Retraites : « Il n’y a pas à avoir honte du 49.3 », affirme Emmanuel Macron devant les parlementaires de la majorité

Retraites : « Il n’y a pas à avoir honte du 49.3 », affirme Emmanuel Macron devant les parlementaires de la majorité

« Dans les 15 jours qui viennent, il faudra apaiser, écouter les colères », a assuré le chef de l’Etat aux parlementaires de la majorité présidentielle réunis à l’Elysée. Selon un participant, Emmanuel Macron « a remercié les parlementaires qui ont joué le jeu, en particulier au Sénat, où il estime qu’il y a eu un vrai travail de fond, un compromis intelligent, avec les sénateurs LR ».
François Vignal

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Après les cadres de la majorité ce matin, où il a exclu toute dissolution, remaniement ou référendum, c’était au tour de l’ensemble des parlementaires ce mardi soir. Emmanuel Macron a passé la journée a consulté, au lendemain de l’échec de la motion de censure, synonyme d’adoption de la réforme des retraites.

« Séance de câlinothérapie »

C’était « une séance de câlinothérapie », selon les mots d’un député Renaissance présent à l’Elysée, où se passait la rencontre. « Il tenait à nous remercier d’avoir tenu le cap pendant toute la période de l’examen des retraites. Ça me paraît bien naturel, notamment dans des moments particuliers comme ceux-là », selon un sénateur macroniste.

« C’était un moment important pour la majorité car on sort d’une séquence parlementaire qui était difficile avec un débat extrêmement rude à l’Assemblée nationale. C’était nécessaire de se retrouver autour du chef de l’Etat pour revenir sur ces semaines de débat et se projeter sur les mois à venir. […] Le Président voulait aussi clore cette séquence en nous rassemblant », explique à la sortie le député Renaissance Pieyre-Alexandre Anglade, président de la commission des affaires européennes. Regardez (image de Mathias Arraez) :

Revenant sur la réforme des retraites, « il a dit que cette loi était nécessaire, qu’il n’y avait pas à avoir honte du 49.3 », rapporte un sénateur Renaissance. « Il a parlé de la légitimité absolue du 49.3. C’était le 100e 49.3. Il serait illégitime par rapport au 99 autres ? On a une Constitution qui le prévoit », ajoute un autre sénateur de la majorité présidentielle. « Il a dit qu’il préférait un 49.3 plutôt qu’une défaite qui aurait alimenté les oppositions », précise un député du parti présidentiel.

« En substance, il a rappelé que la légitimité du Parlement ne pouvait être remise en cause »

Devant les parlementaires, « Emmanuel Macron a expliqué que dans les 15 jours qui viennent, il faudra apaiser, écouter les colères, être sur le terrain et faire remonter », rapporte un député. Mais selon l’AFP, Emmanuel Macron a affirmé aussi que « la foule » n’a « pas de légitimité » face « au peuple qui s’exprime à travers ses élus », alors que les manifestations spontanées se succèdent tous les soirs depuis le recours au 49.3. Une phrase que les parlementaires que nous avons contactés ne rapportent pas telle quelle. « Ce ne sont pas ses mots », dit l’un. « Je ne l’ai pas entendu dire ça », soutient un autre.

« Peut-être que ce bout de phrase existe, mais il est sorti de son contexte », tempère un troisième parlementaire, qui résume l’idée du propos présidentiel ainsi : « Il n’a jamais tenté dans son discours d’opposer les uns aux autres. Il a rappelé simplement que dans un régime démocratique, c’était le Parlement qui avait le mot, que c’était à lui de légiférer. Sinon, ce n’est plus un régime parlementaire, mais le peuple qui décide et à la fin, c’est une absence de démocratie. En substance, il a rappelé le principe même de la démocratie et le rôle des parlementaires, qui était de faire la loi. Et que la légitimité du Parlement ne pouvait être remise en cause ».

« Il faut faire attention à ne pas tordre les phrases et les sortir de leur contexte. Depuis le début des manifestations, le Président a toujours été très respectueux des manifestations. On a toujours défendu le droit légitime de manifester, […] à ne pas confondre avec les scènes d’émeutes auxquelles parfois on peut assister, qui sont marginales, […] qui sont le fait de casseurs, de l’ultra gauche et d’anarchistes », soutient de son côté Pieyre-Alexandre Anglade (voir la seconde partie de sa vidéo).

« La foule, quelle qu’elle soit, n’a pas de légitimité, face au peuple qui s’exprime, souverain, à travers ses élus »

Alors qu’a dit le Président ? Il a en réalité bien évoqué « la foule » hier soir. D’après un document de TF1/LCI, qui s’est procuré un enregistrement audio, le chef de l’Etat a déclaré : « On a une priorité aujourd’hui qui est de ne pas laisser une forme d’inversion des valeurs s’installer. Quand on croit à cet ordre démocratique et républicain, l’émeute ne l’emporte pas sur les représentants du peuple, et la foule, quelle qu’elle soit, n’a pas de légitimité, face au peuple qui s’exprime, souverain, à travers ses élus ».

Emmanuel Macron a reconnu qu’« on n’a pas réussi à partager suffisamment » la réforme des retraites

Toujours sur les retraites, le chef de l’Etat a reconnu qu’« on n’a pas réussi à la partager suffisamment, on n’a pas convaincu assez de forces politiques et de forces sociales », selon un député Renaissance. Mais Emmanuel Macron « a remercié les parlementaires qui ont joué le jeu, en particulier au Sénat, où il estime, et il l’a dit clairement, qu’il y a eu un vrai travail de fond, un compromis intelligent avec les partenaires du Sénat, y compris les sénateurs LR », souligne un sénateur Renaissance.

Bien qu’en difficulté apparente pour trouver des majorités de circonstances, suite aux tensions des derniers jours, le président de la République a esquissé la suite. « Il a dit voilà le cap, c’est retrouver le chemin pour continuer à faire les réformes », explique un fidèle du chef de l’Etat, qui n’a évoqué que des thématiques : plein emploi, écologie, santé, éducation, justice. En revanche, le projet de loi immigration, dont le parcours législatif avait commencé au Sénat, est reporté, a appris Public Sénat de source parlementaire.

« Son deuxième message était celui du futur, […] avec un projet, une méthode, un cap. […] Il faut aujourd’hui sans doute reprendre le contact avec les forces vives de ce pays, les forces syndicales, apaiser le débat, retrouver une forme de dialogue et d’action pour continuer à réformer ce pays. Et légiférer moins », explique à la sortie François Patriat, président du groupe RDPI (Renaissance) du Sénat (voir la vidéo ci-dessous). Pour Pieyre-Alexandre Anglade, l’enjeu est de « reprendre le fil du quinquennat ».

« Il a dit tout le bien qu’il pensait d’Elisabeth Borne. Il l’a félicitée très clairement »

La première ministre, que certains voient fragilisée, a eu droit à son petit mot. « Il a dit tout le bien qu’il pensait d’Elisabeth Borne. Il l’a félicitée très clairement, tout comme Olivier Dussopt, Franck Riester, Gabriel Attal, qui étaient les ministres sur le pont », souligne un sénateur.

« Il a aussi demandé à la première ministre de réorganiser le travail avec les parlementaires. Qu’on soit en circonscription les lundis et vendredis, et qu’il y ait moins de texte. Il faut enlever tout ce qui ne relève pas du législatif », a-t-il souligné, comme il l’a dit le matin aux responsables de la majorité, avec l’idée de passer davantage par le réglementaire. La suite, c’est ce mercredi, à 13 heures, où Emmanuel Macron sera interrogé lors des JT de TF1 et de France 2.

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