A l’initiative de Nadia Sollogoub, sénatrice centriste de la Nièvre et présidente du groupe d’amitié France – Ukraine, plus de 180 sénateurs, toutes sensibilités politiques confondues, ont signé une tribune pour faire respecter la convention de Genève, relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre. Ce mercredi, les élus espéraient rencontrer l’ambassadeur de Russie. Ils ont obtenu une fin de non-recevoir.
Ukraine : une délégation de sénateurs devant l’ambassade de Russie pour porter un « appel humanitaire »
A l’initiative de Nadia Sollogoub, sénatrice centriste de la Nièvre et présidente du groupe d’amitié France – Ukraine, plus de 180 sénateurs, toutes sensibilités politiques confondues, ont signé une tribune pour faire respecter la convention de Genève, relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre. Ce mercredi, les élus espéraient rencontrer l’ambassadeur de Russie. Ils ont obtenu une fin de non-recevoir.
Par Fanny Conquy
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Les signataires de cette tribune interpellent le gouvernement russeet exigent «avec la plus grande fermeté et la plus grande insistance, sans délai, d’ouvrir, respecter, exempter d’opérations militaires et sécuriser des couloirs humanitaires pour les populations qui souhaitent fuir vers l’Union européenne; de permettre l’acheminement du ravitaillement vers les populations civiles et l’intervention sécurisée des ONG; de mettre en œuvre un cessez-le-feu sans condition.»
Une injonction non négociable
Pour Nadia Sollogoub, il s’agit d’une injonction au gouvernement russe : «J’ai proposé à mes collègues une démarche collective et transpartisane. Nous sommes de nombreux élus représentants de tous les territoires. Et ce qui nous tient particulièrement à cœur, c’est le respect des termes de la convention de Genève. Nous avons l’évidence que les blessés ne sont pas évacués, que les civils ne sont pas ravitaillés. C’est sur ce point que nous souhaitons remettre une lettre à Monsieur l’ambassadeur de Russie pour le gouvernement de la fédération de Russie, qui a été signée par 180 sénateurs de toutes sensibilités politiques. Ce n’est pas un souhait c’est une injonction.C’est dans l’urgence, c’est maintenant et ce n’est pas négociable! Parce que c’est une convention internationale qui a été signée par la fédération de Russie, donc c’est le respect des accords qui ont été signés. »
Valérie Boyer, sénatrice LR des Bouches-du-Rhône, et présidente du groupe France Pologne, souligne l’exigence démocratique et humanitaire «pour le respect des conventions de Genève, mais aussi juste pour le respect des hommes, des femmes et des enfants qui sont dans l’extrême en souffrance. Aujourd’hui cette guerre on n’en comprend pas les enjeux, ni les objectifs, mais nous sommes là pour faire respecter le droit! C’est ce qui nous différencie: cette partie du monde où nous avons le privilège d’habiter, nous sommes dans des états de droits.Je pense aux hommes et femmes qui subissent cette guerre injuste, je pense aussi aux jeunes russes qui sont appelés, qui n’ont pas demandéà y être… On souhaite que ces choses-là s’arrêtent le plus vite possible, et que l’on entame une désescalade et des négociations.»
Pour le sénateur centriste de l’Allier, Claude Malhuret, il s’agit bien sûr de demander le rétablissement des couloirs humanitaires certes, mais cette mobilisation est aussi l’occasion de dénoncer avec fermeté la politique menée par Vladimir Poutine: «Il ne faut pas oublier que nous sommes des parlementaires, et qu’il faut aussi parler politique. Ça fait des années que je préviens de ce qu’est Poutine, de ce qu’il a fait, et de la façon dont on s’est couchés devant lui en Crimée, en Ossétie, en Géorgie etc… Le peuple français découvre aujourd’hui horrifié, ce qu’il n’avait pas compris jusqu’à présent. Nous le voyons puisque contrairement à Grosny, la presse, les caméras, les smartphones sont là… Et enfin on comprend ce qu’est un dictateur, une dictature et un système totalitaire! Evidemment on demande des couloirs humanitaires mais on dénonce aussi cette invasion et on dénonce ce qui se passe.»
