2022 : Jean Leonetti, « un sage » pour aider la droite à se trouver un candidat, saluent les sénateurs LR

2022 : Jean Leonetti, « un sage » pour aider la droite à se trouver un candidat, saluent les sénateurs LR

Le comité stratégique de LR nomme ce mercredi le maire d’Antibes organisateur de la primaire ou du système de départage de la droite pour la présidentielle. Après le psychodrame en Paca, une accélération du calendrier est indispensable aux yeux de Bruno Retailleau, alors qu’« aucun candidat n’écrase le match ».
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Quand elle ne se divise pas, la droite essaie tant bien que mal de trouver les voies du rassemblement. Après des semaines de psychodrame pour les régionales en Paca, suivie de déclarations iconoclastes, comme celle du numéro 2 Guillaume Peltier, les LR tentent de passer à autre chose. Et d’accélérer leur calendrier en vue de 2022. Un comité stratégique se réunit ce mercredi matin pour nommer le maire d’Antibes, Jean Leonetti, en Monsieur loyal chargé de mettre tout le monde d’accord sur un mode de désignation d’un ou une candidate pour la présidentielle.

Réunion autour de Gérard Larcher, Jean Leonetti et François Baroin

Le 2 juin dernier, une première réunion au Sénat, autour de Gérard Larcher, qui avait déjà commencé à plancher sur un « système de départage », s’est organisée avec Jean Leonetti et le président de l’Association des maires de France, François Baroin. Ils se sont de nouveau retrouvés ce mardi midi, à l’heure du déjeuner. Le politologue Pascal Perrineau était aussi présent. Dans l’entourage de Gérard Larcher, on parle « d’un rendez-vous important sur le départage » et de « travail collégial ». Un dernier point avant une « prise de température » demain au comité stratégique, « on va tester la réaction ». L’idée est de mettre en place « plusieurs collèges » électoraux, qui pourraient être les électeurs, les élus, les militants.

La formule magique ? A voir. Car dans un entretien au Figaro, Jean Leonetti rappelle que les statuts du parti prévoient une primaire ouverture, sans fermer la porte à un autre système. « Gérard Larcher n’a jamais arrêté de dialoguer avec tout le monde. L’idée d’une méthode de départage doit être maintenant actée par toutes les instances du mouvement LR. Nos statuts prévoient une primaire ouverte. La moindre des choses est de consulter nos militants pour savoir s’ils sont d’accord pour élaborer un mode de désignation le plus large possible et permettre aux candidats de la droite et du centre d’y participer », soutient le maire LR d’Antibes.

« Magistère moral de Leonetti »

Une chose au moins met tout le monde d’accord : le nom de Jean Leonetti. Il fait l’unanimité. « J’ai eu Jean Leonetti il y a quelques jours. Jean était le président du conseil national, il avait assuré temporairement l’intérim après Laurent Wauquiez, je pense qu’il est un homme de consensus qui pourrait convenir à tout le monde et faire ce travail très rapidement », réagit auprès de Public Sénat Bruno Retailleau, président du groupe LR du Sénat et candidat potentiel pour 2022. Regardez (vidéo de Quentin Calmet et Jonathan Dupriez) :

« Un bon choix, il a une bonne connaissance de notre famille politique, il est connu pour sa capacité de dialogue, de rigueur. C’est un peu l’homme de confiance », apprécie le sénateur Philippe Mouiller, secrétaire général adjoint des LR. « Jean Leonetti est considéré comme un sage », pour Stéphane Le Rudulier, sénateur LR des Bouches-du-Rhône. Le sénateur Jérôme Bascher, qui soutient plutôt Xavier Bertrand, salue « une sorte de magistère moral de Leonetti, ça vient de ses lois de bioéthique et de son comportement politique. Et personne à droite ne le soupçonne d’être plus dans un camp que dans un autre. Il a toujours été dans le camp de la famille ». Un plus, en ces temps de pré-présidentielle.

