Souveraineté alimentaire : « On ne va pas s’en sortir sans une augmentation des prix », alerte un économiste
Auditionné par la commission des affaires économiques du Sénat, sur les conséquences de la crise ukrainienne sur la souveraineté alimentaire, Vincent Chatellier, économiste, ingénieur de recherche à l’Inrae estime que la crise en Ukraine va entrainer obligatoirement une hausse des prix pour les consommateurs.

Souveraineté alimentaire : « On ne va pas s’en sortir sans une augmentation des prix », alerte un économiste

Auditionné par la commission des affaires économiques du Sénat, sur les conséquences de la crise ukrainienne sur la souveraineté alimentaire, Vincent Chatellier, économiste, ingénieur de recherche à l’Inrae estime que la crise en Ukraine va entrainer obligatoirement une hausse des prix pour les consommateurs.
Public Sénat

Par Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

C’est un concept qui revient en force depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine. Il y a deux semaines, au salon de l’agriculture, chaque candidat y est allé de sa proposition tendant à rendre la France souveraine en matière agricole.

Ce mercredi, la commission des affaires économiques du Sénat, le sujet était au cœur d’une table ronde. Les représentants des chambres de l’agriculture et Vincent Chatellier, économiste, ingénieur de recherche à l’Inrae ont fait part de leurs analyses sur les conséquences que devrait entrainer le conflit actuel sur l’agriculture mondiale.

Pour mémoire, dans un courrier envoyé début mars, à Ursula von der Leyen, Sophie Primas et Jean-François Rapin (LR), président de la commission des Affaires européennes du Sénat, demandaient à Bruxelles de suspendre « la mise en jachère de 4 % de nos terres agricoles prévue dès cette année dans le cadre du programme « Farm to fork ». Ce plan prévoit notamment de réduire de moitié l’usage de pesticides et de 20 % celui des engrais, à baisser de 50 % les ventes d’antimicrobiens pour les animaux d’élevage et de consacrer un quart des terres cultivées à l’agriculture biologique.

Pour la majorité sénatoriale, les conséquences de la crise en Ukraine entraînent la nécessité de « repenser notre modèle agricole au prisme de l’impératif alimentaire », pour reprendre les mots de la présidente de la commission, Sophie Primas (LR).

Vincent Chatellier a invité les élus à être « prudents » sur la remise en cause des normes environnementales. « Certains disent qu’on ne va pas assez loin, d’autres qu’on va trop loin. C’est un vieux débat […] C’est très compliqué d’en discuter parce que les gens restent dans leurs standards ».

L’économiste a également alerté « sur les marges qui n’existent plus dans l’agriculture ». « Si on ne veut pas faire payer aux consommateurs les surcoûts des intrants, il n’y a pas de solutions […] On voit bien que dans la résolution des problèmes à court terme, il est indispensable d’avoir une inflation sur les produits alimentaires. Ça permet d’éviter un effondrement de l’appareil agro-industriel […] Collectivement, nous avons le devoir de replacer la question du pouvoir d’achat des Français dans les produits alimentaires de base. On ne va pas s’en sortir sans augmentation de prix », prévient-il

Quelques minutes plus tôt lors de l’audition, Thierry Pouch, économiste en chef des Chambres d’agriculture a indiqué que l’inflation dans la zone euro allait se rapprocher des 7 % sur les produits alimentaires​​​​​​, citant l’alourdissement des charges pour les agriculteurs du conflit russo-ukrainien, comme l’augmentation du prix des matières premières. « La consommation de gaz à l’échelle européenne ne devrait pas reculer avant 2030. Alors que faire d’ici là ? » a-t-il souligné, rappelant que d’autres pays exportateurs comme l’Algérie ou le Brésil n’avaient pas de réserves extensibles.

Même constat pour les intrants, dont les coûts montent en flèche. Sans oublier l'augmentation des cours du blé et du colza dont dépendent les agriculteurs pour la nourriture animale. « Une verticalité des courbes qui est assez préoccupante pour les agriculteurs », constate-il.

Lire notre article. Envolée du prix du blé : « Avec la guerre en Ukraine, on est presque dans l’effroi », considère un spécialiste 

 

 

Partager cet article

Dans la même thématique

Hong Kong Legislature To Vote On Bill Recognizing Same Sex Couples Overseas Registration
3min

Politique

L’Assemblée nationale vote la réhabilitation des personnes condamnées pour homosexualité

L’Assemblée nationale a adopté à l’unanimité, en deuxième lecture, une proposition de loi visant à réhabiliter les personnes condamnées pour homosexualité en France entre 1942 et 1982. Porté par le sénateur socialiste Hussein Bourgi, le texte entend réparer symboliquement des décennies de politiques discriminatoires. Mais la question de l’indemnisation continue de diviser députés et sénateurs et devra être tranchée en commission mixte paritaire.

Le

6min

Politique

Une « ordonnance négociée » pour faire passer le budget ? Un procédé « contraire aux principes parlementaires et démocratiques les plus élémentaires »

D’après des informations des Echos, Sébastien Lecornu plancherait sur la piste d’une « ordonnance négociée », pour faire passer le budget avant Noël, en cas d’une commission mixte paritaire conclusive en fin de semaine. Mais cette hypothèse n’enchante pas les constitutionnalistes, qui y voient le risque de mettre à mal le rôle de l’Assemblée nationale.

Le

CMP : comment la dissolution va modifier l’espace de compromis entre députés et sénateurs
2min

Politique

Budget : le groupe communiste boycotte la commission mixte paritaire

A la veille de la commission mixte paritaire (CMP) sur le budget, le groupe communiste de la chambre haute indique que le sénateur, Pascal Savoldelli n’y siégera pas en tant que membre suppléant. Le groupe dénonce notamment « un problème démocratique majeur » dans la composition de la CMP.

Le

Souveraineté alimentaire : « On ne va pas s’en sortir sans une augmentation des prix », alerte un économiste
7min

Politique

Numérique : le Sénat adopte à l’unanimité un texte qui interdit l’accès des réseaux sociaux aux mineurs de moins de 13 ans

Alors qu’Emmanuel Macron a promis la semaine dernière d’interdire les réseaux sociaux aux mineurs de moins de « 15 ou 16 ans », le Sénat vient d’adopter à l’unanimité une proposition de loi portant la majorité numérique à 13 ans. Les mineurs de 13 ans à 16 ans devront recueillir l’autorisation parentale pour leur inscription sur un réseau social.

Le