Le chef de l'Etat a prononcé jeudi 25 avril à la Sorbonne un long discours pour appeler les 27 à bâtir une « Europe puissance ». À l’approche des élections européennes, son intervention apparait aussi comme une manière de dynamiser une campagne électorale dans laquelle la majorité présidentielle peine à percer. Interrogés par Public Sénat, les communicants Philippe Moreau-Chevrolet et Emilie Zapalski décryptent la stratégie du chef de l’Etat.
« Vous avez ouvert les portes de l’abîme du mécontentement », accuse Bruno Retailleau
Par Helena Berkaoui
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Affaibli par le mouvement des gilets jaunes, le chef du gouvernement s'est exprimé ce jeudi devant le Sénat, comme il l'avait fait hier à l'Assemblée nationale. Le président du groupe Les Républicains, majoritaire au Sénat, juge durement la gestion de cette crise politique par l'exécutif et l'enjoint à prendre des mesures fortes contre les casseurs « sans fausse pudeur ».
Le ton grave, le chef de file des Républicains au Sénat, Bruno Retailleau, a exprimé sa colère face aux dégradations, dont la profanation de la tombe du soldat inconnu, samedi dernier en marge de la manifestation des gilets jaunes. « Ces actes ne sont pas des actes de résistances ce sont des actes de barbarie », s’est-il indigné avant d’appeler le Premier ministre à « casser les casseurs ». Rappelant la proposition de loi qu’il avait déposée sur les Black blocs, il a enjoint l’exécutif à prendre des dispositions fortes.
« Les Français n’ont pas besoin qu’on leur fasse de la pédagogie pour savoir ce qu’est une taxe »
Bruno Retailleau a toutefois tenu à établir une différence entre la « France du grand déclassement » et « la France de l’ensauvagement ». « Depuis le début de cette grande colère vous avez semblé en décalage », a jugé le sénateur accusant le gouvernement de s’être enfermé dans « le déni » et d’avoir fait preuve d’une « forme d’arrogance » : « les Français n’ont pas besoin qu’on leur fasse de la pédagogie pour savoir ce qu’est une taxe », a-t-il lancé.
« Qu’est-ce que ce nouveau monde si ce n’est le prétexte à détruire l’ancien, à enjamber les corps intermédiaires, les maires (…) les partenaires sociaux, les présidents d’associations ? », a encore critiqué Bruno Retailleau. Il a également regretté les tergiversations de l’exécutif sur le retrait de la taxe sur le carburant : « Ce geste-là alors qui aurait pu paraître comme une main tendue, il est apparu comme une sorte d’aveux de faiblesse (…) Vous avez ouvert les portes de l’abîme du mécontentement », accuse-t-il.
Se livrant à une analyse plus globale de la crise de la démocratie, Bruno Retailleau presse le gouvernement de « redonner du sens à la nation » en réformant « le modèle social » loin du « projet d’émancipation individuelle », qu’il prête au gouvernement.