Vente des Rafale à la Grèce : bonne nouvelle pour l’export mais des inquiétudes pour l’Armée de l’air

Vente des Rafale à la Grèce : bonne nouvelle pour l’export mais des inquiétudes pour l’Armée de l’air

C’est a priori une bonne nouvelle pour les exportations françaises : la France va vendre 18 Rafale à la Grèce. Mais pour satisfaire au plus vite la commande, une partie sera prélevée sur la flotte existante de Rafale actuellement utilisée par l’Armée française, laissant craindre un affaiblissement des capacités opérationnelles des forces aériennes. Une situation qui inquiète les sénateurs.
Public Sénat

Par Jonathan Dupriez et Quentin Calmet

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Publié le

Base de Vélizy-Villacoublay, au petit matin. Jeudi 15 octobre 2020, un Airbus A400M de l’Armée de l’air embarque dix sénateurs à son bord, direction Evreux, dans l’Eure. 25 minutes de vol plus tard, la commission de la défense et des forces armées du Sénat arrive sur la base aérienne 105. Les sénateurs viennent, entre autres, pour juger sur place et sur pièce, de la bonne exécution de la loi de programmation militaire (LPM). Cette loi prévoit de porter sur la période 2019-2025, le budget de la défense, à hauteur de 2% du PIB. Entre présentation des grandes lignes stratégiques des forces aériennes, démonstrations dynamiques et statiques, l’idée est aussi pour les sénateurs de voir si l’Armée de l’air, a les moyens de ses ambitions.

18 Rafale vendus à la Grèce

À quelques semaines de l’examen du budget, l’un des thèmes du moment pour les parlementaires est la vente des Rafale à la Grèce. Premier pays européen à s’équiper d’un avion de chasse français, la Grèce veut acheter 18 de ces aéronefs de combat Dassault. Six Rafale neufs et douze Rafale d’occasion. Dans le contexte de regain de tensions avec la Turquie, la Grèce compte disposer de ces Rafale au plus vite. Pour satisfaire cette exigence, les 12 Rafale d’occasion seront ainsi prélevés sur la flotte de 102 appareils, actuellement utilisée par l’Armée de l’air.  

« Trou capacitaire »

Si c’est une bonne nouvelle pour l’industrie française, les parlementaires restent vigilants : certains sénateurs s'inquiètent d’un « trou capacitaire », créé par cette vente très urgente de nos Rafale. En clair, l’Armée de l’air, qui souffre déjà d’un manque structurel d’aéronefs, pourrait perdre temporairement 10% de sa flotte opérationnelle de Rafale. Les capacités militaires aériennes françaises pourraient s’en trouver altérées voire affaiblies temporairement. Dans les colonnes du Monde, l’entourage de la ministre des Armées, Florence Parly, admet un « creux » mais assure vouloir le «minorer pour qu’il n’ait pas de conséquences opérationnelles. »

Pas d’acquisition « d’appareils neufs à budget constant » pour les sénateurs

Florence Parly assure également que ces 12 appareils prélevés sur le stock français seront remplacés par des appareils neufs, nouvelle génération, des Rafale F4. Or, la loi de programmation militaire ne prévoit pas pour le moment leur financement. Les sénateurs de la commission de la défense plaident donc pour que les recettes de la vente des Rafale à la Grèce, reviennent mécaniquement au ministère des Armées, afin de financer l’équipement des nouveaux avions de combat français. « La vente d’appareils actuellement en service doit contribuer au financement d’appareils neufs » précise la commission de la Défense du Sénat dans un communiqué. « Ces appareils neufs ne sauraient, en tout état de cause, être acquis à budget constant, au détriment d’autres programmes » ont fait savoir les sénateurs.

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