gendarmerie

Violences : les agressions sur les gendarmes en hausse de 76% depuis 10 ans

Lors de son audition par la mission d’information relative aux moyens d’action et aux méthodes d’intervention de la police et de la gendarmerie, le directeur général de la gendarmerie nationale a pointé du doigt une forte hausse des agressions sur les gendarmes.
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

« Nous sommes inquiets, suite à plusieurs polémiques, concernant les méthodes d’interpellation, et les moyens mis à disposition de la police et de la gendarmerie ». Tels sont les mots du président de la commission des Lois, Philippe Bas, lorsqu’il introduit, ce mercredi, l’audition de Christian Rodriguez, directeur général de la gendarmerie nationale. Dans un contexte où les services de police et de gendarmerie sont régulièrement mis en cause suite à de violentes interpellations, ayant parfois entraîné la mort de l’interpellé, le sénateur LR a tenu à préciser l’objectif de la mission d’information. « Conduite par Maryse Carrère et Catherine Di Folco, la mission d’information vise à mieux comprendre les exigences de l’efficacité de nos services de sécurité et de mettre en évidence la difficulté de la tâche des gendarmes et policiers français ».

Une évolution des techniques d’interpellation chez les gendarmes

Interrogé spécifiquement sur les méthodes mises à disposition des gendarmes au cours d’une interpellation, Christian Rodriguez détaille une doctrine conditionnée à deux principes : la nécessité et la proportionnalité. Il explique que les techniques d’intervention connaissent une évolution constante, avec notamment la mise en cause de la controversée technique de l’étranglement. « Des travaux sont en cours pour renforcer les techniques d’intervention pour limiter les risques au maximum », détaille le gendarme. Philippe Bas rebondit sur le sujet, l’interrogeant sur la raison qui a poussé les gendarmes à supprimer la technique de l’étranglement. « Cette technique a été abandonné dès 2002 », répond Christian Rodriguez. « Nous nous sommes rendus compte que cette technique de neutralisation, si elle était mal employée, présentait des risques et pouvait entraîner des conséquences que nous ne pouvions pas assumer. »

Une hausse de 76% des agressions physiques sur les gendarmes

« Le pouvoir de contrainte physique est exorbitant du droit commun, il est donc légitime de s’interroger à son sujet », commence Christian Rodriguez. « Cette force doit être mise au service de la protection des citoyens. La première mission de la gendarmerie est la prévention et la protection. Chaque mort ou blessé au cours d’une intervention est un échec. » Le directeur général de la gendarmerie nationale égraine ensuite une série de chiffres pour illustrer le contexte « difficile », soutient-il, dans lesquels les gendarmes exercent leur activité. « Depuis 2010, le nombre d’agressions physiques sur les gendarmes a augmenté de 76%. Les agressions avec armes ont été multipliées par deux, et le volume des gendarmes blessés a augmenté de 63%. En 2019, 2300 gendarmes ont été blessés du fait d’une agression, ce qui constitue une augmentation de 72% par rapport à 2012. Et depuis 2012, on compte 8 gendarmes tués par agression. »Le 15 juillet dernier, un pompier qui intervenait dans l’Essonne, tentant de circonscrire l’incendie d’un véhicule à Etampes, avait été blessé à la jambe, par balle. Invité du 20h de TF1, ce 21 juillet, Emmanuel Macron a par ailleurs assuré qu’il serait « intraitable » sur les incivilités à l’égard notamment des forces de l’ordre et des pompiers. « Je l'ai toujours dit et je le redis avec fermeté, c'est la tolérance zéro. Toute personne qui porte justement l'autorité républicaine, toute personne qui appartient à nos forces de sécurité intérieure ou qui agit pour servir, pompiers, aussi soignants (…) mérite le respect et nous ne tolérerons aucun écart » a déclaré le président de la République. Questionné sur les raisons qui, selon Christian Rodriguez, pourraient expliquer cette hausse des actes d’agressions à l’encontre des forces de l’ordre, le directeur général de la gendarmerie nationale répond : « Je pense que nous sommes dans une période où une grande partie de la population a un rapport compliqué aux règles. »

Partager cet article

Dans la même thématique

Buste de Marianne
2min

Politique

Sondage : 76% des Français s’intéressent aux prochaines municipales

Comme lors des précédentes élections municipales, le thème de la « sécurité et de la lutte contre la délinquance » se dégage largement comme prioritaire pour 50% des Français interrogés, en particulier chez les sympathisants de droite et d’extrême droite, dans un sondage Odoxa pour Public Sénat et la presse régionale. La santé et le niveau des impôts locaux suivent, avec 35% de citations chacun.

Le

107th anniversary of the 1918 Armistice
3min

Politique

Sondage : Sébastien Lecornu reste beaucoup moins impopulaire qu’Emmanuel Macron

L'impopularité du Premier ministre est bien moindre que celle du chef de l’Etat : Sébastien Lecornu bénéficie de 35% d’opinions favorables contre 21% pour Emmanuel Macron, selon le dernier baromètre Odoxa de décembre 2025. Cet écart s'est même creusé, puisque le locataire de Matignon a progressé de 5 points depuis octobre tandis que le président stagne.

Le

3min

Politique

Municipales : le front « anti-LFI » désormais plus fort que le front « anti-RN »

59% des Français sont disposés à se reporter sur un candidat qui ne bénéficie pas de leurs faveurs politiques afin d'empêcher LFI de l’emporter aux prochaines municipales. Ce chiffre dépasse de loin les 44% qui se disent prêts à faire de même contre le RN, selon un sondage Odoxa pour Public Sénat et la presse régionale. C’est au sein de la droite et du centre que le sentiment anti-LFI s’exprime avec le plus de force.

Le

Violences : les agressions sur les gendarmes en hausse de 76% depuis 10 ans
4min

Politique

Budget : « Nous avons tout à fait matière à trouver le compromis », estime la ministre de l’Action et des Comptes publics

Adopté sans surprise par les sénateurs, le projet de loi de finances éveille malgré tout des crispations au sein de la Chambre haute, le chiffre du déficit avoisinant désormais les 5,3% du PIB, loin de la volonté de la majorité sénatoriale de le contenir à 4,7%. La pression s’accroit et se déporte désormais sur la commission mixte paritaire qui se tiendra les 19 et 20 décembre.

Le