Sur les grilles du Jardin du Luxembourg, une exposition photo propose « une traversée de l’Europe »

Sur les grilles du Jardin du Luxembourg, une exposition photo propose « une traversée de l’Europe »

Le Sénat accueille sur les grilles du Jardin du Luxembourg une exposition photo consacrée aux éléments qui constituent l’identité européenne d’un pays à l’autre. Un projet qui s’inscrit dans le volet culture de la présidence française du Conseil de l’Union européenne. 
Romain David

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« Magnifique ». Roselyne Bachelot, la ministre de la Culture, s’arrête un instant devant l’un des clichés du photographe italien Paolo Verzone, accroché en très grand format sur les grilles du Jardin du Luxembourg. Sur l’image, un cadet du Royal Naval College des Pays-Bas, le képi à la main. Son visage, découpé par la lumière, semble surgir du vaste tableau baroque devant lequel il pose, droit comme un i, dans une composition presque caravagesque. L’œuvre appartient à la soixantaine de clichés, installés depuis fin janvier le long des grilles du parc, au niveau des rues Médicis et Vaugirard, dans le VIe arrondissement de Paris, mais officiellement dévoilés mardi 8 février en présence de deux ministres et de nombreux sénateurs.

Six photographes, six projets transnationaux, six visions de l’Europe, que résume en quelques mots Gérard Larcher, le président du Sénat : « Ce sont des regards très personnels, très différents entre un photographe qui porte un regard sur des académies militaires, une autre qui fait de l’anthropologie par l’auto-stop, un troisième qui se penche sur les pays qui s’ouvrent… Il y a aussi l’impression de la terre et de la mer. » Et un fil rouge pour cette exposition baptisée « traversée d’Europe », réalisée par le collectif Fetart : une itinérance à travers le vieux continent, des plages de Norvège aux rives de la Méditerranée, en passant par l’Allemagne et la Hongrie, à la recherche des éléments qui fondent l’identité européenne. « L’unité dans la diversité », pour reprendre une formule du président de la Chambre Haute.

"Traversées d'Europe" au Jardin du Luxembourg : Gérard Larcher salue "un moment partagé"
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« Je voulais montrer en images une utopie devenue réalité »

Cette exposition - « dans un lieu qui puisse accueillir le plus grand nombre, sans restriction », explique Clément Beaune, le secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes -, a été labellisée par la présidence française du Conseil de l’Union européenne. « Le programme des expositions sur les grilles du Sénat est retenu des années à l’avance, mais il m’a semblé important d’avoir, au moment de la présidence française, ce moment partagé », se félicite Gérard Larcher. Une manière aussi d’utiliser l’art pour porter, dans la rue, quelques-uns des dossiers brûlants de cette présidence. Notamment la question des frontières et de la libre-circulation, réactivée par la crise migratoire, et à laquelle fait indirectement écho le travail de l’Italien Valerio Vincenzo. Il a photographié pendant 13 ans 20 000 km de frontières de pays européens en temps de paix. « Je voulais montrer en images une utopie devenue réalité : une Europe sans barrière. C‘était inimaginable il y a 50 ans, à l’époque du rideau de fer », détaille-t-il auprès de Public Sénat.

De son côté, Roselyne Bachelot, insiste sur « l’importance de la photographie dans la culture ». « Elle est devenue au fil des ans un art majeur. À travers l’œil du photographe l’identité européenne se reflète dans ses différences et son universalité. C’est en cela que cette exposition est tout à fait remarquable ». Elle se félicite d’ailleurs de « la grande commande publique « qu’elle a passée à 200 photographes pour « raconter la pandémie de covid-19 », et qui sera bientôt exposée à la Bibliothèque nationale de France.

"Traversées d'Europe" au Jardin du Luxembourg : "Une manière différente" de parler d'Europe
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« Des lieux que l’on n’identifie pas forcément, mais dans lesquels on se sent en Europe »

Sur l’une des photographies, à quelques mètres d’elle, de jeunes marins grecs en culottes-courtes et vareuses blanches, immortalisés sur un escalier de marbre, et que l’on dirait échappés d’un film de Pasolini ou de Visconti. Un plus loin, une vue panoramique de San Michele, l’île-cimetière de Venise, posée sur le miroir de la lagune. Ou encore ce train bleu à locomotive rouge, qui traverse à pleine vapeur un paysage verdoyant d’Europe de l’est, sous l’œil du Français Pascal Bastien. Malgré les milliers de kilomètres qui peuvent séparer deux prises de vues, un sentiment de proximité, de « déjà-vu » se dégage de la plupart des clichés. Clément Beaune salue ainsi le travail de « ce collectif de photographes européens qui met en évidence des lieux que l’on n’identifie pas forcément, mais dans lesquels on se sent en Europe. » Preuve selon lui que l’on peut parler d’identité et de construction européenne « autrement qu’avec des textes législatifs et des lois, mais aussi avec des photos, des images qui nous représentent. »

Les photographies de Pascal Bastien, Otto Hainzl, Luca Lupi, Mafalda Rakos, Paolo Verzone et Valerio Vincenzo sont à découvrir sur les grilles du Jardin du Luxembourg jusqu’au 27 février 2022.

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