Traitement des déchets nucléaires : « Il y a un risque de saturation de la Hague » selon l’IRSN
Auditionné par l’office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, le directeur général de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), Jean-Christophe Niel, avertit du risque que les piscines de traitement de déchets de la Hague soient pleines à horizon 2030. Et encore plus rapidement « en cas d’aléa ».

Traitement des déchets nucléaires : « Il y a un risque de saturation de la Hague » selon l’IRSN

Auditionné par l’office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, le directeur général de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), Jean-Christophe Niel, avertit du risque que les piscines de traitement de déchets de la Hague soient pleines à horizon 2030. Et encore plus rapidement « en cas d’aléa ».
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Par Jérôme Rabier

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C’est un site qui depuis longtemps est la bête noire des anti nucléaires : le site de la Hague, dans la Manche, et ses quatre piscines qui accueillent des combustibles nucléaires usités. Problème, il entre plus de nouveaux déchets qu’il n’en sort de ce site. Avec le risque de ne plus être en capacité de stocker l’ensemble de ces déchets dans 10 ans.

C’est en tout cas ce qu’affirme le directeur général de l’IRSN, Jean-Christophe Niel, lors de son audition devant les députés et sénateurs de l’office parlementaire des choix scientifiques et technologiques à qui il présentait le rapport annuel 2019 de l’Institut, publié dans la foulée de cette audition.

 

Risque de saturation à la Hague

 

Jean Christophe Niel a pris le temps d’expliquer les raisons de cette crainte : « Dans le domaine des installations nucléaires, une bonne base pour la durée d’installation c’est 10 ans. Si on veut éviter de se retrouver devant une situation difficile il faut l’anticiper 10 ans avant. » Et justement, les derniers examens de contrôle des stocks « avaient conclu à un risque de saturation des piscines de l’établissement de la Hague à une échéance 2030 ». En clair, c’est maintenant ou jamais qu’il faut prévoir d’autres solutions.

D’autant que cet horizon de 2030 sera atteint « en régime normal, sans aléas » selon une étude de l’IRSN. « Par contre s’il y a un aléa, par exemple sur l’usine Melox (dans le Gard ndlr) ou l’usine de la Hague, évidemment le remplissage des piscines peut être beaucoup plus rapide ».

 

Une urgence, plusieurs pistes

 

Le directeur général tire donc la sonnette d’alarme, comme l’a fait avant lui le gendarme du nucléaire, l’Autorité de sûreté nucléaire, devant les sénateurs le 28 mai dernier. « Il y a effectivement la nécessité de disposer à cette échéance-là de capacités supplémentaires » avertit-il. Avant de préciser qu’EDF semble avoir pris la mesure du problème puisque selon Jean-Christophe Niel, « EDF doit déposer un dossier de demande d’autorisation en fin d’année » pour la construction de nouvelles piscines centralisées. Et de préciser aussi, hasard ou pas du calendrier, qu’une publication a eu lieu aujourd’hui même au Journal Officiel, sur demande du ministère de la Transition écologique, prévoyant « une demande d’étude d’entreposage à sec », une technique jamais utilisée jusque là en France.

 

Des opposants déjà mobilisés

 

Cela ne règle pas la question de l’urgence, car dans les deux cas, nouvelles piscines ou entreposage à sec, le projet mettra du temps à voir le jour. Les premières rumeurs sur la construction de piscines, à la centrale de Belleville-sur-Loire dans le Cher, fédèrent déjà des opposants qui ne manqueront pas de déposer des recours pour tenter d’empêcher l’installation d’un tel équipement. La course contre la montre est lancée. Les parlementaires ont promis de surveiller avec attention ce sujet.

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