Sénatoriales : la droite aborde le scrutin en position de force, les écolos en embuscade

Sénatoriales : la droite aborde le scrutin en position de force, les écolos en embuscade

Les élections sénatoriales vont se traduire dimanche par une grande stabilité à la Haute assemblée. La majorité LR-UDI devrait être confortée, tout comme le groupe PS. Les écologistes espèrent former un groupe. Le scrutin s’annonce compliqué pour LREM.
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La campagne a été discrète, mais pas moins intense. Dimanche, ce sont les élections sénatoriales. Près de la moitié des 348 sièges du Sénat est en jeu, comme tous les 3 ans. 172 sénateurs seront élus pour un mandat de 6 ans par 87.000 grands électeurs appelés aux urnes (lire ici sur le mode de scrutin). Elections pas comme les autres, les sénatoriales sont la conséquence directe des municipales. Le collège électoral est en effet composé à 96% par les conseillers municipaux. Après le scrutin local de juin dernier, on sait déjà que les sénatoriales s’annoncent bonnes pour la droite et compliquées pour La République En Marche. Le point sur les enjeux.

Chez LR, une grande « stabilité » attendue

A droite, il n’y aura pas de changement notable. Le groupe LR s’attend à une très grande « stabilité ». Sans trahir le suspense, on peut dire que Gérard Larcher sera réélu le jeudi 1er octobre à la présidence du Sénat, grâce à l’alliance LR-UDI, qui forme la majorité sénatoriale. Un allié indispensable. Sans les centristes, LR n’a pas la majorité à lui seul.

« La majorité sénatoriale pourrait être consolidée » affirmait, dès le lendemain des municipales, Bruno Retailleau, président du groupe LR du Sénat. Le groupe compte 79 sénateurs renouvelables sur 143. Selon le sénateur Roger Karoutchi, il devrait conserver « entre 138 et 146 sièges ». Comme souvent, la droite est confrontée à quelques divisions, qui pourraient lui faire perdre des voix. Mais pas de quoi inquiéter (lire notre article sur le sujet).

Si les pertes de Marseille et Bordeaux ont marqué les esprits, « près de 50% des communes de plus de 9.000 habitants sont LR ou proches de nous » se rassure-t-on au groupe. Un matelas de grands électeurs qui assurera de bons scores. Les spécificités du mode d’élection donnent par ailleurs un petit coup de pouce à la droite. Les villes de moins de 10 000 habitants, qui représentent 50,3 % de la population, comptent 69 % des délégués sénatoriaux. Or la droite est bien implantée aussi dans les territoires ruraux et ces petites communes. Le mode de scrutin a donc tendance à favoriser la mainmise de la droite sur la Haute assemblée.

Le groupe centriste restera l’autre composante de la majorité sénatoriale

Le groupe Union centriste (composé essentiellement d’UDI) est fort de 51 sénateurs actuellement. Avec 25 sénateurs, soit la moitié, concernés par le renouvellement, le scrutin pourrait être risqué. Mais là aussi, les centristes vont bénéficier d’une stabilité des grands électeurs de centre droit, après les municipales.

Le seul risque sérieux pourrait résider dans la volonté de LREM d’attirer tous les sénateurs Macron compatibles au sein d’un même groupe (lire plus bas). Et 23 sénateurs centristes avaient voté la confiance à Edouard Philippe. Mais du côté du groupe UC, on ne croit pas au succès de cette OPA amicale. « LREM a une capacité d’attraction limitée. Pourquoi voulez-vous qu’un sénateur qui est dans la majorité sénatoriale aille dans l’opposition ? Il s’interdira toute activité » note un sénateur centriste, qui raille avec gourmandise les macronistes : « Qu’est-ce qu’ils vont se faire chier (sic) dans un groupe où ils sont 12 autour d’un feu de camp ? C’est un camp scout leur truc… »

Le groupe PS compte sur les bons résultats des municipales

La stabilité ne concerne pas seulement la droite et le centre. Suite aux municipales réussies également pour la gauche, qui a remporté avec les écologistes plusieurs grandes villes comme Marseille, Lyon, Bordeaux, Strasbourg, le groupe PS devrait plus ou moins garder le même nombre d’élus, malgré 36 sénateurs sur 71 renouvelables. Après le scrutin, il devrait rester le second groupe du Sénat, espère Patrick Kanner, à la tête des sénateurs socialistes.

