Retraites : « On a des perspectives de solde budgétaire qui sont extrêmement dégradées », déclare le directeur de la Cnav

Retraites : « On a des perspectives de solde budgétaire qui sont extrêmement dégradées », déclare le directeur de la Cnav

Renaud Villard, à la tête de la Caisse nationale d’assurance vieillesse, insiste au Sénat sur le déficit qui se creuse au sein du régime général des retraites. Il précise qu’il n’y a « pas l’ombre d’une feuille de papier à cigarette entre la Cnav et le Conseil d’orientation des retraites ».
Guillaume Jacquot

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La Caisse nationale de l’assurance vieillesse (Cnav) gère les pensions de base d’environ 15 millions anciens salariés du privé et d’indépendants. C’est donc avec un intérêt marqué les membres de la commission des affaires sociales du Sénat ont auditionné son directeur général Renaud Villard, à un moment où pleins d’avis contradictoires fusent sur la situation financière à moyen terme du système de retraite.

Le haut fonctionnaire n’y est pas allé par quatre chemins pour qualifier l’évolution du solde budgétaire du régime à l’horizon 2030. « Il faut regarder ses recettes, ses dépenses. On a des perspectives de solde qui sont effectivement très dégradées », a-t-il affirmé, « sans aucun doute possible ». Graphique à la main, Renaud Villard évoque même une « piste rouge, voire une piste noire ». À l’heure où toutes les familles politiques divergent dans la lecture des conclusions du rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR), le directeur général affirme que les « chiffres sont têtus » et qu’il « n’y a pas l’ombre d’une feuille de papier à cigarette entre la Cnav et le COR. »

« C’est une alerte, mais c’est un jugement de valeur »

Sa qualification de « très dégradée » au sujet des perspectives des soldes à venir a fait vivement réagir la sénatrice Monique Lubin (PS), qui siège au sein du COR. « Le COR écrit noir sur blanc que la trajectoire n’est pas en danger. Les uns parlent de solde uniquement, les autres parlent de part des retraites dans le PIB, ce qui veut bien dire qu’on peut avoir des interprétations différentes avec des chiffres adéquats », s’est insurgée la sénatrice des Landes.

Renaud Villard a concédé qu’il n’aurait « pas dû qualifier » cette trajectoire, et s’en est excusé. « C’est une alerte, mais c’est un jugement de valeur. Je le retire. » Sur ce sujet, le sénateur Jean-Marie Vanlerenberghe (MoDem), siégeant lui aussi au COR, a répondu à sa collègue Monique Lubin, se référant à la page 11 du rapport. « On parle des dépenses qui seraient sous contrôle, avec quand même, vous l’avez noté, une baisse des pensions – une baisse relative d’accord – mais une baisse réelle en PIB. Cette phrase, dont tout le monde se sert quand il est opposé à cette réforme, est de nature à tromper complètement notre regard, à le biaiser », a considéré le sénateur du Pas-de-Calais.

Minimum contributif : la Cnav ne sait pas combien de retraités vont bénéficier de l’augmentation de 100 euros

Le directeur général a également été interrogé à plusieurs reprises sur la revalorisation à hauteur de 1 200 euros pour les personnes ayant cotisé toute leur vie à hauteur du Smic (relire notre article). Cette hausse de 100 euros du minimum contributif sera toutefois proratisée, lorsqu’une carrière est incomplète. 200 000 personnes, parmi les nouveaux retraités chaque année sont concernées, mais aussi 1,8 million parmi les pensionnés actuels. En moyenne, pour ces derniers, la hausse des pensions sera en moyenne de 680 euros en moyenne par an, soit environ 57 euros. Selon Pascale Breuil, directrice statistiques, prospective et recherche à la Cnav, le montant supplémentaire annuel sera de 760 euros pour les hommes retraités actuels (63 euros par mois), et 540 euros (45 euros mensuels) pour les femmes retraitées actuelles.

La Cnav est en revanche incapable à ce stade d’évaluer le nombre de personnes concernées par une revalorisation de leurs petites pensions pour un montant de 100 euros, montant sur lequel a communiqué le gouvernement. « La ventilation fine, je ne l’ai pas », a admis Renaud Villard. La faute à manque de données avant l’année 2007. « Ça va être un peu de boulot pour reconstituer les carrières », a-t-il prévenu, évoquant par exemple le cas des retraités ayant travaillé pendant les années 50. Selon le projet de loi, ce travail de reconstitution des carrières devra être terminé au plus tard en septembre 2024.

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