Retraites, municipales, exécutif : que retenir de la conférence de presse de Gérard Larcher ?

Retraites, municipales, exécutif : que retenir de la conférence de presse de Gérard Larcher ?

Le président du Sénat a répondu ce jeudi matin aux questions de l'Association des journalistes parlementaires. Un évènement que vous avez pu suivre sur Public Sénat. Très critique sur la méthode du gouvernement, Gérard Larcher demande le report de l'examen de la réforme des retraites au Parlement et d'attendre les conclusions de la conférence du financement.
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Dès 10h30, émission spéciale sur Public Sénat, qui retransmet en direct la conférence de presse de rentrée du président LR du Sénat Gérard Larcher. La rencontre, organisée par l'Association des journalistes parlementaires, est l'occasion pour lui de s'exprimer sur le contexte politique actuel et notamment sur la réforme des retraites.

« Les Français sont passés en un an du scepticisme à la défiance »

Gérard Larcher: « Les Français sont passés en un an du scepticisme à la défiance »
05:16

En ce début d’année 2020, Le président du Sénat a commencé par rappeler ses vœux de l’année passée. « Nous étions alors en pleine crise des gilets jaunes et je souhaitais que notre pays retrouve la voie de l’apaisement, du dialogue, du respect de l’ordre républicain. Je m’interrogeais sur ce mystère français : comment un pays où la pression fiscale bat des records mondiaux et ou la redistribution est aussi exemplaire peut vivre des périodes de tensions aussi fortes ? Je formais le vœu que la France retrouve le chemin d’un dialogue social du niveau d’une grande démocratie, à l’image de nos voisins européens. Le moins que l’on puisse dire est que mes vœux n’ont pas vraiment été exaucés » a-t-il déploré.

Dans cette deuxième partie du quinquennat, période qu’il nomme, « Nouveau Monde saison 2 », Gérard Larcher fait plusieurs constats inquiétants. « Un conflit social dur, conséquence d’une réforme si mal conduite qu’elle ne pouvait déboucher que sur une méprise et donc une impasse » (…) « Le déficit de l’État avoisine 100 Md€ et ce dernier va emprunter 205 Md€ en 2020, un record absolu » (…) ou encore « des baisses de prélèvements obligatoires ne sont pas financés, le Gouvernement ayant même renoncé à l’objectif de réduction des effectifs de l’État ».

Le président du Sénat a aussi rappelé les objectifs de l’exécutif, qui n’ont pas été réalisés selon lui. « Que reste-t-il des grandes annonces sur la politique migratoire de la France ?  Rien n’a encore été fait sur l’harmonisation Européennes des politiques d’asile et d’immigration et le renforcement des frontières extérieures de l’Union en particulier ». « Où en est la Renaissance de l’Europe promise lors de la dernière campagne des élections Européennes ? Où en est le grand discours sur la laïcité qu’on nous avait annoncé ? »

« Nous étions à l’aube d’un nouveau monde et le jour ne s’est pas encore levé » ajoute-il. En conséquence, pour Gérard Larcher, « les Français sont passés en un an du scepticisme à la défiance ». J’ai la conviction que rien ne sera possible sans confiance. Aujourd’hui la défiance se manifeste vis-à-vis tant des élites, des politiques que des médias. Seuls les maires échappent à cette grande interrogation de la confiance ».

 « Le Sénat n’a jamais joué l’obstruction »

Gérard Larcher : « Le Sénat n’a jamais joué l’obstruction »
04:06

Le président du Sénat a souligné que l’année 2019 avait montré l’importance du « rôle et de la place du Sénat » : « Le bicamérisme fonctionne. Le Sénat imprime sa marque et influence un certain nombre de projets du gouvernement ».

Et d’ajouter que le Sénat « n’a jamais joué l’obstruction ». Il a rappelé que des accords avec l’Assemblée nationale avaient eu lieu sur des textes comme « Engagement et proximité », « Energie et climat, taxe GAFA » etc. : « 76% des textes ont été adoptés après accords entre les deux Assemblées ».

Mais Gérard Larcher a insisté sur le fait que le Sénat savait aussi dire non « quand cela nous semble contraire à l’intérêt du pays ».

