Il y a une semaine, les syndicats et la direction de la SNCF se sont accordés sur un dispositif d’aménagement de la fin de carrière des cheminots. Une annonce vivement critiquée par la majorité sénatoriale. En face, le ministre des Transports affirme que la réforme des retraites continuera de s’appliquer aux cheminots.
Salles de shoot : le Sénat vote la prolongation
Par Héléna Berkaoui
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« Des drames humains sont en train de se dérouler à quelques kilomètres de cet hémicycle, sans intervention des pouvoirs publics », a rappelé la sénatrice communiste, Laurence Cohen, en marge du débat sur les salles de consommation à moindre risque. Dans le cadre du PLFSS pour 2022, le Sénat examine, samedi 14 novembre, un article visant à prolonger ce dispositif parfois décrié.
Ces salles, désormais renommées Halte « soins addictions », sont expérimentées depuis 2016. Seules deux salles sont en activité en France : une à Paris, près de l’hôpital Lariboisière et l’autre à Strasbourg. Leur rôle et leur utilité ont largement été abordés alors que les consommateurs de crack du parc Eole (Paris, 19e) ont récemment été déplacés à la porte de la Villette.
L’article examiné ce samedi entend prolonger leur expérimentation « au plus tard » jusqu’au 31 décembre 2021. Une prolongation qui n’a pas été remise en cause au Sénat. Néanmoins, un amendement de la rapporteure générale du texte, Corinne Imbert, a été adopté afin de circonscrire l’installation de ces Haltes « soins addictions » (HSA) dans les enceintes hospitalières. Le secrétaire d’Etat chargé de l’enfance et des familles, Adrien Taquet, s’y est opposé. « Nous ne voulons pas en faire une obligation. Les HSA ne seront efficientes que si elles savent aller à la rencontre des usagers, elles doivent être à proximité des lieux où se trouvent les scènes ouvertes », a justifié le secrétaire d’Etat (voir la vidéo en tête d’article).
La gauche veut pérenniser les haltes « soins addictions »
Pour la gauche cependant, ce texte ne va pas assez loin et elle ne s’explique pas pourquoi ces salles de soins ne font pas l’objet d’une pérennisation. C’était notamment le propos de Bernard Jomier, sénateur PS de Paris, qui par son amendement voulait « graver dans le marbre l’utilité publique d’un tel dispositif, ayant largement fait ses preuves, pour inciter l’exécutif à sa généralisation, avec la volonté et les dotations nécessaires ». Un amendement rejeté.
Sur la même position, la sénatrice écologiste, Raymonde Ponce Monge, a fait valoir les travaux de l’Inserm sur la question. L’Inserm a en effet réalisé une évaluation des salles de consommations à moindre risque évoquées plus haut. Il en ressort que « les usagers de ces salles sont moins susceptibles d’avoir une overdose, de s’injecter dans l’espace public ou de commettre des délits ». L’enquête sociologique de l’Inserm constate une adhésion de l’opinion publique avec plus de 80 % de sondés favorables aux salles de consommation à moindre risque et 55 % favorables à l’ouverture d’une salle dans leur propre quartier.
La France connaît un retard certain sur les politiques en matière de drogues. Le contre-exemple le plus édifiant reste celui du Portugal qui, après une épidémie d’héroïne, a radicalement changé de paradigme prenant en charge les toxicomanes avec une approche de santé publique et non plus avec une politique répressive. Une politique qui a fait ses preuves.
« Vous dîtes clairement qu’il est plus important de mettre à disposition des salles pour les drogués que de se préoccuper de nos enfants »
Une sortie qui a fortement irrité le secrétaire d’Etat chargé de l’enfance et des familles : « Vous ne pouvez pas prétendre que ni les sénateurs, ni moi-même n’avons tenu les propos que vous nous attribuez. Ou dîtes nous clairement que vous êtes opposée à ce genre de dispositif ». Un échange qui résume assez bien le caractère explosif de ce sujet.