Tensions entre l’exécutif et le Sénat autour de l’affaire Benalla : toutes les réactions politiques

Tensions entre l’exécutif et le Sénat autour de l’affaire Benalla : toutes les réactions politiques

« Un coup politique » du Sénat pour Benjamin Griveaux. Édouard Philippe qui annule sa venue aux questions d’actualité et Richard Ferrand qui boycotte un déplacement prévu avec Gérard Larcher. Quand l’affaire Benalla se mue en crise politique entre le Sénat et la majorité présidentielle.
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Gérard Larcher a beau avoir indiqué « n’être en guerre contre personne » que « c'est simplement l'application du droit, rien que le droit, tout le droit », la décision du Bureau du Sénat, ce jeudi, de transmettre à la justice les témoignages faits sous serment de plusieurs collaborateurs de l’Élysée devant la commission d’enquête, a provoqué des tensions sans précédent entre l’actuelle majorité et la chambre haute. Si la saisine du parquet était attendue pour les cas de Vincent Crase et Alexandre Benalla, le doute subsistait sur les cas d’Alexis Kohler, secrétaire général de l’Élysée, de Patrick Strzoda directeur de cabinet de l’Élysée et du général, Lionel Lavergne patron du GSPR. 

Toutefois, concernant Alexis Kohler et le général Lavergne, le bureau a estimé qu’il n’y a pas « suffisamment d’éléments pour (les) suspecter, à ce stade, de faux témoignages », mais décide quand même de saisir la justice.

« Nous sommes dans le coup politique » pour Benjamin Griveaux

Affaire Benalla : le Sénat est dans un « coup politique » dénonce Griveaux
02:57

Réaction pratiquement immédiate de la part de l’exécutif par la voix de Benjamin Griveaux quelques minutes avant les questions d’actualité au gouvernement. « À un moment donné où la Haute assemblée devrait marquer l’importance de la période où on a besoin d’unité nationale, où on doit faire fi des petits jeux politiciens pour se rendre à l’intérêt général, je crois que la Haute assemblée n’est pas à ce rendez-vous » (…) « nous en sommes ni dans la raison, ni dans la mesure, nous sommes dans le coup politique » tacle-t-il.

Boycott du Sénat

Le Premier ministre, Édouard Philippe a lui carrément décidé de boycotter les questions d’actualité en signe de désaccord avec la décision de la chambre haute de saisir la justice du cas d'Alexandre Benalla, mais également de proches d'Emmanuel Macron.

Du côté de l’Assemblée nationale, c’est Richard Ferrand qui donne lui-même le ton en décidant de « ne plus participer » à une conférence commune prévue vendredi avec son homologue du Sénat Gérard Larcher. Le président de l’Assemblée nationale dénonce une utilisation des « fonctions de contrôle parlementaire à des fins politiciennes » par le Bureau du Sénat.

Le Sénat « détourne les institutions » pour Aurore Bergé

La députée LREM, Aurore Bergé accuse le Sénat de « détourner les institutions ». « S'attaquer à l'entourage du président de la République et à des hauts fonctionnaires qui servent l'État ne grandit pas l'institution » estime-t-elle.

Non, c’est le gouvernement « qui bloque les institutions » pour Patrick Kanner

Le président du groupe PS, Patrick Kanner accuse, sur Twitter, le gouvernement, de bloquer les institutions. « Ce serait faire de la politique politicienne que de demander à la justice si un délit a été commis ? Le Premier Ministre qui ne vient pas au Sénat, le Président de l'Assemblée qui boycotte le président du Sénat, ça s'appelle bloquer les institutions ».

Bruno Retailleau « très fier du Sénat »

Quant à Bruno Retailleau, son homologue au groupe LR du Sénat, il se dit « très fier du Sénat qui joue son rôle de contre-pouvoir avec sérieux. Et tant pis si l’idée même de contre-pouvoir n’est pas encore une notion familière pour certains. Ils finiront par s’habituer ».