Le président du Sénat a égrainé « les textes importants » qui seront débattus à la Haute assemblée, dans cette première moitié de l’année 2020 : la bioéthique en janvier, le Parquet européen, le gaspillage et l’économie circulaire en février ; les retraites et l’audiovisuel en avril et mai.

 

Le président demande le report de l'examen au Parlement de la réforme des retraites

Retraites : Gérard Larcher demande le report de l’examen du projet de loi au Parlement
08:44

Il demande au gouvernement d’attendre le résultat de la conférence de financement, idée proposée par la CFDT, et sur laquelle le gouvernement va se prononcer ce vendredi.

Gérard Larcher rappelle que le Sénat va formuler des propositions pour la future réforme territoriale

Gérard Larcher rappelle que le Sénat va formuler des propositions pour la future réforme territoriale
02:57

Le président du Sénat a également abordé l’un des autres textes qui rythmeront le Parlement durant l’année : le projet de loi « 3D », pour « décentralisation, différenciation, déconcentration ». Gérard Larcher a rappelé que les sénateurs lanceraient « dans les prochains jours » une démarche en vue d’élaborer leurs propositions. « Le Sénat prendra toute sa place », a-t-il répété.

Plusieurs principes guideront leurs travaux : permettre aux collectivités territoriales de prendre de nouvelles compétences ou d’assouplir leur répartition entre les différents niveaux de décision, favoriser la libre organisation des territoires, et bien sûr, le principe d’autonomie. Ces idées seront validées avec les trois associations d’élus réunis sous l’association « Territoires unis ».

« La situation en Irak préoccupante »

Gérard Larcher: « La situation en Irak préoccupante »
01:36

Sur le plan international, Gérard Larcher a jugé « la situation en Irak préoccupante ». « La montée des tensions ces derniers mois au Moyen-Orient a connu une brutale escalade au cours des derniers mois ». « Nous sommes attentifs à tout ce qui peut être un facteur de désescalade ».

Le président du Sénat s’interroge sur deux points précis. « La crise de prolifération nucléaire » d’une part. « Les parties à l'accord de Vienne de 2015 doivent, me semble-t-il, rester étroitement coordonnées pour appeler l'Iran à revenir rapidement au plein respect de ses obligations nucléaires » préconise-t-il.

« La question de la fin de la présence ou non de la coalition contre le terrorisme en Irak, c’est aussi un point important. Mais aussi tout ce qui se passe dans la relation chiite sunnite en Syrie, au Liban et en Irak ». Et quelle place de l’Europe dans tout ça ? » a-t-il énuméré.

Filiation : « Ce n’est pas à la Cour de cassation de faire la loi ».

Filiation : « Ce n’est pas à la Cour de cassation de faire la loi ». Gérard Larcher
00:17

Alors que la Haute assemblée va examiner en séance à partir du 21 janvier le projet de loi sur la bioéthique, Gérard Larcher a souligné que la commission du Sénat avait adopté un amendement excluant la transcription à l’état civil des actes de naissance établis à l’étranger, dans des cas de GPA. Ce qui s’oppose au jugement rendu par la Cour de cassation en décembre dernier, permettant de reconnaître comme parents d’enfants nés par GPA à l’étranger, des couples d’hommes : « C’est bien au législateur de définir et pas à la Cour de cassation de faire la loi » a déclaré le président du Sénat.

Retraites des sénateurs : « C’est un système avantageux » reconnaît Gérard Larcher

Retraites des sénateurs : « C’est un système avantageux » reconnaît Gérard Larcher
03:15

Interrogé sur le régime de retraite des sénateurs, Gérard Larcher a réaffirmé qu’il serait prochainement « adapté à la loi » tout en reconnaissant « qu’il était avantageux ».

« C’est un système avantageux aujourd’hui. Il faut dire les choses comme elles sont » a reconnu, ce jeudi, Gérard Larcher, interrogé sur le régime de retraite des sénateurs, brocardé depuis quelques semaines y compris par des députés de la majorité présidentielle. Le président du Sénat prend le soin de préciser que ce régime de retraite « se base sur une surcotisation des parlementaires. Nous payons 50% de plus que les députés (…) J’entends bien tout ce bashing mais je rappelle que la démocratie ça a un coût (..) le budget du Sénat c’est 325 millions. Nous devons des comptes aux Français. La démocratie c’est un peu moins de 5 euros par Français et par an ».

