Visites ministérielles : les sénateurs LR quittent l’hémicycle en signe de protestation
Les sénateurs LR ont quitté l’hémicycle pendant les questions d’actualité au gouvernement. Ils n’ont pas apprécié la réponse de Sibeth Ndiaye sur l’organisation des visites ministérielles. Ils accusent le gouvernement de vouloir privilégier les députés LREM et leur circonscription, alors qu’un seul parlementaire est autorisé à cause du Covid.

Visites ministérielles : les sénateurs LR quittent l’hémicycle en signe de protestation

Les sénateurs LR ont quitté l’hémicycle pendant les questions d’actualité au gouvernement. Ils n’ont pas apprécié la réponse de Sibeth Ndiaye sur l’organisation des visites ministérielles. Ils accusent le gouvernement de vouloir privilégier les députés LREM et leur circonscription, alors qu’un seul parlementaire est autorisé à cause du Covid.
Public Sénat

Par Public Sénat

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

Manifestation de mauvaise humeur des sénateurs LR, ce mercredi, lors des questions d’actualité au gouvernement au Sénat. La quasi-totalité d’entre eux a quitté l’hémicycle, faire rare à la Haute assemblée, pendant la réponse de la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, sur l’organisation des visites ministérielles (voir à 4'10 dans la vidéo).

Certains parlementaires seraient « devenus persona non grata »

Selon Hugues Saury, sénateur LR du Loiret, les parlementaires d’oppositions, en particulier les sénateurs, seraient oubliés ces derniers temps. « Quand un ministre se déplace, les moyens de la Républiques sont mis à sa disposition. Ils devraient dans ces conditions se faire un devoir de laisser de côté toute attitude qui viendrait à favoriser les représentants d’une chambre plutôt qu'une autre ou pire, faire en sorte que sa famille politique soit favorisée » souligne le sénateur. Alors que les préfets ont précisé par écrit qu’un seul parlementaire devait représenter « l’ensemble des parlementaires » pour le respect des gestes barrières, « le hasard faisant bien les choses, il semblerait que très majoritairement, les circonscriptions concernées (par les déplacements), soient celles détenues par les députés LREM ou de votre majorité » ajoute Hugues Saury.

Il prend exemple sur son département du Loiret, mais aussi la Saône-et-Loire, les Yvelines, la Haute-Garonne ou l’Oise. Certains parlementaires seraient « devenus persona non grata, leur présence républicaine n’était pas la bienvenue ». Si le sénateur LR déplore la situation, dans le passé, les ministres de gauche, comme de droite, ont pourtant aussi pu choisir leurs déplacements dans les villes ou circonscriptions de leur famille politique. Mais plusieurs parlementaires étaient autorisés.

« Il ne faut y voir aucune malice politique, ni aucun privilège » assure Sibeth Ndiaye

Selon la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, « il ne faut y voir aucune malice politique, ni aucun privilège adressé à qui que ce soit ». Il ne s’agit que de « l’application stricte des gestes barrières », même si elle conçoit « qu’il soit parfois difficile de comprendre ces situations ».

Pendant le confinement, les déplacements ont été « réduits au strict nécessaire ». « Depuis le 11 mai, cette situation particulière, malgré tout, perdure, même si les conditions sanitaires se sont améliorées » a-t-elle reconnu. « Depuis le 11 mai, c’est l’intelligence collective qui doit dominer » ajoute la porte-parole. Une réponse pas suffisante aux yeux des sénateurs LR qui se sont levés et sont partis.

« C’est la République qui est en jeu » selon Bruno Retailleau, qui accuse le gouvernement de « privatiser les moyens de l’Etat »

Une démarche assumée par leur patron, Bruno Retailleau. « Peut-on privatiser, instrumentaliser les moyens de l’Etat au profit d’un seul parti ? » a demandé après l’incident de séance le président de groupe, sur Public Sénat. « L’Etat n’a pas à être confisqué de cette façon lors des visites ministérielles ». La réponse de la porte-parole du gouvernement sur les gestes barrières, « franchement, c’est se fiche de la tête des gens. Ça ne trompera personne » lance Bruno Retailleau. C’est face à « une réponse qui se moque de nous, que nous avons quitté l’hémicycle. (…) Au-delà de nous, c’est la République qui est en jeu » va jusqu’à dire le sénateur de Vendée, quitte à grossir un peu le trait.

