Stratégie vaccinale : les parlementaires à la recherche des clés de la « confiance »

Stratégie vaccinale : les parlementaires à la recherche des clés de la « confiance »

Dans la suite de leur série d’entretiens sur la future stratégie vaccinale de la France, les membres de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) ont auditionné ce vendredi Emmanuel Rusch, président de la Conférence nationale de santé (CNS), Christian Saout, président de la Commission sociale et médico-sociale et du Conseil pour l’engagement des usagers de la HAS et Gérard Raymond, président de France Assos Santé.
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Par Pierre Maurer

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Comment créer de la confiance dans la parole publique sur la politique vaccinale ? C’est la question que se posent depuis plusieurs semaines les membres de l’OPECST face à la vague de défiance des Français vis-à-vis des futurs vaccins contre le Covid-19, selon les sondages successifs parus ces dernières semaines. Afin d’identifier des éléments de réponses, les parlementaires ont auditionné ce vendredi les différents acteurs du tissu militant associatif et citoyen.

« Frustrés » pendant la première vague par une « démocratie sanitaire confinée », ils veulent être « écoutés » et associés sur la stratégie vaccinale. « On voit bien que le gouvernement aujourd’hui a un peu de mal à faire passer un message sur la confiance. Ils se sont tournés vers nous pour que l’on soit des relais de communication », constate Gérard Raymond, président de France Assos Santé (regroupe 85 associations d’usagers de la santé), qui rappelle les « interrogations » demeurant encore pour les citoyens sur les campagnes de vaccinations. « L’information ne circule plus de la même façon. Nous ne devons pas prendre le risque de rater le rendez-vous de la vaccination », prévient Claude Rambaud, sa vice-présidente. Elle préconise de faire appel en particulier aux outils numériques comme les applications ou le carnet de vaccination électronique afin de « déconstruire les fake news ». En bref, tout faire pour « avoir un patient mieux informé et acteur de sa santé ».

Pour Emmanuel Rusch, président de la Conférence nationale de la santé, le gouvernement devrait suivre trois règles dans sa stratégie de communication vaccinale. D’abord, l’établir en « cohérence » dans une « stratégie d’ensemble » de la lutte contre le covid-19. « S’il y a un maillon faible, cela entraîne la chute de toute la chaîne », prévient-il. Ensuite, l’exécutif devrait selon lui abandonner son discours martial et guerrier de la première vague pour privilégier « l’autonomie aux commandements ». « Il est très important d’inscrire le discours dans une histoire autour d’une catastrophe naturelle. Il me semble qu’il vaut mieux avoir une approche positive », enjoint-il. Enfin, il recommande vivement la mise en place d’un système d’information « qui tienne la route ». « Une partie de la population sera effectivement peu accessible à des explications rationnelles. Mais l’immense majorité n’est pas sur ce versant anti-vaccinal et pose des questions légitimes sur la vaccination auxquelles il faut répondre », estime-t-il.

« Infodémie »

Christian Saout, président du Conseil pour l’engagement des usagers de la Haute autorité de la santé (HAS), préconise lui « d’impliquer les populations dans les orientations stratégiques et dans l’orientation de la vaccination. On le fait tardivement mais c’est bien de le faire », observe-t-il. Un élément nouveau rend néanmoins la crédibilité de la parole scientifique compliquée à ses yeux : « l’infodémie ». « C’est l’enjeu nouveau de la fabrication de la science à la télévision devant les citoyens. Elle ne se faisait pas sous l’œil des caméras avant mais dans des revues. S’est cultivée une certaine ‘infodémie’ », détaille-t-il. Face aux fake news, le militant associatif rappelle qu’il « n’y a pas moins d’une dizaine de sites internets publics qui informent sur le covid et la vaccination ». Il prévient par ailleurs qu’un conseil citoyen consulté par le gouvernement dans ses décisions ne sera pas opérationnel avant « mars/avril ».

« Tout n’est pas transparent », croit savoir quant à lui Yann Mazens. Le chargé de mission de France Assos Santé cible les accords d’achats anticipés de vaccins. « Il faut une plus grande transparence des contrats d’achats groupés, de ce qu’ils contiennent et des conséquences pour les usagers. C’est loin d’être clair pour beaucoup de personnes. Dès qu’apparaît la question de l’opacité des contrats, cela entretient une certaine défiance », alerte-t-il. Dans une enquête réalisée pour France Assos Santé qui sera dévoilée en fin de semaine prochaine, « 25 % des personnes disent qu’elles ne se feront pas vacciner, et seulement 14 % sont convaincues qu’elles se feront vacciner », pointe Gérard Raymond. Christian Saout conclut : « C’est le dernier rendez-vous avec la population. Si on le rate, ce sera très compliqué. »

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