François Patriat « surpris et indigné » par la décision du Bureau

Affaire Benalla : François Patriat, « surpris » et « indigné » après la décision du bureau du Sénat
02:28

Au sein de la Haute assemblée justement, les sénateurs sont divisés sur cette saisine de la justice. Parmi les plus véhément, c’est, sans surprise, le patron des sénateurs LREM, François Patriat qui sonne la charge. « Je suis surpris et en même temps indigné. Surpris, parce que je pensais que l’intelligence pouvait l’emporter et que la mesure pouvait l’emporter. Je suis indigné parce que l’opposition nationale a utilisé l’institution du Sénat pour faire une opération de règlement de comptes politiques et politiciens. » lâche-t-il au micro de Public Sénat.

« Le bureau met un gilet jaune au Sénat »

Le président du groupe centriste du Sénat, Hervé Marseille, regrette-lui aussi cette décision. « Je continue de penser que la mise en responsabilité d’un certain nombre d’autres responsables n’était pas indispensable, ni justifiée (..) Je veux croire que la décision avait un fondement juridique. Dans tous les cas, elle aura des conséquences politiques » veut-il croire avant de dénoncer « une alliance de circonstances entre les LR et les socialistes ».

Le sénateur centriste, Philippe Bonnecarrère va encore plus loin et considère que « le bureau met un gilet jaune au Sénat » en voulant « des poursuites vis-à-vis des collaborateurs du Président de la République ». Selon lui, le Bureau « vise personnellement le Président de la République ». « Revêtir un gilet jaune ne correspond pas à la vocation d’équilibre et de sagesse du Sénat ».

Membre du Bureau, Jean-Marc Gabouty sénateur (RDSE) et vice-président du Sénat trouve lui aussi, que l’argumentation et les conclusions (de la commission d’enquête) reposent sur des interprétations, sur des approximations, voire sur des inexactitudes pour les trois [hauts fonctionnaires] (…) On est un peu dans la finasserie. »

Affaire Benalla : « L’argumentation et les conclusions reposent sur des interprétations, sur des approximations, voire sur des inexactitudes » pour Jean-Marc Gabouty
03:23

« La commission des lois a adopté notre rapport à l’unanimité moins trois abstentions (…) Personne n’a contesté une seule affirmation de notre rapport (…) Il y a des personnes qui ont retenu une part significative de la vérité » lui répond indirectement Jean-Pierre Sueur, co-rapporteur PS de la commission d’enquête avant de rappeler : « Ce n’est pas du tout une question politique (…) Là où il n’y a pas de contrôle parlementaire, il n’y a pas de démocratie ».

Affaire Benalla : « On doit dire la vérité à une commission d’enquête » rappelle Jean-Pierre Sueur
04:32

Jean-Pierre Sueur se sent « insulté et humilié »

Et quand Jean-Pierre Sueur entend parler de « procès politique », il se sent « insulté, humilié ». « On ne me respecte pas. On dit que je fais de la politique politicienne, que j’ai un a priori ».

Affaire Benalla : « Je me sens insulté, humilité, je pense qu’on ne me respecte pas » déplore Jean-Pierre Sueur
05:34

Membre du bureau du Sénat, le sénateur communiste, Éric Bocquet rappelle à son tour que « Le Sénat a réaffirmé son indépendance, sa souveraineté, son autonomie. (…) C’était un rendez-vous à ne pas manquer. Personne n’aurait compris que le bureau déjuge le travail remarquable de la commission d’enquête, (…) [fait] avec la plus grande rigueur, sans aucun dérapage. La commission d’enquête est restée dans son couloir, tout du long, en ne mélangeant pas les genres et en respectant scrupuleusement la séparation des pouvoirs qui est essentielle dans cette République et cette démocratie. »

Affaire Benalla : « Ce n’est pas une déclaration de guerre » assure Eric Bocquet
02:39

« C’est grave de ne pas respecter son serment devant une commission d’enquête parlementaire » souligne Philippe Bas, le président LR de la commission d’enquête. « Parce que le serment, c’est pour le Parlement, le moyen d’effectuer sa mission d’enquête en toute objectivité, en toute confiance à l’égard des dépositions qui sont faites au cours de nos auditions. Si l’on veut préserver l’efficacité du contrôle parlementaire, si nécessaire dans une grande démocratie moderne, il faut absolument que ce serment soit respecté ».

Affaire Benalla : « C’est grave de ne pas respecter son serment » souligne Philippe Bas
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