Ce 21 janvier 2021, dans le cadre de la journée réservée au groupe Union centriste, l’hémicycle a adopté unanimement et sans modification le texte, rendant son adoption définitive. Le gouvernement a apporté son soutien à l’initiative. Joël Giraud, secrétaire d’État chargé de la Ruralité, a estimé qu’il s’agissait d’un « signal important » envoyé aux territoires ruraux. « La vie à la campagne suppose d’accepter quelques nuisances. Rien ne serait plus illusoire que de céder à une vision bucolique, fantasmée d’une ruralité paisible, atone et inodore », a argumenté l’ancien rapporteur général du budget de l’Assemblée nationale, estimant que le texte était équilibré. « Il n’y a pas d’un côté les procéduriers insensibles au charme de la campagne, et de l’autre, les victimes de recours abusifs et intempestifs. »
« Quelques effluves peu raffinés qui viennent parfois perturber les odorats délicats »
Tour à tour, les orateurs se sont fait le chantre des sonorités des espaces ruraux. Marie-Pierre Monier, sénatrice socialiste de la Drôme, a défendu les cigales, « parties intégrantes de l’essence du Sud », tout en formant le vœu qu’une meilleure pédagogie puisse « déconstruire les idées reçues ». Il y a deux ans, des estivants s’étaient plaints auprès d’un maire du chant provençal emblématique. « Ce texte doit servir de base à un dialogue constructif entre élus locaux et leurs administrés, qu’ils soient habitants de longue date, nouveaux arrivants, ainsi qu’avec les personnes de passage », a expliqué Pierre-Antoine Levi. Face à l’exode urbain, Claude Malhuret, président du groupe Les Indépendants – République et territoires, a souligné à son tour que ce texte n’avait pas pour objet d’ « opposer agriculteurs, néoruraux, touristes mais de concilier l’ensemble des acteurs afin de favoriser le vivre-ensemble. »
Le sujet prête à sourire, et le sénateur de l’Oise Olivier Paccaud (rattaché au groupe LR) en est venu à se demander s’il n’était pas « regrettable » d’en arriver par la loi pour protéger ce patrimoine sensoriel. Et pour éviter de reléguer au rang de « musée » des campagnes « où résonnent des bruits immémoriaux, souvent animaux, mais aussi quelques effluves peu raffinés qui viennent parfois perturber les odorats délicats ». Cette proposition de loi constituera, selon lui, un « bouclier de sagesse et de tranquillité », face aux démarches de certains « touristes mal embouchés » ou de « grincheux », trop prompts à saisir les tribunaux. Son groupe a décidé de soutenir le texte « sans se boucher le nez, ni les oreilles. »
Les conclusions de la commission mixte paritaire sur la proposition de loi du Sénat visant à lutter contre l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur ont été adoptées, à l’unanimité, ce jeudi au Sénat. Le texte prévoit notamment l’obligation de formation des étudiants à la lutte contre l’antisémitisme et le racisme tout au long de leur parcours d’enseignement.
Alors que le conclave sur les retraites s’achèvera le 23 juin, l’issue des négociations reste incertaine. Patrick Kanner (PS) demande au gouvernement de saisir le Parlement, même sans accord entre les partenaires sociaux. Si le Parlement n’était pas saisi, le PS pourrait censurer le gouvernement.
Après avoir reçu le collectif de victimes de l’ancien chirurgien, Joel Le Scouarnec, accusé de 300 viols et agressions sexuelles sur des patients, le ministre de la Santé, Yannick Neuder annonce un texte pour permettre aux établissements de santé d’avoir accès aux casiers judiciaires des soignants qu’ils veulent recruter.
Aux questions d’actualité au gouvernement du Sénat, la ministre du travail, de la santé, des solidarités, Catherine Vautrin a été interpellé sur l’échec, à ce stade, des partenaires sociaux à trouver un accord sur les retraites. Dans cette hypothèse, le Premier ministre s’était engagé à présenter un projet de loi. Les sénateurs de gauche en veulent la confirmation.