Vaccination en Outre-mer : « Les fake news ont fait beaucoup de mal », reconnaît Sébastien Lecornu

Vaccination en Outre-mer : « Les fake news ont fait beaucoup de mal », reconnaît Sébastien Lecornu

Sébastien Lecornu était auditionné ce vendredi par la mission sénatoriale sur les effets des mesures de confinement. En Outre-mer, la couverture vaccinale reste trop basse dans certains territoires. Ce qui « peut être un véritable verrou pour réussir le plan de relance », prévient le ministre.
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C’est depuis la Nouvelle Calédonie, où il effectue sa septaine, que Sébastien Lecornu a répondu aux questions des sénateurs, ce vendredi. Un mois après le prolongement de l’Etat d’urgence jusqu’au 15 novembre dans les territoires d’Outre-mer, « la situation sanitaire est encore très préoccupante dans la plupart des territoires », a d’abord indiqué le ministre des Outre-mer, estimant « que si l’épidémie se conjugue au passé en métropole, elle est bel et bien présente pour les citoyens ultramarins », en particulier en Guyane, en Martinique, en Guadeloupe, en Polynésie et en Nouvelle Calédonie.

Et comme il y a quelques jours, lors de la table ronde sur la situation en Outre-Mer, organisée là encore, par la mission sénatoriale, les échanges entre parlementaires et le ministre se sont concentrés sur la vaccination.

Tout d’abord, le ministre l’assure. « Les mesures de freinage ont été uniformes sur l’ensemble des territoires de la République en mars 2020 ». Depuis le début de l’épidémie, le gouvernement a envoyé 8 000 professionnels de santé en renfort dans les territoires ultramarins.

« Les territoires ultramarins sont les premiers à avoir reçu leurs doses de vaccins »

Le sénateur centriste Jean-Michel Arnaud, corapporteur de la mission, veut en savoir plus sur l’origine « des blocages » face à la vaccination. « La vaccination reste « le point sensible de la gestion de la crise sanitaire en Outre-mer […] Ce n’est pas un problème de moyens […] Je vais être très clair. Les territoires ultramarins sont les premiers à avoir reçu leurs doses, dès le 10 et le 11 janvier », rappelle-t-il, pour autant, c’est en partie un échec », constate-t-il.

Première raison, la temporalité de l’épidémie a été différente dans certains territoires. « En Nouvelle Calédonie, on est passé d’une situation de covid free à une situation où le covid rentre. Il y a eu un moment de sidération. En Polynésie française […] l’épidémie n’était pas une réalité du quotidien, c’est quelque chose qu’on regardait à la télé. La vaccination n’était pas une urgence pour eux. Et quand on a eu 2 000 cas pour 100 000 habitants cet été, c’est ce qui a créé l’électrochoc pour la vaccination », a-t-il développé.

Ensuite, « il ne faut pas raconter d’histoires, ce sont des territoires dans lesquelles les fake news sur les boucles WhatsApp privées et sur les réseaux sociaux ont fait un mal épouvantable. Il y avait des journalistes locaux qui me posaient des questions sur la base de ces fake news », narre-t-il expliquant « qu’on était dans un schéma qui n’était plus rationnel ».

« Troisième chose, certains ont voulu opposer les pharmacopées locales avec la vaccination […] Le traitement médicamenteux par les plantes est quand même très limité sur le covid », souligne-t-il.

Sébastien Lecornu estime enfin « que certaines élites religieuses, sportives, culturelles se sont parfois gâchées avec des messages ambigus sur la vaccination. Ça n’aide pas ».

« On m’a traité de nazi »

L’ancien ministre des Outre-mer, et sénateur PS de Guadeloupe, Victorin Lurel confirme « qu’il y a un problème de sécurité pour ceux qui pratiquent la vaccination. Son groupe parlementaire a déposé une proposition de loi visant à la rendre obligatoire, examinée le 13 octobre, et « on m’a traité de nazi parce que je demande aux Guadeloupéens et à mes compatriotes d’Outre-mer de se faire vacciner », révèle-t-il avant d’appeler à dépasser les clivages politiques sur cette question. En Guadeloupe, seule 26 % de la population ont un schéma vaccinal complet.

« Les effets de la crise ont été moins importants dans les territoires d’Outre-mer que dans l’hexagone »

A une question du rapporteur LR, Roger Karoutchi qui s’inquiète de l’avenir du tourisme et de la relance dans ces territoires, Sébastien Lecornu s’est montré plutôt optimiste. « Au moment où je vous parle, à court terme, les effets de la crise ont été moins importants dans les territoires d’Outre-mer que dans l’hexagone ». Plusieurs raisons à cela, la surreprésentation de la dépense publique et de l’emploi public, ce qui est une fragilité en temps normal, mais une protection en cas d’épidémie. De même, la résilience des territoires ultramarins a été plus forte en matière agricole, « la transformation agricole a été accélérée » pendant l’épidémie. « Si on met des chiffres, on est entre moins 8 % de PIB dans l’hexagone et entre moins 3 et moins 6 % dans les territoires ultramarins. Evidemment le quoiqu’il en coûte explique en partie cela ». 6 milliards d’euros (plan de relance, prêt garanti par l’Etat) ont été destinés à l’Outre-mer.

Vaccination faible : « Un verrou pour réussir le plan de relance »

Sébastien Lecornu finit, néanmoins, son développement par un avertissement. « Je ne suis pas optimiste sur l’évolution de l’épidémie sur un certain nombre de territoires, là où la vaccination est faible […] ça va être un véritable verrou pour réussir le plan de relance. Un certain nombre d’investisseurs privés attendent de voir comment avance cette vaccination avant d’enclencher des investissements ».

La mission d’information présidée par le socialiste Bernard Jomier se rendra en Martinique, en Guadeloupe, à Saint Barthélemy et à Saint Martin, du 17 au 22 octobre, avant d’auditionner Olivier Véran, à la fin de l’année.

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