Le sénateur LR du Val-de-Marne, Christian Cambon, y va aussi de son exemple. « Il y a des départements où les préfets dissuadent les sénateurs n’appartenant pas à En marche, d’être présents », assure sur notre antenne le président de la commission des affaires étrangères et de la défense. Il affirme que son collègue « Jacques Grosperrin est en mesure de montrer une photo où un préfet en uniforme le chasse d’une manifestation mémorielle ».

« De la politique politicienne qui n’a pas sa place dans ce moment » pour Agnès Pannier-Runacher

Une polémique qui n’est pas au niveau de la situation, tacle la secrétaire d’Etat Agnès Pannier-Runacher. « On est au milieu d’une crise sanitaire et économique très grave. Ça ne paraît pas du tout au niveau des attentes des Français. J’ai fait des déplacements ministériels (…) qui sont organisés de façon très resserrée. Un coup c’est quelqu’un de l’opposition, un coup non » répond sur Public Sénat la secrétaire d'Etat. Elle y voit avant tout une « petite polémique », « c’est de la politique politicienne, ça n’a pas sa place dans ce moment ».

Polémique sur les déplacements ministériels: de la "politique politicienne" pour Agnès Pannier-Runacher
01:46

Partager cet article

Dans la même thématique

Municipales 2026 : pourquoi le prochain mandat des maires pourrait durer sept ans, au lieu de six
4min

Politique

Municipales 2026 : pourquoi le prochain mandat des maires pourrait durer sept ans, au lieu de six

La question d’un report des élections municipales de 2032 est à l’étude au ministère de l’Intérieur, en raison de la proximité d’un trop grand nombre de scrutins, notamment la présidentielle. Si le calendrier devait être révisé, et avec lui la durée du mandat des maires élus l’an prochain, cela nécessiterait une loi. Ce serait loin d’être une première sous la Ve République.

Le

French L1 football match between Olympique Lyonnais (OL) and Le Havre AC
8min

Politique

Salaires exorbitants, conflits d’intérêts, droits TV : retour sur la commission d’enquête qui a mis un carton rouge au Foot business

Série- Les enquêtes du Sénat. C’est une commission d’enquête qui a connu de nombreux soubresauts. Alors que le football professionnel traversait une crise majeure liée aux revenus des droits TV, les sénateurs Laurent Lafon et Michel Savin ont lancé une commission d’enquête pour encadrer le sport professionnel. Entre auditions, visite du siège de la Ligue de football et révélations de Complément d’enquête, retour sur les préconisations de la commission d’enquête pour stopper le Foot business.

Le

Le Mans Manifestation des maires de la Sarthe
4min

Politique

Elections municipales : il n’y a jamais eu autant de maires démissionnaires depuis 2020

Le nombre d’édiles qui renoncent à poursuivre leur mandat n’a jamais été aussi élevé, selon une étude de l'Observatoire de la démocratie de proximité AMF-Cevipof/SciencesPo. Les démissions ont été multipliées par quatre depuis 2020 par rapport à la période 2008-2014. Les tensions au sein des Conseils municipaux sont invoquées comme première cause de renoncement.

Le

capture La bomba
3min

Politique

Les « films de l’été » 5/8 : « La bombe atomique a modifié à jamais le monde dans lequel nous vivons »

Pour les Américains, la bombe atomique était LA solution nécessaire pour gagner la Seconde Guerre mondiale. Elle est devenue par la suite un problème environnemental, politique et moral. Comment vivre avec une invention capable de détruire la planète ? Étayé d'images et de vidéos déclassifiées, mais aussi d'archives poignantes consacrées aux victimes d'Hiroshima et de Nagasaki, « La bombe », du cinéaste américain Rushmore DeNooyer, diffusé cet été sur Public Sénat, convoque également les témoignages d'anciens hommes politiques, d'ingénieurs du projet Manhattan et d'historiens pour raconter cette histoire scientifique, politique et culturelle.

Le