Retraites : « On ne peut pas faire une réforme qui concerne des millions de Français par un amendement au débotté », estime Jean-Philippe Tanguy

Retraites : « On ne peut pas faire une réforme qui concerne des millions de Français par un amendement au débotté », estime Jean-Philippe Tanguy

Invité de la matinale de Public Sénat, le député RN Jean-Philippe Tanguy estime que la réforme des retraites prévue par le gouvernement doit faire l’objet d’un texte indépendant. En cas de recours au 49.3, il assure que le RN n’hésitera pas à soutenir les motions de censure présentées par d’autres groupes politiques, notamment à gauche.
Public Sénat

Par Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Emmanuel Macron réunit mercredi soir ministres et membres de sa majorité autour de sa très explosive réforme des retraites. L’exécutif continue d’hésiter sur la méthode à adopter. Le président de la République avait évoqué début septembre l’hypothèse d’un amendement au projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) - qui sera examiné cet automne au Parlement -, soulevant de vives critiques du côté des oppositions et jusqu’au sein de sa propre majorité. Selon une information du Canard Enchaîné, l’idée d’un PLFSS rectificatif consacré à cette réforme, et présenté en début d’année prochaine, serait en train de faire son chemin. Cette piste permettrait d’organiser le débat et les concertations réclamées par la classe politique et les syndicats.

« La bonne méthode, c’est une loi ordinaire où un vrai projet de PLFSS modificatif », a commenté le député RN Jean-Philippe Tanguy au micro de « Bonjour chez vous » sur Public Sénat. « On ne peut pas faire une réforme qui concerne des millions de Français et des milliards d’euros qui seront utilisés, pas seulement pour financer les retraites mais aussi d’autres politiques, par un amendement au débotté, au détour d’un texte », s’agace cet élu.

« Dans une démocratie républicaine, si les oppositions et les partenaires sociaux ont connaissance d’un texte aussi important quelques semaines avant, comment voulez-vous qu’il y ait un débat normal ? C’est évidemment une forme inacceptable de débat démocratique ».

« L’objectif politique, c’est que ce gouvernement soit censuré »

Au-delà des retraites, la discussion parlementaire autour du budget 2023 s’annonce particulièrement périlleuse pour l’exécutif, privé de majorité absolue. La possibilité d’un recours au 49.3 pour le faire adopter a été évoquée à plusieurs reprises, notamment par Gabriel Attal, le ministre délégué chargé des Comptes publics, dans un entretien accordé au Journal du Dimanche. Une arme redoutable, mais à double tranchant puisqu’elle laisse aux députés la possibilité de déposer une motion de censure contre le gouvernement.

« Marine Le Pen l’a dit, le RN n’hésitera pas à censurer le gouvernement », rappelle Jean-Philippe Tanguy. Sa famille politique serait-elle prête à s’allier à la gauche dans cette démarche ? « C’est de la politique-fiction, je ne pense pas qu’il y aura un texte commun avec la Nupes. Nous n’en avons pas spécialement envie, eux non plus je pense », répond l’ancien bras droit de Nicolas Dupont-Aignan. Mais nous n’aurons pas de pudeur de gazelle – pour reprendre des propos de Jean-Luc Mélenchon – à soutenir un texte qui n’est pas le nôtre », précise-t-il. « L’objectif politique, c’est que ce gouvernement soit censuré, donc tous les moyens pour censurer un gouvernement, dans le respect de la République, sont bons à prendre. Les Français ne liront pas le texte et les virgules de la Nupes. Ils veulent savoir si oui ou non le gouvernement sera censuré. »

Dans la même thématique

BERCY – Presentation du Plan de Simplification
7min

Économie

Feuille de paie, TPE-PME, dématérialisation : Bruno Le Maire présente ses pistes pour éviter la « paperasse »

Après Gabriel Attal ce mardi, qui a annoncé à Sceaux, une simplification des démarches, ainsi que le développement de l’intelligence artificielle dans les services de l’Etat, le ministre de l’Economie a présenté ce mercredi, les grandes lignes du projet de loi « Simplification ». Un serpent de mer des derniers gouvernements, que François Hollande avait voulu comme une des priorités de son quinquennat, via le « choc de simplification ». « C’est compliqué de simplifier », avait alors reconnu l’ancien locataire de l’Elysée, le 23 mars 2017, devant la presse.

Le

Paris, Senat, Jardin du Luxembourg
5min

Économie

[DOCUMENT] Des sénateurs centristes attaquent le décret d’annulation de 10 milliards d’euros d’économies devant le Conseil d’Etat

La sénatrice Nathalie Goulet et trois de ses collègues de la commission des finances déposent un recours devant la plus haute juridiction administrative du pays, dans le but d’obtenir l’annulation du décret budgétaire de février et de provoquer le dépôt d’un budget rectificatif. Ils estiment que le principe de sincérité budgétaire n’a pas été respecté et pointent également un vice de procédure.

Le

Retraites : « On ne peut pas faire une réforme qui concerne des millions de Français par un amendement au débotté », estime Jean-Philippe Tanguy
4min

Économie

Inflation alimentaire : « Trois quarts des prix restent stables, voire augmentent encore un peu », rappelle le patron de Système U

Alors que l’inflation générale revient à des niveaux classiques, Dominique Schelcher, PDG du quatrième groupe de grande distribution en France alerte néanmoins sur le niveau des prix dans les rayons alimentaires. Il y a, selon lui, un « décalage » entre la situation macroéconomique et la « réalité de ce que vivent les Français ».

Le

GARE MATABIAU
9min

Économie

À la SNCF, un accord atténue une partie de la réforme des retraites : un symbole pour la gauche, « une catastrophe » pour la droite

Les principaux syndicats de la SNCF et la direction du groupe ont signé un accord pour aménager les fins de carrière des cheminots et des contrôleurs. Il devrait notamment permettre de limiter l'impact du recul de l’âge légal de départ à la retraite, tel que prévu par la réforme de 2023. La gauche salue « une mesure de progrès ». À droite, Bruno Retailleau, le chef de file des sénateurs LR, déplore le « mauvais signal » envoyé dans un contexte budgétaire complexe.

Le