« Sans une action forte lors de cette décennie, limiter le réchauffement à 1,5° sera hors de portée », alertent les experts du GIEC
Les experts francophones du GIEC ont détaillé les principales conclusions des trois volets du 6ème rapport du GIEC ce mercredi devant le Sénat. Si certaines conséquences « irréversibles » du dérèglement climatique nécessiteront des « adaptations », des leviers sont encore disponibles pour contenir le réchauffement entre 1,5° et 2°. Mais la fenêtre d’action se rétrécit dangereusement.
Alors que plus de 1100 hectares ont déjà brûlé dans des incendies ravageant les Pyrénées-Orientales, des experts du GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) ont eu l’occasion, lors de leur audition, de rappeler aux sénateurs que « les événements extrêmes » comme les vagues de chaleur, les sécheresses, les inondations ou bien les incendies, interviendront de plus en plus fréquemment et avec une intensité plus « sévère » selon les mots de Valérie Masson-Delmotte, coprésidente du groupe n°1 du GIEC. La climatologue résume ainsi les 4 « risques clés » auxquels sera exposé l’Europe de l’Ouest à cause du changement climatique :
Les chaleurs extrêmes, un risque sanitaire, mais aussi pour les écosystèmes
Les pénuries d’eau, d’abord en Méditerranée, puis à des latitudes plus au Nord
Des pertes de rendements agricoles
Les risques liés aux multiples inondations (pluviales, fluviales et côtières)
Gonéri Le Cozannet, géographe travaillant sur les risques côtiers et le changement climatique, et expert mobilisé sur le rapport du groupe n°2 du GIEC à propos des adaptations permettant de « vivre avec les conséquences d’un climat qui change », ajoute qu’à l’échelle du monde, certaines zones ou certains « systèmes » particuliers seront mis en danger, même si l’humanité arrive à contenir le changement climatique entre 1,5° et 2° de hausse de température. Ce serait le cas pour les coraux, dont 80 % seraient perdus à 2°, alors qu’ils représentent plus de ¾ de la biodiversité océanique. Gonéri Le Cozannet évoque ainsi des « événements singuliers », qui pourraient avoir des répercussions globales, comme « l’effondrement de l’Antarctique » : « Aujourd’hui, on ne peut pas exclure que le réchauffement des eaux océaniques provoque une fonte de l’Arctique entre le XXIème et le XXIIème siècle. » Si l’interaction des différentes conséquences du changement climatique reste difficile à appréhender, une chose est sûre pour le géographe : « Certains changements seront irréversibles. »
« Il est possible de vivre en 2050 avec 10 milliards d’habitants, en ayant imité le réchauffement climatique à 1,5° »
C’est pourquoi le GIEC publie un deuxième volet de son fameux rapport, sur l’adaptation à ce changement climatique, dont certaines conséquences sont déjà « irréversibles. » Gonéri Le Cozannet reste – à cet égard – relativement optimiste, notamment parce que beaucoup de solutions permettant de s’adapter au dérèglement climatique « favorisent aussi le bienêtre et les objectifs de développement durable », dans des secteurs comme la santé, l’éducation ou la lutte contre la faim dans le monde. D’autres exemples d’adaptations, comme la construction de digues, sont plus complexes, puisqu’ils peuvent « se faire au détriment des écosystèmes côtiers », en l’occurrence. En tout cas, ces différentes mesures d’adaptation qu’il faudra mettre en place font dire au géographe « qu’il est possible de vivre en 2050 avec 10 milliards d’habitants, en ayant atteint les objectifs de développement durable, limité le réchauffement climatique à 1,5° et s’étant adapté à ses conséquences perceptibles, tout en ayant réduit les pertes de biodiversité. »
Mais sur beaucoup d’exemples, Gonéri Le Cozannet rappelle que « la première chose à faire est de stabiliser le climat entre 1,5° et 2° », et que les mesures d’adaptation servent en quelque sorte à limiter les dégâts, alors que pour s’adapter, la meilleure solution reste de prendre le problème à la racine et de limiter les émissions de gaz à effet de serre pour contenir le réchauffement climatique. Et c’est le sujet du 3ème volet du rapport du GIEC, comment atténuer les effets du réchauffement climatique ? « La situation est complexe », explique, non sans euphémisme, Valérie Masson-Delmotte : « Les émissions de gaz à effet de serre ont atteint un niveau record sur la dernière décennie et en même temps on a une montée en puissance des politiques pour le climat. Si toutes ces options sont déployées d’ici 2030, elles pourraient permettre de réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Sans une action forte sur tous les leviers dans cette décennie, limiter le réchauffement à 1,5° sera hors de portée et l’objectif des 2° sera menacé. » Toute la question réside donc dans le volontarisme que mettent et mettront les gouvernements dans les politiques sur l’énergie, l’usage des sols, l’industrie, le bâtiment, les transports ou la demande et les services.
« Il va falloir se remettre en question »
À cet égard, Nadia Maïzi, directrice du Centre de Mathématiques Appliquées des Mines et auteure principale pour le dernier rapport du GIEC, se montre relativement peu optimiste : « Il y a un paradoxe dans l’action pour le climat. Malgré toutes ces bonnes intentions et l’affichage d’ambitions ‘0 carbone’, les nouvelles sont globalement assez mauvaises. » Si la mathématicienne veut aborder le dérèglement climatique comme « une opportunité de transformation profonde de notre société » et « une très belle aventure pour notre jeunesse », elle s’est aussi montrée atterrée par le traitement médiatique du dossier : « Les médias sont complètement délirants : pour le premier volet [du rapport du GIEC, ndlr] c’était le transfert de Messi, pour le deuxième, la guerre en Ukraine et pour le troisième, l’élection présidentielle. »
Face aux sénateurs qui se demandaient comment faire passer certaines informations dans le débat public au-delà des cercles politiques bien informés selon eux, Nadia Maïzi s’est permis un léger rappel à l’ordre à destination des politiques : « Il va falloir se remettre en question. On était à l’Assemblée la semaine dernière, tout le monde n’est pas venu. Je ne suis pas du tout optimiste sur le niveau de prise en compte du sujet par notre monde politique et nos gouvernants. Je ne suis pas sûre qu’ils aient bien compris le problème. » De même, alors que Patrick Chaize (LR) s’était fendu d’un réquisitoire contre le « catastrophisme et le désespoir », Gonéri Le Cozannet lui a répondu être « désolé de ne pas être très positif », mais que la situation était « très défavorable » : « On a laissé passer du temps et la fenêtre est en train se fermer. »
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