14 juillet : « Les hospitaliers avec des avions au-dessus de leurs têtes, un mélange des genres étonnant »

14 juillet : « Les hospitaliers avec des avions au-dessus de leurs têtes, un mélange des genres étonnant »

Pour des raisons sanitaires, il n’y aura pas de défilé militaire sur l’avenue des Champs-Élysées. Une cérémonie statique se tiendra place de la Concorde, avec hommage aux soignants civils. Nous avons interrogé les sénateurs pour savoir comment ils accueillaient ce 14 juillet un peu spécial. 
Public Sénat

Par Cécile Sixou

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Publié le

Cette année il n’y aura pas de char, ni de drone, pour parcourir l’avenue des Champs-Élysées le 14 juillet. Le traditionnel défilé national n’aura pas lieu, épidémie oblige. Une première depuis la fin de la seconde guerre mondiale, décidée par Emmanuel Macron, « compte tenu de la situation exceptionnelle que connaît actuellement notre pays et des incertitudes qui demeurent quant à l’évolution de la pandémie du Covid-19 au cours des prochaines semaines ». 
A la place, une cérémonie militaire statique se tiendra place de la Concorde et un hommage sera rendu aux soignants mobilisés dans la lutte contre le Covid-19. 

 

L’annulation d’un « symbole fort de notre unité nationale » 


Un 14 juillet sans défilé, « je trouve ça triste », déplore le sénateur LR du territoire de Belfort, Cédric Perrin. « C’est la première fois que l’on est contraint d’annuler », la parade des militaires est un « symbole fort de notre unité nationale ». Même sentiment pour Raymond Vall, sénateur RDSE du Gers. « Pour déjà avoir assisté au défilé, c’est un grand moment, une fierté pour notre pays, c’est le moment de voir l’importance de notre armée et de rendre hommage à tous ceux qui ont risqué leur vie pour notre pays. Les Français ne mesurent pas les capacités militaires de notre pays, ce défilé est aussi une manière de leur rappeler ».

 

« C’est un défilé où les gens se battent pour avoir une place sur les Champs-Élysées »

 

Jean-Marc Todeschini, sénateur socialiste de la Moselle « comprend » cette annulation. Il a organisé le défilé pendant deux ans lorsqu’il était Secrétaire d’État chargé des anciens combattants et de la mémoire entre 2014 et 2017, « c’est un défilé où les gens se battent pour avoir une place sur les Champs-Élysées pour le voir, dans ces conditions il est difficile d’assurer les conditions sanitaires ». Si selon lui, « les Français y sont très attachés, c’est un défilé regardé dans le monde entier, même Trump qui y avait participé en 2017 a voulu l’importer aux États-Unis », le respect des règles sanitaires est plus important. « Je me suis récemment opposé à l’installation des conseils municipaux élus le 15 mars, je ne vois pas pourquoi je défendrais la tenue d’un défilé aujourd’hui ». 

 

« On ne peut pas faire de demi-défilé » 

 

Une cérémonie se tiendra tout de même place de la Concorde avec un dispositif resserré de 2000 participants (contre 4300 l’an dernier) et 2500 invités. Pour Jean-Marie Bockel, sénateur centriste du Haut-Rhin « le défilé c’est tout ou rien, on ne peut pas faire de demi-défilé ». L’idée d’une cérémonie plus sobre est une bonne alternative selon lui. « Je ne suis pas choqué qu’il n’y ait pas de défilé. L’essentiel c’est que le 14 juillet soit marqué et célébré au niveau national de façon solennelle. La place de la Concorde, avec tout ce qu’elle symbolise marque cette solennité ». Le sénateur qui a perdu son fils, militaire, Pierre Bockel, dans l’accident entre deux hélicoptères de l’armée française au Mali souhaite que cette cérémonie « rende hommage aux morts et que d’une manière ou d’une autre, les armées soient à l’honneur le 14 juillet ». 
 

 

« Les hospitaliers avec des avions qui volent au-dessus de leurs têtes, un mélange des genres étonnant » 


Pour le moment, l’Élysée n’a pas donné de précision sur le déroulement de la cérémonie. Ce que l’on sait c’est que seul le défilé aérien sera maintenu et « la cérémonie mettra à l’honneur la participation des armées qui ont lutté contre le covid-19, à travers l’opération résilience et qu’elle rendra hommage aux personnels soignants que les Français ont applaudis chaque soir durant la période de confinement ainsi qu’à l’ensemble des acteurs mobilisés contre le virus ». Le président LR de la commission des Affaires étrangères du Sénat, Christian Cambon est « perplexe ». « J’attends de voir ce qui est prévu précisément mais les hospitaliers avec des avions qui volent au-dessus de leurs têtes, c’est un mélange des genres étonnant, on est dans la solution mi-chèvre, mi-chou » s’étonne-t-il. Il déplore de ne pas avoir été consulté sur la question. « Il aurait peut-être fallu supprimer l’événement cette année, il y a déjà eu tellement de manifestations supprimées. A la place on pouvait organiser des manifestations locales plus conviviales ». Le 14 juillet est une « fête populaire », selon lui, « là on va exclure le public, tout va se passer à la télé ». Pour le moment, l’événement n’est en effet pas ouvert au grand public mais la situation sera réévaluée d’ici le 14 juillet. Quant à l’hommage rendu aux personnels soignants, il estime que c’est un « symbole », et le corps médical attend « des moyens, pas des récompenses ». 

 

Ne pas oublier l’hommage aux « invisibles » 

 

Cet hommage aux soignants est « normal » pour Jean-Marie Bockel, c’est une « tradition » du 14 juillet de mettre des professions à l’honneur. « Ils ne sont pas à la place des militaires. Les soignants et les militaires, ça s’additionne ». Même constat, pour le sénateur RDSE Raymond Vall. « Pendant la pandémie, les militaires ont déployé un hôpital d’urgence à Mulhouse, on doit rendre hommage aux soignants qu’ils soient civils ou militaires ». « Ce sont eux qui ont été au front » estime quant à lui le sénateur LR Cédric Perrin. 

Jean-Marc Todeschini rappelle que les soignants ne sont pas les seuls à s’être révélés pendant cette crise, « il ne faut pas oublier tous les invisibles, les caissières, les éboueurs, etc.. » À eux aussi, il faudra leur rendre hommage. 

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