La nouvelle réforme de l’assurance chômage que prépare le gouvernement passe mal chez les sénateurs. « On a dévoyé la gouvernance de l’assurance chômage », dénonce la sénatrice LR Frédérique Puissat, qui défend le rôle des syndicats et du patronat. « Attaché » aussi au paritarisme, le centriste Olivier Henno, « comprend » en revanche l’idée de réduire la durée des indemnisations. Quant à la socialiste Monique Lubin, elle se dit « atterrée » que le gouvernement relaye « cette espèce de légende selon laquelle les gens profiteraient du chômage ».
Réforme des retraites : « L’obstruction parlementaire, c’est le gouvernement qui la produit », dénonce Aurélie Trouvé (LFI)
Par Romain David
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Quelque 20 000 amendements ont été déposés sur le texte de la réforme des retraites, dont l’examen en séance publique à l’Assemblée nationale doit démarrer lundi. La grande majorité est issue des rangs de la Nupes : 13 000 amendements pour LFI, 2 300 issus des écologistes, 1 400 pour les socialistes et 1 160 signés des communistes. Une situation qui pousse le gouvernement et la majorité à accuser les oppositions de gauche d’obstruction parlementaire. « L’obstruction parlementaire, c’est le gouvernement qui la produit. Nous sommes sur un texte essentiel pour la vie des Français, et le gouvernement nous dit que ça doit tenir en quelques jours », a défendu vendredi la députée LFI Aurélie Trouvé au micro de « Bonjour chez vous », la matinale de Public Sénat
« On n’acceptera jamais ce blocage du débat parlementaire, ce n’est pas à nous de retirer nos amendements parce qu’on a un gouvernement qui utilise un 47-1, c’est à dire un 49-3 déguisé, et qui nous empêche d’avoir le temps nécessaire », explique l’élue. Elle s’en réfère à un dispositif constitutionnel qui permet à l’exécutif de limiter à cinquante jours maximum l’examen d’un texte. « Le gouvernement aurait pu choisir un débat parlementaire qui s’étale autant qu’il faut pour débattre correctement de ce texte. Le gouvernement a voulu court-circuiter les mobilisations avec un débat parlementaire qui soit le plus court possible », estime notre invitée.
« Nous voulons mettre à bas le cœur de la réforme »
« La plupart de ces amendements sont sur le fond du texte. Nous avons fait des propositions échelonnées pour pouvoir faire bouger ce texte », fait valoir Aurélie Trouvé. « Il nous fallait tous les amendements nécessaires pour rejeter ce qui est inacceptable et tous les amendements nécessaires pour dessiner un contre-projet. » Dans le viseur de la gauche : l’article 7 qui porte le décalage de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans. « Nous voulons mettre à bas le cœur de la réforme, c’est-à-dire ce report de 2 ans de l’âge légal de départ à la retraite. Ils pourront déguiser comme ils veulent le reste, c’est ça que nous voulons retirer ! », avertit l’élue de la Seine-Saint-Denis.
Une troisième motion référendaire contre la réforme
Par ailleurs, LFI conteste l’examen de la motion référendaire du Rassemblement national contre la réforme des retraites. Les communistes avaient déposé leur propre motion, soutenue par le reste de la Nupes. Mais après tirage au sort par la présidence de l’Assemblée nationale, c’est celle du RN qui a été sélectionnée pour être examinée. Or, la gauche estime que c’est sa motion, déposée en premier, qui aurait dû être retenue. « Je décrypte : la majorité s’est choisie sa propre opposition, c’est-à-dire une opposition de pacotille qui est celle du RN », tacle Aurélie Trouvé qui annonce le dépôt d’une nouvelle motion référendaire par LFI, afin d’obtenir un nouveau tirage au sort. « Nous allons déposer une nouvelle motion. Il est scandaleux que ce ne soit pas la nôtre qui ait été retenue, comme le veut l’usage parlementaire ».