Retraites : des sénateurs centristes s’opposent au recul de l’âge légal de départ à 64 ans

Retraites : des sénateurs centristes s’opposent au recul de l’âge légal de départ à 64 ans

Une dizaine de membres de l’Union centriste soutient un amendement pour supprimer l’article 7 du projet de réforme des retraites. L’appel ne devrait pas bouleverser le rapport de force sur l’article qui prévoit le recul de l’âge légal de départ. Il traduit cependant un malaise chez une fraction de la majorité sénatoriale.
Guillaume Jacquot

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Les discussions au Sénat sur l’article 7 de la réforme des retraites, là où est inscrit le recul de l’âge légal de départ à 64 ans, s’annoncent longues et passionnées. Ce sera une première au Parlement, puisque l’Assemblée nationale, qui s’est embourbée dans les premiers articles, n’a pas été en mesure d’atteindre cette partie de la réforme. Les sénateurs ne devraient pas entamer les premières interventions sur cet article clé avant le coup d’envoi des cortèges dans les rues de France, ce 7 mars.

Plus encore que sur les précédents articles, le nombre d’amendements à examiner est considérable : environ 1300, dont 77 rien que pour les amendements de suppression, débattus à l’issue d’une série nourrie d’interventions générales sur l’article. Tous sont portés par les sénateurs de gauche, à l’exception d’un seul.

Dès le 24 février, Jean-Michel Arnaud (Union centriste) a déposé un amendement pour supprimer l’article 7. Le sénateur des Hautes-Alpes refuse qu’un assuré soit empêché de prendre sa retraite après avoir cotisé pendant 172 trimestres, soit 43 années. Depuis, huit autres collègues de son groupe ont décidé de cosigner l’article, sur les 59 que compte le groupe. Une neuvième sénatrice s’est rétractée. Sollicité par Public Sénat, Jean-Michel Arnaud n’a pas souhaité s’exprimer et réserve sa prise de parole pour l’hémicycle.

Cet amendement a tous les attributs d’un coup de semonce dans une majorité sénatoriale de droite et du centre, qui défend pourtant depuis 2018 un recul de l’âge légal pour rééquilibrer les comptes du système des retraites. Derrière ce mouvement, c’est bien le sort des personnes qui ont commencé à travailler tôt qui inquiète ces sénateurs. Dans l’état actuel de la rédaction de l’article 7, le sénateur Pierre-Antoine Lévi (Union centriste) réserve par exemple son vote final. « J’attends de voir comment les discussions évoluent, de voir ce que nous arrivons à obtenir pour améliorer les carrières longues et la situation des femmes qui ont eu des enfants, qui sont les grandes perdantes de cette réforme », prévient le sénateur du Tarn-et-Garonne.

« Ma boussole, cest dessayer de voter le texte le plus équilibré possible », explique l’un des signataires

Le gouvernement est notamment attendu au tournant sur les engagements qu’il a pris devant l’Assemblée nationale. Élisabeth Borne avait annoncé que les salariés concernés par le dispositif carrières longues, c’est-à-dire lorsqu’ils ont commencé à travailler avant 21 ans, n’auront pas à cotiser plus de 43 ans. « Ce que je veux simplement, c’est que toutes les réponses puissent être apportées au cours de ce débat. Qu’on ait de vrais chiffres à donner aux Français, qu’on pratique le langage de la vérité », insiste Pierre-Antoine Lévi. « Ma boussole, c’est d’essayer de voter le texte le plus équilibré possible et de voter une réforme qui serve à quelque chose. » Lors des débats, droite comme centre ont insisté sur la nécessité d’adopter un texte qui ne soit pas dégradé budgétairement.

A cet amendement centriste, il faut également mentionner le dépôt d’un amendement de suppression de l’article 7 déposé par les membres du RDSE (Rassemblement démocratique, social et européen), groupe à la composition hétéroclite. Il a été signé par neuf de ses membres, la plupart membre du Parti radical de gauche (PRG). « Cette mesure est injuste, notamment pour ceux qui exercent des métiers pénibles, qui ont commencé tôt ou qui ont des carrières hachées. Elle est par ailleurs inéquitable et disproportionnée par rapport aux prévisions de déficit du système de retraite », défendent-ils.

Si ces différents amendements grossissent théoriquement le nombre d’opposants à l’article 7, tel qu’il arrive dans la discussion, ils sont toutefois insuffisants pour provoquer un basculement des votes sur l’article 7. En comptant leurs signataires, ainsi que l’opposition en bloc des socialistes, communistes et écologistes, le compteur monte à 109 parlementaires, encore très nettement loin d’une majorité absolue à 174 parlementaires.

Dans la même thématique

Paris : Speech of Emmanuel Macron at La Sorbonne
6min

Politique

Discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe : « Il se pose en sauveur de sa propre majorité, mais aussi en sauveur de l’Europe »

Le chef de l'Etat a prononcé jeudi 25 avril à la Sorbonne un long discours pour appeler les 27 à bâtir une « Europe puissance ». À l’approche des élections européennes, son intervention apparait aussi comme une manière de dynamiser une campagne électorale dans laquelle la majorité présidentielle peine à percer. Interrogés par Public Sénat, les communicants Philippe Moreau-Chevrolet et Emilie Zapalski décryptent la stratégie du chef de l’Etat.

Le

Paris : Speech of Emmanuel Macron at La Sorbonne
11min

Politique

Discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe : on vous résume les principales annonces

Sept ans après une allocution au même endroit, le président de la République était de retour à La Sorbonne, où il a prononcé ce jeudi 25 avril, un discours long d’1h45 sur l’Europe. Se faisant le garant d’une « Europe puissance et prospérité », le chef de l’Etat a également alerté sur le « risque immense » que le vieux continent soit « fragilisé, voire relégué », au regard de la situation internationale, marquée notamment par la guerre en Ukraine et la politique commerciale agressive des Etats-Unis et de la Chine.

Le

Police Aux Frontieres controle sur Autoroute
5min

Politique

Immigration : la Défenseure des droits alerte sur le non-respect du droit des étrangers à la frontière franco-italienne

Après la Cour de Justice de l’Union européenne et le Conseil d’Etat, c’est au tour de la Défenseure des droits d’appeler le gouvernement à faire cesser « les procédures et pratiques » qui contreviennent au droit européen et au droit national lors du contrôle et l’interpellation des étrangers en situation irrégulière à la frontière franco-italienne.

Le

Objets
4min

Politique

Elections européennes : quelles sont les règles en matière de temps de parole ?

Alors que le président de la République prononce un discours sur l’Europe à La Sorbonne, cinq ans après celui prononcé au même endroit lors de la campagne présidentielle de 2017, les oppositions ont fait feu de tout bois, pour que le propos du chef de l’Etat soit décompté du temps de parole de la campagne de Renaissance. Mais au fait, quelles sont les règles qui régissent la campagne européenne, en la matière ?

Le