Sénat : nouveau groupe écolo, cherche président(e) de groupe

Sénat : nouveau groupe écolo, cherche président(e) de groupe

Assurés de retrouver un groupe, les écologistes du Sénat vont vite devoir se trouver un nouveau président. Ou pourquoi pas une présidente, avec Esther Benbassa, qui est sur les rangs. Mais son nom fait débat et Guillaume Gontard, sénateur de l’Isère, pourrait bien se lancer. La recherche du consensus est privilégiée, histoire d’éviter les tensions…
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Ils ont fait le plus dur. Il y aura de nouveau un groupe écologiste au Sénat, suite aux sénatoriales (lire ici). Reste à régler quelques détails internes… A savoir, la présidence de groupe. C’est là où ça se complique un peu. La première réunion de groupe est prévue ce mardi matin. Le sujet est au programme.

Les sénateurs écologistes devraient être au moins 12, voire un peu plus, espère Ronan Dantec, sénateur de Loire-Atlantique (lire ici). Au Sénat, il suffit d’être 10 pour former un groupe. 6 sénateurs EELV font leur entrée au Palais du Luxembourg. Ils rejoignent Esther Benbassa, sénatrice EELV de Paris et élue depuis 2011. Le parti est ainsi majoritaire au sein du groupe, ce qui n’est pas neutre. 5 autres sénateurs, qui ne sont pas (ou plus) encartés chez EELV complètent les troupes, comme Ronan Dantec ou Sophie Taillé-Polian, membre de Générations.

Esther Benbassa défend « un groupe divers, avec un vote libre, des opinions variées »

Dimanche soir au Sénat, après les résultats, Esther Benbassa affichait sa satisfaction. « On espère avoir un groupe divers, avec un vote libre, des opinions variées, mais autour du projet écologiste » a-t-elle expliqué sur Public Sénat. « J’ai fait beaucoup de déplacements et je suis très contente qu’on puisse ajouter une pierre à l’édifice à cette société écologique que nous implantons dans les territoires » a ajouté la sénatrice, qui ne cache son ambition pour la tête du groupe. Elle est candidate. Présente à la Haute assemblée, active sur un certain nombre de combats de la gauche, médiatique et sénatrice EELV depuis neuf ans, elle coche un certain nombre de cases.

Mais d’autres ne semblent pas suivre les yeux fermés sa candidature. Sophie Taillé-Polian, qui entend défendre « l’hybridation entre le social, l’environnemental et le démocratique », tente de pondérer : « On a plusieurs bons candidats possibles. Il faut construire les choses collectivement. Là, on va construire une aventure humaine, dans un groupe modeste qui n’a pas l’habitude de travailler ensemble. Il faut laisser l’alchimie prendre ». Et si possible, éviter de partir sur de mauvaises bases. « Une engueulade, ce n’est pas grave. Ça arrive. Mais il faut que ça serve à quelque chose » sourit un autre.

« Si on commence à jouer à qui est candidat, ce n’est pas comme ça qu’il faut faire »

Ce matin, sur notre antenne, Ronan Dantec, dont le nom a pu être évoqué pour la présidence, insistait bien sur la nécessité du « consensus », surtout dans un « petit groupe ». « J’ai l’expérience du premier groupe écolo, on était 10. Ce sont des groupes toujours délicats à manier. C’est toujours des fortes personnalités. La recherche du consensus dans la gouvernance du groupe, c’est une priorité. Si on commence à jouer à qui est candidat et qui se déclare candidat, ce n’est pas comme ça qu’il faut faire » a-t-il lâché. A bon entendeur… Regardez (à partir de 1'50) :

De son côté, Joël Labbé, ancien d’EELV, qui compte bien sur le retour du groupe pour défendre « le métier herboristerie » et « les plantes médicinales », ne préfère « pas aller recruter des sénateurs » supplémentaires. « S’ils viennent du groupe RDSE, je fais partie de ceux qui disent que le groupe sera serré. Il ne faudrait pas porter la responsabilité du démantèlement du groupe RDSE » prévient le sénateur, attaché à une certaine « cohérence de groupe ». Viendront ensuite ceux qui souhaiteront rejoindre le navire. Quant à la présidence, il défend « l’échange » pour trouver la meilleure voie. Il ajoute :

On a intérêt à rechercher une candidature qui fait consensus.

Un troisième nom sort du chapeau, celui de Guillaume Gontard

Personne ne le dira ouvertement, mais on sent qu’une part des sénateurs préféreraient une autre présidence. La candidature d’Esther Benbassa passe mal chez certains. « Esther a plein de qualités, mais c’est juste pas possible » lâche un élu, qui l’estime trop ferme. Alors qui pour présider ce groupe ? Un troisième nom sort du chapeau ces dernières heures. Celui de Guillaume Gontard. Le sénateur de l’Isère avait été élu en 2017 sur une liste soutenue par EELV et PCF. Il a siégé jusqu’ici au groupe communiste, comme Esther Benbassa.

A écouter certains sénateurs, il cocherait quelques bonnes cases aussi. « Bien sûr, il a le profil » dit l’un. « Il peut être un excellent candidat… comme Esther. Et Ronan a démontré beaucoup de choses » répond un autre membre du futur groupe, qui évite de trop se mouiller. Et que dit l’intéressé ? Contacté, Guillaume Gontard garde une certaine prudence. « C’est demain qu’on doit discuter de tout ça avec les membres du groupe. Le but est de réfléchir collectivement des contours et de l’orientation du futur groupe. On va avoir un groupe totalement écolo avec une représentation EELV qui est forte, Génération.s et d’autres personnes. On a une diversité qu’on doit mettre en avant sur la question de la place de l’écologie, et du lien entre l’urbain et le rural » soutient le sénateur écolo de l’Isère. Meilleur lien avec la ruralité ? « C’est un des reproches qu’on a pu faire à l’écologie, et parfois à EELV. Ce sont des élus de centres urbains et métropolitains. C’est vrai et c’est très bien. Mais il y a aussi des élus ruraux. Et on peut apporter un autre discours que celui de Gérard Larcher sur la ruralité » soutient Guillaume Gontard. « Et à partir de là », de ce portrait-robot, « il faudra qu’on se dise qui est le meilleur pour représenter cela ». De là à voir un portrait qui lui ressemble…

Que diront les nouveaux élus EELV ?

Reste à voir ce que diront les nouveaux élus, tous issus d’EELV comme Esther Benbassa. Raymonde Poncet, nouvelle sénatrice EELV du Rhône, souhaite un « consensus », mais ne cache pas sa « préférence pour Esther Benbassa » : « Par rapport à mes critères, c’est vrai qu’aujourd’hui, c’est Esther pour moi » a-t-elle dit sur l’antenne de Public Sénat ce mardi soir. Jacques Fernique, membre aussi d’EELV et élu dans le Bas-Rhin, reste plus prudent. Il préfère « attendre de voir les autres élus, qu’on discute collectivement ».

Rendez-vous donc ce mercredi pour la réunion de groupe. Si aucun accord ne se dégage collectivement, certains pourraient demander un vote, histoire de départager les postulants. Mais d’autres plaident pour prendre le temps de discuter. « Je n’ai rien contre que la fumée sorte demain » dit Sophie Taillé-Polian, « mais si ça doit prendre plus de temps, on le prendra ».

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