Sécurité : le Sénat rejette le budget « pas à la hauteur » de la police et de la gendarmerie

Sécurité : le Sénat rejette le budget « pas à la hauteur » de la police et de la gendarmerie

Bien qu’en hausse, le budget sécurité a été rejeté par le Sénat, à majorité de droite. Les sénateurs dénoncent une trop grande augmentation des dépenses de personnel, liée aux embauches et mesures salariales. Ils dénoncent de trop faibles moyens, notamment pour le renouvellement des véhicules.
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En matière d’examen du budget de la police et de la gendarmerie, le Sénat fait preuve de constance. Comme en 2017 et en 2018, les sénateurs ont rejeté les crédits pour la police nationale et la gendarmerie, dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances 2020. Un vote qui n’empêchera pas le gouvernement d’adopter ces crédits, les députés ayant le dernier mot.

Malgré une hausse des crédits de 518 millions d’euros, portant le budget sécurité à 13,8 milliards d'euros, pour Philippe Dominati, rapporteur spécial sur cette mission, « le budget 2020 n’est pas à la hauteur des enjeux ». Il est examiné « dans un climat particulièrement dégradé », avec une « année 2019 marquée par l’émergence d’un malaise très fort », rappelle le sénateur (apparenté LR). La grève des policiers, le 2 octobre dernier, avait été d’une « ampleur inédite » souligne le sénateur de Paris, qui donne un chiffre à la réalité crue : on compte pour cette année 54 suicides de policiers.

Dans une logique plus budgétaire, le sénateur de la commission des finances « dénonce » même « l’augmentation constante de la part des dépenses de personnel », qui « s’explique par un niveau important de recrutement ». Le gouvernement prévoit 1400 embauches dans la police nationale, pour un coût de 47 millions d’euros, et 490 équivalents temps plein dans la gendarmerie, pour un coût de 16 millions d’euros.

Crédits « très insuffisants » pour le renouvellement des véhicules

Il pointe en revanche les crédits « très insuffisants » pour le renouvellement des véhicules, « qui constituent un bon indicateur de la volonté de restaurer la capacité opérationnelle des forces de l’ordre ». Il préconise 40 millions supplémentaires. Il salue en revanche « l’effort de rationalisation avec la création d’une direction du numérique et un service d’achat unifié ».

« L’année 2020 devrait également être marquée par le poids budgétaire des mesures catégorielles prises en faveur des policiers et des gendarmes qui s’élèveront à 192,36 millions d’euros pour les premiers et 91,22 millions d’euros pour les seconds » note aussi Philippe Dominati dans son rapport. Il s’agit notamment de la prime « gilets jaunes ».

« Nous avons fait le choix pour nos policiers du porte-monnaie »

Face à un hémicycle en grande partie en opposition, le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, a défendu « un bon budget ». « Est-il parfait ? La réponse est non. Mais il faut voir d’où nous venons » a-t-il souligné.

Castaner : « Nous avons fait le choix pour nos policiers du porte-monnaie »
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Reconnaissant le « mal-être réel des forces de l’ordre », le locataire de la Place Beauvau souligne que le budget de son ministère « est parmi ceux qui connaîtront les plus fortes hausses » l’an prochain. Christophe Castaner ajoute :

« Nous avons fait le choix pour nos policiers du porte-monnaie. Et 87% des crédits accordés à la police sont des dépenses de personnels pour des créations de poste et leur pouvoir d’achat. Je l’assume »

Sur les véhicules, il met sur la table 55 millions d’euros. Quant aux heures supp’ non payées, « nous avons agi, avec 50 millions d’euros pour payer 3,5 millions d’heures supplémentaires à la fin de cet exercice » ajoute le ministre.

« Le grand malaise vient de la perte de sens »

De son côté, Eliane Assassi, présidente du groupe CRCE (à majorité communiste), a fait remarquer au ministre que « les plus de 20.000 policiers ont manifesté non pas pour l’augmentation des effectifs, mais la revalorisation de leurs conditions de travail ». Elle dénonce la « chute de 23% des dépenses d’investissement ». Surtout, selon Eliane Assassi, « le grand malaise vient de la perte de sens des agents ».

Si les sénateurs PS n’ont pas voté non plus les budgets de cette mission, Jean-Pierre Sueur a pour sa part « donné acte de l’effort » réalisé sur « la question difficile du stock d’heures supplémentaires non-payées ».

Au cours des débats, les sénateurs ont aussi dénoncé la situation difficile pour la sécurité civile, « qui est devenue le parent pauvre de la sécurité » regrette la sénatrice LR Catherine Troendle.

 

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