Santé : un rapport parlementaire pour mettre fin aux déserts médicaux

Santé : un rapport parlementaire pour mettre fin aux déserts médicaux

Développer des maisons de santé pluridisciplinaires et de la télémédecine, inciter les jeunes médecins à s’installer dans les déserts médicaux… Après avoir effectué « un tour de France des territoires », la mission de suivi du plan d’accès au soin, lancé par le gouvernement il y a un an, remet son rapport à Agnès Buzyn.
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Il y a un an presque jour pour jour, à Châlus, en Haute-Vienne, Édouard Philippe et Agnès Buzyn, ministre de la Santé et des Solidarités, présentaient un plan contre les déserts médicaux.

Doublement des maisons de santé pluridisciplinaires, création de 300 postes de médecins partagés entre la médecine de ville et la médecine hospitalière dès 2018, développement de la télémédecine ou encore renforcement des incitations financières pour les médecins dans les déserts médicaux, autant d’engagements de campagne du candidat Macron réaffirmés ce jour-là par Édouard Philippe.

La sénatrice centriste de Mayenne, Élisabeth Doineau, le député LREM Thomas Mesnier et le docteur Sophie Augros avaient été nommés délégués nationaux à l'accès aux soins. Après un an de « tour de France des territoires », c’est un rapport d’une soixantaine de pages, « un premier bilan », que remettent ce lundi les parlementaires à Agnès Buzyn.

Développer des « internats ruraux »

Afin d’inciter les jeunes médecins à s’installer dans les territoires ruraux ou quartier sensible, « souvent méconnus ou caricaturés », le rapport préconise le développement de stages en ambulatoire « dans une zone fragile, éloignée de la ville de faculté ». Pour faciliter la vie des étudiants internes et externes en stage, des « internats ruraux », des logements fournis à titre gratuit par certaines collectivités locales, et une meilleure indemnisation des frais de transport sont des pistes à explorer.

S’installer en libéral sur un territoire conduit à des difficultés administratives, raison pour laquelle les auteurs souhaitent renforcer les dispositifs de coaching d’aide à l’installation. « Être médecin en cabinet libéral (…) c’est aussi prendre des décisions d’investissement, employer une ou plusieurs personnes, faire face à des charges fixes, payer des cotisations sociales, tenir une comptabilité. La maquette actuelle des études de médecine n’impose aucun enseignement obligatoire dans ce domaine » regrette la mission de suivi.

Enfin, le rapport relève que « l’insuffisance des effectifs de praticiens agréés maîtres de stage freine le développement des stages ambulatoires, particulièrement dans les zones fragiles ».

Invitée de Public sénat, ce lundi, la sénatrice Élisabeth Doineau souhaite « proscrire » le terme désertification. « Parce que ça imprime dans la tête des gens, que ce territoire-là est non seulement un désert médical mais un désert tout court ». « Nous, ce qu’on préconise, c’est mieux accompagner. Mieux accompagner les stagiaires, mieux accompagner aussi les professionnels qui réfléchissent à un projet territorial de Santé » a-t-elle rappelé.

Désert médicaux: La sénatrice Elisabeth Doineau veut proscrire le terme "désertification"
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Faire émerger des « des coordonnateurs en soins primaires »

La mission de suivi souhaite également que se développent les maisons de santé pluridisciplinaires, l’une des priorités du plan d’accès aux soins du gouvernement. Mais, note le rapport, il manque aux jeunes médecins « la culture administrative nécessaire pour appréhender les procédures de création et de gestion d’une structure d’exercice coordonné ». Ainsi la mission de suivi souhaite voir émerger « de nouveaux métiers, appelés « des coordonnateurs en soins primaires ». Ils assumeraient « la conduite de projet, l’administration et la gestion de ces structures à la place des professionnels de santé et sous leur responsabilité ».

Développer l’accès des auxiliaires médicaux à la télémédecine

En ce qui concerne le développement de la télémédecine, les auteurs rappellent « que depuis le 15 septembre, la téléconsultation, est prise en charge par l’Assurance Maladie de la même manière qu’une consultation classique (de 25 € à 30 € selon les cas) et est ouverte à tous les médecins. Plusieurs verrous subsistent toujours à son déploiement, comme le débit Internet insuffisant dans certaines régions. La mission veut développer l’accès des auxiliaires médicaux à la télémédecine, en leur permettant de solliciter l’avis d’un professionnel médical en télé-expertise. « Les officines de pharmacie, compte tenu de leur excellent maillage territorial, constituent dans de nombreux territoires des portes d’accès pertinentes à la téléconsultation » notent les auteurs. En effet actuellement, seuls les médecins, les sages-femmes et les chirurgiens-dentistes peuvent aujourd’hui pratiquer la téléconsultation.

 

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