Refonder les critères d’adhésion à l’Union européenne
Cette crise et la future reconstruction de l’Ukraine sont l’occasion de réfléchir aux processus d’adhésion à l’Union européenne selon le sénateur LREM des Hauts-de-Seine Hervé Gattolin. «Il ne s’agit pas de faire entrer l’Ukraine immédiatement dans l’Union mais il faut penser un système spécifique parce que ce pays va être à reconstruire, et aujourd’hui Kiev est malheureusement le cœur de l’Europe […] Nous devons refonder l’adhésion à l’UE non pas simplement sur des critères économiques, ou des respects fondamentaux des droits humains. Il faut aussi des critères géopolitiques. Il n’est pas possible qu’un pays adhère à l’Union, comme c’est le cas actuellement avec le pays candidat qu’est la Serbie, avec un tropisme pro russe et pro-chinois prononcé! Il faut savoir à quelle Europe nous appartenons et dans quelle direction nous voulons aller».
Fin de non-recevoir
Les sénateurs présents ce matin devant l’ambassade ont finalement obtenu une fin de non-recevoir de la part des autorités russes. Impossible d’être reçus par l’ambassadeur, ni même de simplement déposer le courrier rédigé: il a dû être remis à un agent de sécurité. Après avoir lu des extraits de la convention de Genève («Article 16: Les blessés et les malades, ainsi que les infirmes et les femmes enceintes seront l’objet d’une protection et d’un respect particuliers» …), pour signifier leur passage, les sénateurs ont accroché le texte aux grilles du bâtiment.
Une situation choquante pour la présidente du groupe d’amitié France Ukraine Nadia Sollogoub, à l’origine de cet appel: «Quand j’ai initié cette démarche je voulais dire des choses à l’ambassadeur, je n’étais pas la seule… un ambassadeur dans un pays est là pour faire du lien. On peut se parler entre personnes civilisées […] Là on ne peut même pas aller jusqu’à la boîte aux lettres… Je me doutais que ce ne serait pas chaleureux, mais un tel mépris c’est impensable[…] Encore, si j’étais en train de porter un message guerrier, ou contestable, ou polémique.. Mais là, il n’y a pas de polémique! Et on est traités comme de malpropres! »
« Un discours ferme et rassembleur ». Pour la députée centriste du groupe Renew, Fabienne Keller, les propos tenus par Ursula von der Leyen sont « absolument essentiels en ce moment historique où nous sommes en tension maximum avec Vladimir Poutine ». La présidente de l’exécutif européen a en effet annoncé une esquisse de nouvelles sanctions contre la Russie. Dans ce contexte, l’eurodéputée française estime que « la défense que l’on n’a pas voulue dans les années 50, s’impose à nous » désormais. « C’est un peu tard mais elle commence à réagir » Concernant le conflit israélo-palestinien, l’eurodéputé espagnol Javier Moreno Sanchez espère que qu’Ursula von der Leyen ira plus loin dans la condamnation des actes commis par l’Etat hébreu. « Ce que nous lui demandons, c’est qu’elle agisse avec la même fermeté dans les deux guerres qu’on a à nos portes ». A la surprise générale, la présidente de la Commission a annoncé vouloir suspendre une partie de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël, mais pour le social-démocrate, c’est l’ensemble de ce texte qui doit remis en cause. Mais pour l’eurodéputé espagnol, l’urgence est de ne pas revenir sur les grands textes des précédentes mandatures de la Commission. Qu’il s’agisse du pacte migratoire ou des mesures écologiques, « il ne faut pas qu’Ursula von der Leyen démonte les propositions qu’elle a faites (…) on ne savait pas que la droite traditionnelle pro-européenne allait jouer avec l’extrême droite ». « Ce n’est pas une Europe sociale, mais une Europe militariste » Le groupe des Conservateurs et réformistes est nettement plus critique vis-à-vis du grand oral de la présidente de la commission. L’élu roumain Gheorghe Piperea souhaite la démission de la commissaire allemande. En juillet, il faisait déjà partie de ceux qui avait voté une motion de censure à l’encontre de cette dernière. Pour cet eurodéputé conservateur l’Union européenne nourrirait le conflit ukrainien en multipliant ses aides, notamment militaires. Ce député a par ailleurs dénoncé l’accord commercial conclu « sur un terrain de golf en Ecosse » entre Ursula von der Leyen et Donald Trump, le qualifiant « d’échec ». Retrouver l’intégralité de l’émission en intégralité ici
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