Référendum sur ADP : « Castaner a essayé le site et reconnaît qu’on peut en améliorer l’ergonomie »

Référendum sur ADP : « Castaner a essayé le site et reconnaît qu’on peut en améliorer l’ergonomie »

Le recueil des 4,7 millions de signatures en faveur d’un référendum sur la privatisation d’Aéroports de Paris est ouvert depuis jeudi. Les défenseurs du RIP ont obtenu du ministre de l’Intérieur « qu’il y ait un comité de suivi », raconte Patrick Kanner, patron des sénateurs socialistes. Le PS lance sa campagne de mobilisation lundi.
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C’est parti. Le processus de recueil des 4,7 millions de soutiens d’électeurs pour organiser un référendum d’initiative partagée sur la privatisation d’Aéroports de Paris est ouvert depuis jeudi minuit. La période de recueil dure 9 mois.

Site digne des plus beaux formulaires administratifs

Un lancement qui n’est pas sans quelques accrocs. Le site Internet spécial du ministère de l’Intérieur permettant de recueillir en ligne les signatures a connu des bugs. Son ergonomie est quant à elle digne d’un site du web de l’an 2000 avec une complication digne des plus beaux formulaires administratifs. Pas forcément très engageant.

Jeudi après-midi, une délégation d’une dizaine de parlementaires, représentants les 248 députés et sénateurs de gauche et de droite ayant lancé ce RIP, a été reçue par le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner. « Enfin », auraient-ils pu dire. Le locataire de la Place Beauvau a traîné des pieds avant d’accepter la rencontre.

« Ecoute réelle du ministre »

A la sortie, les élus étaient plutôt rassurés. « Il y a eu une écoute réelle du ministre et du secrétaire général du Conseil constitutionnel » salue le président du groupe PS du Sénat, Patrick Kanner, à l’initiative de ce RIP sur APD. Ils lui ont assuré qu’ils allaient répondre aux 21 questions posées dans un courrier adressé au ministre.

Sur les réseaux sociaux, beaucoup se sont étonnés de voir un site si peu pratique. « Quand on regarde tout ça, il y a l’impression, non pas d’une volonté d’empêcher que les choses se passent, mais d’une ergonomie qui doit être améliorée » souligne Patrick Kanner. Le ministre l’a constaté aussi. « Christophe Castaner a testé lui-même le site, sans aller jusqu’au bout, je tiens à vous rassurer (rire). Il a reconnu que le site était un peu austère. Il dit qu’on peut sûrement améliorer l’ergonomie du site » raconte le président du groupe PS du Sénat.

Au cours de cette réunion, les parlementaires à l’origine du RIP ont eu gain de cause sur quelques points : « On a obtenu le principe qu’il y ait un comité de suivi qui soit l’interface entre nous et le ministère et le Conseil constitutionnel. Nous avons aussi obtenu qu’il n’y ait pas que les 2000 communes les plus peuplés des cantons de France qui aient des bornes Internet, mais que toute commune volontaire supplémentaire puisse le faire ».

Points d’étape tous les mois ou toutes les semaines ?

Reste une question : la régularité des points d’étape. Le Conseil constitutionnel compte pour le moment donner le nombre de signatures tous les mois, avec un premier point début juillet. Pas assez pour Patrick Kanner : « On a demandé un point une fois par semaine. Le Conseil n’a pas dit non ». Chaque soutien est lui-même validé au bout de cinq jours. Et les noms sont publics.

Savoir où en sont les compteurs est aussi un enjeu pour la mobilisation. Le PS lance lundi à 11 heures sa campagne. « Avec une plateforme, qui permettra de se connecter automatiquement à la plateforme du ministère, des affiches et des flyers. On pourra prendre nos tablettes et faire du porte à porte et proposer de signer », détaille l’ancien ministre des Sports. Ou comment mêler militantisme à l’ancienne et moderne.

Chaque parti compte activer ses réseaux pour grappiller des signatures. Les sénateurs communistes sont actifs, tout comme le député LFI, François Ruffin. Patrick Kanner espère ainsi « un effet boule de neige » pour atteindre le graal des 4,7 millions. Au passage, la gauche, divisée, trouvera ici l’occasion de mener une action commune.

« Ça peut jouer sur les municipales »

La collecte se termine le 12 mars 2020. Une date qui tombera très bien pour les oppositions. Plus mal pour Emmanuel Macron. Car on sera alors dans la dernière ligne droite de la campagne des municipales de mars 2020. S’il s’agit d’élections locales, ça ne pourrait pas être totalement sans effet. « Ça peut jouer, surtout pour les maires qui se sont engagés dans la procédure » pense Patrick Kanner, « sachant que le Conseil constitutionnel a un mois pour valider l’ensemble des signatures. Mais comme on les valide et connaît les chiffres au fur et à mesure… »

Si les opposants à la privatisation d’ADP font le plein des signatures, le gouvernement pourra encore tenter de mettre un coup d’arrêt au référendum s’il inscrit le texte au Parlement pour que ce dernier l’examine. Il aura six mois pour tenter le coup. Mais Patrick Kanner ne voit « pas comment » Emmanuel Macron pourrait prendre le risque et la responsabilité de « s’y opposer, si 10% des électeurs soutiennent la démarche ».

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