Si un pays de l’Otan était attaqué, « nous serions amenés à nous engager militairement », prévient Jean Castex

Si un pays de l’Otan était attaqué, « nous serions amenés à nous engager militairement », prévient Jean Castex

Face aux conséquences pour l’économie française des sanctions financières contre la Russie, « le gouvernement prépare un plan de résilience » pour aider les secteurs touchés, annonce Jean Castex devant le Parlement. Il a rappelé la « fermeté » de la France face à l’invasion russe de l’Ukraine.
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La guerre en débat au Parlement. Après l’Assemblée nationale, le premier ministre Jean Castex a ouvert au Sénat, mardi en fin de journée, le débat sur la guerre en Ukraine, au nom de l’article 50-1 de la Constitution. « Ces bruits de botte à l’Est de l’Europe nous replongent dans des périodes de l’Histoire que nous pensions durablement derrière nous », a lancé le locataire de Matignon, au sixième jour de la guerre qui frappe les Ukrainiens. « Nous faisons face à une situation de guerre mais également à un tournant dans l’histoire de l’Europe et de notre pays », selon le premier ministre, qui prévient :

Cette crise sera longue et aura des conséquences majeures sur l’avenir de l’Europe.

Il a rappelé la « fermeté » voulue par la France et l’Europe en matière de sanctions économiques et financières. « Nous avons décidé d’assécher la capacité de financement extérieur de l’économie russe », assume Jean Castex. « Les avoirs et les ressources économiques » de « 476 » personnes proches de Vladimir Poutine « ont été gelés ». Ils ne « pourront plus accéder à leurs avoirs détenus dans les pays – y compris la Suisse et Monaco ». Précision utile : « Vladimir Poutine fait d’ailleurs partie de la liste des personnes sous sanction tout comme Sergueï Lavrov », le ministre russe des Affaires étrangères.

Plan de résilience : possible convocation du Parlement

« Evidemment, ces sanctions ne seront pas indolores pour nos économies européennes », reconnaît Jean Castex. C’est pourquoi, « à la demande du Président, le gouvernement prépare un plan de résilience qui sera finalisé dans les tous prochains jours et qui, s’il supposait l’adoption de mesures législatives, imposerait la convocation du Parlement », prévient-il.

Ces mesures d’aides viseront notamment les filières « industrielles et agricoles ». Le premier ministre rappelle aussi le « bouclier tarifaire sur les prix de l’énergie ». « Ces mesures d’accompagnement et de protection seront prolongées et renforcées autant que nécessaire », assure Jean Castex. C’est un peu le retour, ou plutôt la continuité du quoi qu’il en coûte. Mais cette fois, ce ne sont pas les conséquences du covid-19 qu’il faut traiter.

Paris va prendre « la tête d’un bataillon multinational » en Roumanie

Sur le plan militaire, il a rappelé que Paris n’entendait pas prendre les armes. Il a souligné qu’« un pays comme la France ne peut recourir à la force que si elle est directement attaquée ou dans le cadre des systèmes d’alliance dont elle fait partie », en vertu du rôle « défensif » de l’Otan. Or l’Ukraine n’est pas membre de l’Alliance.

Lire aussi : Ukraine : « Si le pire des scénarios, c’est l’attaque d’un pays de l’Otan par la Russie, il faut s’y préparer », selon la chercheuse Anna Colin Lebedev

C’est pourquoi en cas d’attaques de la Russie contre un pays membre de l’Alliance, la France ripostera. « Il n’y a aucun doute que nous serions amenés à nous engager militairement dans la protection de nos alliés de l’Est de l’Europe si le conflit devait connaître d’autres extensions au-delà du territoire ukrainien dans les pays membres de l’Alliance », prévient Jean Castex (voir la première vidéo). Avant d’en arriver jusque-là, « le Président de la République a d’ores et déjà décidé de renforcer notre participation au dispositif de l’Otan dans les pays baltes, en Pologne et en Roumanie ». Paris va prendre aussi « la tête […] d’un bataillon multinational qui va se déployer cette semaine en Roumanie ». Mais plutôt que les armes, la France privilégie avant tout la diplomatie, a-t-il rappelé : « Nous restons persuadés que la diplomatie a encore toute sa place pour mettre fin à la guerre ».

Environ 500 Français évacués

Evoquant les Français présents en Ukraine – environ un millier – Jean Castex explique que « 255 ont déjà été évacués ». Aujourd’hui encore, 252 ont cherché à quitter le pays par la route qu’il est possible de prendre, par le Sud de Kiev.

Pour l’Ukraine, qui tente de résister face aux Russes, 300 millions d’euros d’aide sont prévus. « Nous soutenons également les forces armées ukrainiennes avec des livraisons de carburant et de matériel militaire, y compris de l’armement », a rappelé le premier ministre.

La France accueillera des réfugiées ukrainiennes

Quant aux réfugiés ukrainiens, qui fuient leur pays en guerre, la France en accueillera. « Nous proposerons, dans le cadre de la Présidence de l’Union européenne, qu’un dispositif de solidarité permette une juste répartition des efforts d’accueil de ces réfugiés entre pays de l’Union, auquel nous contribuerons nous-même », assure Jean Castex, sans donner de chiffres.

Bien que les capacités militaires de la Russie lui donnent théoriquement l’avantage sur l’Ukraine, « la voie de la force et de l’impérialisme finit toujours par conduire à l’impasse », soutient Jean Castex. L’Ukraine rêve pour sa part d’intégrer l’Union européenne. Le premier ministre note que « le peuple ukrainien aspire, dans sa majorité, à rejoindre cet ensemble, à s’associer à ce mouvement ». Jean Castex conclut : « Ce mouvement reprendra car c’est le sens de l’Histoire ».

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