Séparatisme : le Sénat interdit les listes communautaristes

Séparatisme : le Sénat interdit les listes communautaristes

Reprenant une proposition de loi déposée par Bruno Retailleau, le Sénat a adopté un amendement au projet de loi confortant les principes de la République, visant à interdire les listes communautaristes aux élections.
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Comme d’autres, cet amendement porté par le chef de file de la droite sénatoriale a divisé l’hémicycle. « Est-ce que nous voulons porter des principes républicains ou voulons nous renoncer ? ». Bruno Retailleau a dû lever la voix dans l’hémicycle tant son amendement a suscité le débat. Reprenant sa proposition de loi déposée en 2019, il s’agit d’interdire le dépôt aux élections des listes dont le titre remettrait en cause les principes « de la souveraineté nationale et de la démocratie, ainsi que de la laïcité ». Les candidats menant des campagnes « ouvertement communautaristes et contraires à ces principes » ne pourraient pas bénéficier de financement.

La ministre en charge de la Citoyenneté a donné un avis défavorable en raison « d’atteinte aux libertés de candidature, d’opinion, et d’expression ». « Le contenu d’un contrôle de la propagande électorale ne peut pas faire l’objet d’un contrôle par l’administration sans quoi ça risque d’ouvrir la voie à de graves dérives » a-t-elle mis en avant.

« A chaque fois qu’on veut reculer, on trouve de bons arguments » a répliqué Bruno Retailleau, qui a visé très clairement « la menace » des partis « d’obédience turque », dont Egalité et Justice.

Le sénateur PS Éric Kerrouche a fait valoir que le vote communautariste « n’existait pas actuellement ». « Ceci étant, si on ne veut pas donner de liberté aux ennemis de la liberté, dans ce cas-là, ça doit concerner tout le monde […] L’amendement est largement connoté […] Le parti chrétien-démocrate ou Civitas posent également problème ».

« Où est la cohérence de votre démarche ? »

Séparatisme: un amendement souhaite mettre fin aux aides publiques pour les partis monarchistes
01:15

Une référence à l’amendement du sénateur communiste Pierre Ouzoulias rejeté quelques minutes plus tôt. Le sénateur souhaitait interdire les aides financières publiques pour les partis qui veulent attenter à la forme républicaine de l’Etat, comme les partis monarchistes, tels que Civitas. Pour rédiger cet amendement, le sénateur s’est d’ailleurs appuyé sur la proposition de loi constitutionnelle de Bruno Retailleau adopté fin 2019 au Sénat et qui vise la proposition de loi constitutionnelle visant à inscrire dans le texte fondateur de la Ve République « la prééminence des règles de la République ». « Donc, vous avez voté contre un amendement que j’ai déposé et qui reprenait l’essentiel de votre proposition de loi constitutionnelle. Où est la cohérence de votre démarche ? » s’est amusé le sénateur Ouzoulias.

L’amendement de Bruno Retailleau a lui été adopté par 157 voix pour, dont les 147 voix du groupe LR (le président du Sénat Gérard Larcher ne prenant pas part aux votes) et 108 contre (PS, RDPI à majorité En Marche, écologistes). La grande majorité des sénateurs centristes et Indépendants n’ont pas pris part au vote. Les groupes CRCE à majorité communiste et RDSE à majorité radicale se sont abstenus.

 

Dans la même thématique

Paris : Speech of Emmanuel Macron at La Sorbonne
6min

Politique

Discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe : « Il se pose en sauveur de sa propre majorité, mais aussi en sauveur de l’Europe »

Le chef de l'Etat a prononcé jeudi 25 avril à la Sorbonne un long discours pour appeler les 27 à bâtir une « Europe puissance ». À l’approche des élections européennes, son intervention apparait aussi comme une manière de dynamiser une campagne électorale dans laquelle la majorité présidentielle peine à percer. Interrogés par Public Sénat, les communicants Philippe Moreau-Chevrolet et Emilie Zapalski décryptent la stratégie du chef de l’Etat.

Le

Paris : Speech of Emmanuel Macron at La Sorbonne
11min

Politique

Discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe : on vous résume les principales annonces

Sept ans après une allocution au même endroit, le président de la République était de retour à La Sorbonne, où il a prononcé ce jeudi 25 avril, un discours long d’1h45 sur l’Europe. Se faisant le garant d’une « Europe puissance et prospérité », le chef de l’Etat a également alerté sur le « risque immense » que le vieux continent soit « fragilisé, voire relégué », au regard de la situation internationale, marquée notamment par la guerre en Ukraine et la politique commerciale agressive des Etats-Unis et de la Chine.

Le

Police Aux Frontieres controle sur Autoroute
5min

Politique

Immigration : la Défenseure des droits alerte sur le non-respect du droit des étrangers à la frontière franco-italienne

Après la Cour de Justice de l’Union européenne et le Conseil d’Etat, c’est au tour de la Défenseure des droits d’appeler le gouvernement à faire cesser « les procédures et pratiques » qui contreviennent au droit européen et au droit national lors du contrôle et l’interpellation des étrangers en situation irrégulière à la frontière franco-italienne.

Le

Objets
4min

Politique

Elections européennes : quelles sont les règles en matière de temps de parole ?

Alors que le président de la République prononce un discours sur l’Europe à La Sorbonne, cinq ans après celui prononcé au même endroit lors de la campagne présidentielle de 2017, les oppositions ont fait feu de tout bois, pour que le propos du chef de l’Etat soit décompté du temps de parole de la campagne de Renaissance. Mais au fait, quelles sont les règles qui régissent la campagne européenne, en la matière ?

Le