Sécurité sociale : « On se dirige progressivement vers un modèle à l’anglo-saxonne sans le dire aux Français » selon Bruno Retailleau
Alors que le Sénat termine l’examen du budget de la Sécu, les sénateurs LR estiment qu’« on se dirige progressivement vers un modèle à l’anglo-saxonne, qui n’est pas le modèle français », en raison du financement par l’impôt de la protection sociale, au lieu des cotisations.

Sécurité sociale : « On se dirige progressivement vers un modèle à l’anglo-saxonne sans le dire aux Français » selon Bruno Retailleau

Alors que le Sénat termine l’examen du budget de la Sécu, les sénateurs LR estiment qu’« on se dirige progressivement vers un modèle à l’anglo-saxonne, qui n’est pas le modèle français », en raison du financement par l’impôt de la protection sociale, au lieu des cotisations.
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L’alerte ne vient pas de la gauche, mais de la droite. « Il y a un profond changement, qui est déjà perceptible ». Bruno Retailleau, président du groupe LR du Sénat, met en garde sur le risque d’un changement de modèle dans la protection sociale, alors que la Haute assemblée va terminer d’ici demain l’examen du budget de la Sécu.

« Les Français sont attachés à la Sécurité sociale. Les gaullistes, les communistes avaient fondé ce pacte social et national au sortir de la guerre. On est en train de sortir de ce modèle, sans dire aux Français qu’on en sort » selon Bruno Retailleau. Mais pourquoi le gouvernement changerait-il de modèle, sans le dire ? Comme le président LR de la commission des affaires sociales, Alain Milon, le disait déjà il y a un an à publicsenat.fr, « car on voit bien que la part des impôts devient de plus en plus importante, par rapport aux cotisations. Donc on passe dans un système où Bercy (le ministère des Finances, ndlr) aura de plus en plus de poids. Le risque majeur, c’est que Bercy, demain, dise quelles sont les dépenses sociales, médicales, qui doivent être acceptées ou pas » a pointé Bruno Retailleau, lors d'une conférence de presse mercredi 14 novembre sur le budget 2019 et le budget de la Sécu.

« On a un filet de sécurité pour les plus pauvres, c'est-à-dire qu’on augmente les minima sociaux. Et les autres se débrouillent »

Cette « bercysation », selon les mots d’Alain Milon, vient d’un engagement d’Emmanuel Macron : la suppression des cotisations salariales sur l’assurance maladie, financée par une hausse de la CSG, autrement dit l’impôt.

« Il y a un modèle qui se rapproche du modèle anglo-saxon : on a un filet de sécurité pour les plus pauvres, c'est-à-dire qu’on augmente les minima sociaux. Et les autres se débrouillent. On désindexe les retraites, les prestations familiales. C’est une atteinte au principe d’universalité qui veut que  chacun cotise en fonction de ses moyens, de ce qu’il gagne, mais tous reçoivent une prestation équivalente. Ce principe est écorné. On se dirige progressivement vers un modèle à l’anglo-saxonne, qui n’est pas le modèle français » insiste le président de groupe.

Bruno Retailleau sait bien que donner l’impression de toucher à la Sécurité sociale est un sujet sensible. Lors de la campagne présidentielle, celui qui était l’un des plus proches lieutenants du candidat Fillon se souvient sûrement que l’ancien premier ministre LR avait été accusé de vouloir mettre en place une privatisation rampante de la Sécu.

Le débat a continué ce jeudi en séance. Cette fois face au ministre Gérald Darmanin (voir notre article).

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