Radicalisation : une dizaine de personnels de l’Éducation concernés l’année dernière, indique Blanquer

Radicalisation : une dizaine de personnels de l’Éducation concernés l’année dernière, indique Blanquer

Contrôle des écoles privées hors contrats, radiation et non reconduction de contrat de personnels de l’Éducation nationale, et surtout enseigner « sans complexe » l’amour de la France aux élèves… Lors de son audition, Jean-Michel Blanquer a convaincu la commission d’enquête du Sénat sur la radicalisation islamiste.
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« Affirmer les valeurs de la République, c’est au cœur de la mission de l’école (…) Liberté, Égalité, Fraternité et laïcité doivent être la boussole de notre action ». Dès son propos introductif, le ministre a « rassuré » les sénateurs sur sa volonté de prendre le problème de la radicalisation à bras-le-corps. En comparaison, les propos de la ministre des Sports, Roxana Maracineanu, auditionnée la semaine dernière devant les sénateurs (voir notre article), « étaient moins clairs » selon Nathalie Delattre, la présidente RDSE de la commission d’enquête.

D’autant que le ministre a vanté « une approche offensive » de ce sujet, à savoir : « l’amour de la France » (…) « c’est quelque chose que nous devons aux enfants. Parce que ne pas faire aimer un pays à un enfant, c’est en quelque sorte le faire apatride, sur le plan mental, si ce n’est sur le plan juridique » (…) Très souvent, je vois une forme de complexe sur ce sujet-là qui n’a pas lieu d’être. « C’est pourquoi c’est si important de leur faire apprendre l’hymne national, les symboles nationaux (…) C’est quelque chose qu’on doit assumer sans polémique, en toute sérénité. Il n’a rien de plus normal, tous les pays du monde le font et le nôtre n’a aucune raison de ne pas le faire ».

Blanquer: "l'amour de la France nous le devons aux enfants"
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« Auparavant puisqu’il était pratiquement plus facile d’ouvrir un établissement privé hors contrat que d’ouvrir un restaurant »

« Tout le personnel de l’Éducation nationale est mobilisé pour prévenir, détecter et agir contre la radicalisation en étant conscient de l’ampleur du phénomène » a assuré le ministre. Pour ce faire, le ministère peut compter sur « un corpus législatif et réglementaire ». En premier lieu, la proposition de loi de la sénatrice centriste Françoise Gatel de 2018, visant à encadrer le régime d'ouverture et de contrôle des établissements privés hors contrat. « Je l’ai soutenue sans aucune réserve (…) Les établissements privés hors contrat étaient un peu un angle mort dans notre système auparavant puisqu’il était pratiquement plus facile d’ouvrir un établissement privé hors contrat que d’ouvrir un restaurant » a rappelé Jean-Michel Blanquer.

Blanquer:"27 oppositions d’ouverture d'écoles privée hors contrat" en 2019
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Sur la base de la loi Gatel, sur l’année scolaire 2019-2020, « 127 contrôles ont été réalisés (…) Ce qui signifie un taux de contrôle de 98% (…) J’ai fait, à la rentrée 2019, 27 oppositions d’ouverture sur 212 déclarations d’ouverture. Pour mémoire, en 2017, c’était 7 oppositions pour 185 déclarations d’ouverture » a détaillé le ministre.

Écoles privées hors contrat et l’instruction à domicile : « Les angles morts »

En complément de la loi Gatel, la loi pour une école de la confiance de juillet 2019 permet de renforcer les contrôles de la scolarité à domicile. Son article 10 interdit également le prosélytisme aux abords des établissements scolaires. Nathalie Delattre a mis en évidence que l’enseignement à domicile risquait de connaître une accélération après le confinement. « Vous allez avoir des enfants qui ne vont pas revenir à l’école, comment allez-vous pouvoir les détecter ? » a-t-elle demandé en rappelant, comme elle l’avait fait lors de l’examen du projet de loi pour une école de la confiance, sa volonté de voir tous les élèves posséder un numéro INE (Identifiant National Étudiant). « Il y a 26 millions d’identifiants élèves qui sont déjà générés (…) Mais, c’est vrai qu’il y a des angles morts encore. Il y a une toute petite minorité d’élèves qui n’ont pas d’INE. Ce sont les élèves du premier et du second degré hors contrat, et les élèves instruits à domicile » a-t-il reconnu invoquant des « sujets complexes sur le plan juridique, administratif et informatique ».

« Arriver à la radiation est un chemin que j’ai parfois eu à suivre personnellement pour qu’il aille jusqu’à son bout »

D’un point de vue opérationnel, Jean-Michel Blanquer a rappelé la procédure visant à faciliter les signalements de radicalisation. « Les signalements pour les faits de radicalisation les plus graves et les situations sensibles sont remontés tous les jours, sept jours sur sept, au secrétariat général du ministère via un numéro d'urgence, une boîte mail ainsi qu'une application utilisée par les chefs d'établissement » (…) Un formulaire en ligne pour les personnels de l’Éducation nationale permet de saisir les services académiques sans passer par la voie hiérarchique » a-t-il précisé. En ce qui concerne les risques de radicalisation chez les personnels de l’Éducation nationale, le ministre a indiqué « qu’une dizaine » de personnels avaient été radiés et ont vu leur contrat non reconduit pour ce motif. « On a des principes de l’État de droit que bien évidemment, on respecte. Arriver à la radiation est un chemin que j’ai parfois eu à suivre personnellement pour qu’il aille jusqu’à son bout » a-t-il expliqué.

« Les théories indigénistes » : « Aux antipodes des valeurs de la République »

Blanquer: "les théories indigénistes sapent nos valeurs républicaines"
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Jean-Michel Blanquer s’est, par ailleurs, éloigné du sujet de la radicalisation islamiste pour évoquer « la perméabilité du monde universitaire avec des théories qui sont aux antipodes des valeurs de la République et de la laïcité » citant « les théories indigénistes ». « C’est comme ça qu’on voit des jeunes qui se mobilisent de manière très légitime et très souhaitable contre le racisme et qui pourraient, si on n’y prend pas garde, être récupérés par des pensées racialistes ».

La rapporteure LR, de la commission d’enquête, Jacqueline Eustache-Brinio a porté, à l’automne dernier, une proposition de loin visant « assurer la neutralité religieuse des personnes concourant au service public de l’éducation ». À l’époque, Jean-Michel Blanquer avait estimé que le voile n’était « pas souhaitable dans notre société » tout en s’opposant au texte. Interrogé, une nouvelle fois sur cette proposition de loi par Jacqueline Eustache-Brinio, le ministre a botté en touche. « C’est un débat infini dont je ne considère pas d’ailleurs qu’il est le combat principal en matière de laïcité. J’ai peur que ce sujet récurrent finisse par nous distraire de sujets plus essentiels dans la vie scolaire » a-t-il balayé.

 

 

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