Les équilibres ont en revanche bougé au sein de la gauche, avec la poussée écologiste. L’union de la gauche s’est retrouvée mise à l’épreuve des sénatoriales. Aucun accord national n’a pu être signé entre le PS et EELV (lire ici). Mais dans plusieurs départements, comme les Bouches-du-Rhône, le Rhône ou le Bas-Rhin, écolos et socialistes se sont entendus, avec les communistes également, pour une liste d’union. De quoi assurer un maximum d’élus.

A noter que du côté du groupe CRCE (communiste), avec seulement 3 sénateurs renouvelables sur 17, les sénatoriales ne présentent pas de danger immédiat. L’impact des municipales se fera plutôt sentir lors des sénatoriales de 2023.

Les écologistes vont-ils transformer l’essai des municipales avec un groupe au Sénat ?

C’est l’un des principaux enjeux des sénatoriales : le possible retour d’un groupe écologiste au Sénat. Après la vague verte, EELV y a pensé très fort. D’autant qu’il suffit d’être 10 pour former un groupe à la Haute assemblée. De 2012 à 2017, les écolos avaient déjà formé au Sénat le premier groupe vert de la Ve République.

Pour y arriver, il faudra rassembler les écologistes déjà présents dans la maison. Ils ne sont que 4, dont une seule élue qui est encore encartée à EELV, Esther Benbassa. Elle siège au groupe communiste, tout comme Guillaume Gontard, autre écologiste. Joël Labbé et Ronan Dantec sont au groupe RDSE. On peut ajouter Sophie Taillé-Polian, membre de Génération.s. Aujourd’hui au groupe PS, elle est prête à rejoindre un groupe vert. Reste à faire élire au moins 5 autres sénateurs. La direction d’EELV « espère avoir entre 4 et 6 nouveaux sénateurs écologistes » (lire ici). Les chances sont notamment du côté du Rhône, de la Gironde ou du Bas-Rhin (voir notre reportage).

Mais le défi n’est en réalité pas évident. Obtenir un groupe n’est pas encore gagné pour les écologistes. Il faudra sûrement trouver d’autres sénateurs écolo-compatibles pour réussir. Et qui pour présider le groupe ? On pense à Ronan Dantec mais il n’est plus à EELV. Esther Benbassa ne cache pas son ambition de présider le groupe. Reste à voir si son franc-parler et ses prises de position tranchées permettront de rassembler tout le monde.

LREM : un scrutin difficile

Le parti présidentiel s’est pris une claque aux municipales. Mécaniquement, le scrutin s’annonce périlleux aux sénatoriales. Le groupe n’est pas menacé, avec 10 sénateurs renouvelables sur 23. Mais composé de nombreux transfuges du PS, la réélection des sortants est loin d’être évidente avec des grands électeurs qui n’ont pas suivi. Le président du groupe, François Patriat, est lui-même sur la sellette en Côte-d’Or. Mais il espère montrer qu’il est « un Iron man » en sauvant son siège. Reste que les récentes législatives partielles perdues pour LREM ne sont pas un bon signe.

Deux ministres sont candidats : Sébastien Lecornu dans l’Eure. Il a reçu le soutien d’Edouard Philippe. Et Jean-Baptiste Lemoyne, dans l’Yonne.

Malgré un scrutin compliqué, LREM pourrait chercher à élargir son groupe après les sénatoriales, en accueillant des sénateurs Macron compatibles, aujourd’hui éparpillés dans différents groupes, comme le RDSE, l’Union centriste ou Les Indépendants (lire notre article sur le sujet). Avec 7 sénateurs sur 14 renouvelables, ce dernier, présidé par Claude Malhuret, est menacé. Mais cette OPA amicale est encore loin d’être réussie. A voir la semaine prochaine.

Le groupe RDSE menacé ?

Le groupe RDSE (Rassemblement Démocratique et Social Européen), plus vieux groupe du Parlement, n’aborde pas le scrutin de manière évidente. Avec 14 sénateurs renouvelables sur 24, certains vont jusqu’à dire qu’il pourrait être menacé, en raison des départs possibles de certains de ses membres verts un groupe écologiste, et pourquoi pas LREM (lire ici notre article). Mais son président Jean-Claude Requier reste confiant.

 

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