Comme il l’avait annoncé sur Public Sénat en décembre, Gérard Larcher a confirmé que les régimes de retraite des sénateurs et des fonctionnaires du Sénat seraient « bien entendu réformés ». « Nous aurons un régime systémique de base avec sans doute un régime complémentaire ».

Enfin, Gérard Larcher a souligné que les sénateurs « devaient être traités comme l’ensemble des Français ». « Nous avons une exigence de transparence ». Toutefois, cette réforme pilotée par un groupe de travail dans le cadre du bureau du Sénat ne se mettra en place qu’une fois le projet de loi de la réforme des retraites « connu » a rappelé, une nouvelle fois, Gérard Larcher

« Nous allons prier pour la révision constitutionnelle »

Gérard Larcher : « Nous allons prier pour la révision constitutionnelle »
02:17

« Y-a-t-il encore des points de blocage avec le Sénat qui expliqueraient le report de cette réforme ? » : c’est la question posée à Gérard Larcher sur la fameuse révision constitutionnelle toujours au point mort. « J’ai l’impression comme les intentions de prière dans l’Église catholique : nous allons prier pour la révision constitutionnelle. C’est comme pour la paix, et l’après-midi, les bombardiers décollent. Nous sommes disponibles pour la révision constitutionnelle », a-t-il d’abord répondu avec humour. « Nous sommes disponibles », a-t-il répété, « en situation d’attente ».

La réduction de 30% du nombre de parlementaires n’a certes pas plu à la majorité sénatoriale. « Nous n’imagions pas qu’il y ait plus de 20 départements et collectivités avec un seul département. » La « proximité » des élus avec leurs territoires est plus que jamais d’actualité. Mais là n’est pas la seule explication, selon lui. « Je crois comprendre que ce n’est pas ça le motif réel de blocage, car rien n’empêcherait non plus, pour l’Assemblée nationale, de faire une part de proportionnelle : ça ne dépend que de l’Assemblée nationale. »

Les LR, une alternative à LREM et au RN, selon Gérard Larcher

Les LR, une alternative à LREM et au RN, selon Gérard Larcher
03:04

« Je suis aux Républicains parce que je pense qu’il faut construire - mais pas simplement avec les Républicains - avec d’autres partenaires, une alternative à la réduction binaire de la démocratie entre La République en marche et le Rassemblement national » a expliqué le président du Sénat.

Interrogé sur l’importance des élections municipales pour les Républicains, Gérard Larcher a répondu : « Evidemment, c’est une élection importante. Même s’il ne faut pas surinterpréter l’élection municipale. 33 000 communes sont dans une autre logique ».

La circulaire du ministère de l’Intérieur sur les couleurs politiques « n’est pas conforme aux valeurs démocratiques »

Gérard Larcher : « Il ne faut pas dénaturer l’élection municipale »
00:59

La circulaire en préparation au ministère de l’Intérieur pour les élections municipales continue de semer le trouble à la Haute assemblée. Ce projet, très décrié, prévoit de préciser les nuances politiques des candidats uniquement dans les communes de plus de 9000 habitants. Mais ce n’est pas tout. Le texte prévoit également une nouvelle étiquette LDVC, pour des listes d’union qui ont reçu l’investiture de plusieurs partis (République en marche, MoDem, etc.). L’étiquette en question pourrait même être accolée aux listes qui n’ont pas été investies par la majorité présidentielle mais qui ont reçu un simple soutien.

« Il faut qu’on fasse attention […] Il ne faut pas dénaturer l’élection municipale », a mis en garde Gérard Larcher, qui a « attiré solennellement l’attention du Premier ministre » sur ce point. « Cette circulaire n’est pas conforme aux valeurs démocratiques qui sont les nôtres ». Le président du Sénat demande une réécriture de la circulaire ou son examen par le Conseil d’État.

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