Recherche : le Sénat adopte un budget « très peu lisible »

Recherche : le Sénat adopte un budget « très peu lisible »

Le Sénat a adopté les crédits de la mission interministérielle Recherche et Enseignement du budget 2021. De tous bords, les sénateurs ont dénoncé le manque de lisibilité de crédits issus du plan de relance, de la loi de programmation de la recherche et du projet de loi de finances pour 2021.
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Avec 252 voix contre 92, le Sénat a adopté, ce lundi, les crédits de la mission interministérielle Recherche et Enseignement (MIRES) du budget 2021, non sans plusieurs réserves. Le monde de la recherche va pouvoir s’enquérir d’une hausse de 375 millions, soit 2,3 % contre 1,3 % l’année dernière. Des crédits qui ont vocation à financer des revalorisations indemnitaires ou encore la création de 385 emplois nouveaux (chercheurs, maitres de conférences).

Première année de mise en œuvre de la loi de programmation

Ce vote intervient une semaine après l’adoption définitive de la loi sur la programmation pour la recherche qui injecte 25 milliards, sur 10 ans, à un secteur en manque de moyens. Cette première année de mise en œuvre de la loi de programmation est conforme à la trajectoire votée avec « une hausse de 225 millions de crédits alloués au programme 172 (Recherches scientifiques et technologiques pluridisciplinaires) et de 41 millions d’euros dévolus à la recherche spatiale » Jean-François Rapin, le rapporteur spécial (LR) de la commission des finances. Des crédits qui sont selon lui, « très peu lisibles ». « Le budget de la recherche sera, cette année, complété de manière très substantielle par des abondements du plan de relance et du nouveau PIA4 (programme d’investissements d’avenir) » a-t-il déploré.

« Interrogations quant à la sincérité et la fiabilité de vos engagements sur la durée »

« Un budget de surprise qui laisse un goût d’incertitude » pour la sénatrice socialiste, Sylvie Robert dont le groupe à voter contre. Comme, Jean-François Rapin, elle relève que 20 % des crédits se situent en dehors du périmètre de la mission interministérielle Recherche et Enseignement (MIRES). « Ce qui soulève de multiples craintes et interrogations quant à la sincérité et la fiabilité de vos engagements sur la durée » a-t-elle regretté.

« Ce budget est un affront pour la recherche, un affront pour la représentation nationale »

Le sénateur communiste, Pierre Ouzoulias a lui aussi été sévère vis-à-vis du budget présenté. « Ouvrons les yeux chers collègues, la faim rode sur les campus, les universités sont exsangues et la situation économique des Crous est gravement compromise » a-t-il dénoncé en évoquant un budget qui ne donne pas aux établissements les ressources supplémentaires pour contre-peser la hausse de la démographie estudiantine » […] Ce budget est un affront pour la recherche, un affront pour la représentation nationale ».

« Au total, le budget du ministère s’élève à 23,9 milliards d’euros en crédits de paiement […] soit environ 10 % des dépenses de l’Etat (consacrés à l’enseignement supérieur et à la recherche) » a fait valoir la ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, Frédérique Vidal. La ministre a insisté sur la lutte contre la précarité étudiante qui s’est aggravée avec la crise sanitaire. 20 % des étudiants vivent en dessous du seuil de pauvreté.

20 000 emplois étudiants tuteurs en 2021

Parmi les mesures prise, elle cite, les gels des frais d’inscription, l’augmentation du montant des bourses, la mise en place du ticket-restaurant universitaire et une prime de 150 euros versée au mois de décembre aux étudiants boursiers. Frédérique Vidal a rappelé la mesure annoncée par le Premier ministre, la semaine dernière : « Les universités vont pouvoir recruter jusqu’à 20 000 emplois étudiants tuteurs pour accompagner 200 000 étudiants supplémentaires jusqu’au semestre prochain […] Un formidable levier pour favoriser la continuité pédagogique […] et une première expérience professionnelle enrichissante pour les tuteurs recrutés » a-t-elle vanté.

Parmi les apports du Sénat, un amendement du sénateur Jean-François Rapin visant à « redonner du souffle » aux opérateurs de recherche. En effet, la loi de programmation pour la recherche flèche l’essentiel des financements vers l’Agence nationale de la recherche (ANR), créée en 2005, dont les montants seront augmentés de 10 % dès 2021, et de 25 % à l’horizon 2023. L’amendement du rapporteur spécial redéploie 20 millions d’euros de crédits initialement affectés à l’ANR vers les organismes de recherche « avec la possibilité pour eux d’en faire ce qu’ils veulent, soit les mettre sur des opérations de recherche, soit les mettre sur du matériel ».

Un autre amendement du rapporteur spécial vise à « clarifier » le manque de visibilité d’un budget tiraillé entre le plan de relance et la loi de programmation que l’ensemble des sénateurs ont dénoncé. « Ce que je demande, c’est que chaque année, au mois de novembre, le gouvernement nous remette un rapport spécifique sur les crédits qui ont été utilisés […] afin d’aborder plus sereinement les lois de finances sur recherche pour les prochaines éditions » a expliqué Jean-François Rapin.

 

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