Accélération du calendrier

Reste que le calendrier peut surprendre. Les quelques fans des épisodes de la famille LR se souviendront que fin 2020, face aux tensions internes, le patron du parti, Christian Jacob, avait prévu d’attendre l’après régionales pour se pencher sur la présidentielle. Soit un candidat « naturel » devait s’imposer – de quoi ouvrir la porte à Xavier Bertrand, qui a quitté LR – soit une primaire ou un départage seraient organisés. Mais la politique est une fois encore une guerre de mouvement. Surtout qu’Emmanuel Macron part déjà en campagne.

« Nous avons décidé de proposer une accélération du calendrier lors du comité stratégique prévu mercredi. On voit bien qu’il y a des impatiences au sein de notre mouvement, entre ceux qui sont tentés de faire l’union des droites avec l’extrême droite et ceux qui envisagent de soutenir d’emblée Emmanuel Macron », justifie Jean Leonetti dans un entretien au Figaro. « L’ambition est donc d’être opérationnels dès la fin août, début septembre, pour avoir un candidat désigné à l’automne sous les couleurs de la droite et du centre. Mercredi, le comité stratégique doit se prononcer sur ce mode de départage, son accélération et ma désignation en tant qu’organisateur », précise le maire d’Antibes.

Bruno Retailleau veut « trancher le leadership, la ligne, les idées politiques »

« Nous avions évoqué la possibilité de voir émerger une candidature naturelle mais chacun peut constater aujourd’hui que ce n’est pas encore le cas », lâche Jean Leonetti. Une pierre jetée dans le jardin de Xavier Bertrand. Ce n’est pas pour déplaire à Bruno Retailleau, qui a poussé pour l’arrivée d’un Monsieur primaire. « Bien sûr qu’il faut accélérer », soutient le sénateur de Vendée, « quand aucun candidat n’écrase le match, ne s’impose, il faut recourir au vote, c’est-à-dire à la démocratie. C’est l’occasion de trancher le leadership, la ligne, les idées politiques, d’éviter du coup les positions parfois hasardeuses auxquelles on a eu droit ces dernières semaines et ce sera l’occasion aussi de rassembler notre famille politique, dire qu’on existe toujours et se mettre en ordre de bataille ».

Une accélération indispensable, selon François-Noël Buffet, président de la commission des lois du Sénat. « On ne peut plus attendre. Il y a urgence à rentrer dans la campagne présidentielle, qui va arriver très vite désormais », met en garde le sénateur LR du Rhône, qui ajoute :

Nous sommes tous conscients qu’il nous manque aujourd’hui un chef ou une cheffe, une autorité dans le parti.

Julien Aubert : « Je ne vois pas pourquoi on n’irait pas jusqu’à Eric Zemmour pour la primaire de 2022 »

François-Noël Buffet est en revanche « assez hostile aux primaires comme on les a connues, car les candidats se battent entre eux ». Même distance de la part de Stéphane Le Rudulier, sénateur LR des Bouches-du-Rhône, qui veut « éviter l’écueil passé des primaires 2016 qui a laissé beaucoup de traces ». Selon certains, s’il faut bouger, c’est aussi, et surtout, une question de survie. « Il faut un candidat, sinon on a vocation à disparaître, le mouvement risque d’exploser », craint un sénateur LR.

« La bonne nouvelle, c’est qu’on se lance dans un processus que j’espère irréversible de désignation d’un candidat », réagit le député LR Julien Aubert. Le député du Vaucluse préfère lui « un système de départage semi-ouvert, réservé aux adhérents LR et aux sympathisants qui prendront une adhésion de 15 euros ». Pour les candidatures, Julien Aubert imagine cette primaire très largement. « De la même façon qu’on allait en 2016 de NKM à Jean-Frédéric Poisson, je ne vois pas pourquoi on n’irait pas jusqu’à Eric Zemmour pour la primaire de 2022. Pourquoi pas de Lagarde (président de l’UDI, ndlr) à Zemmour ? Nicolas Dupont Aignan, ça ne me dérange pas non plus », assume le député.

Dominique Estrosi Sassone regrette qu’« on précipite à nouveau les choses »

Certains tiquent cependant sur le timing et cette accélération. « Je suis un peu étonné sur le calendrier, qu’on l’annonce maintenant », glisse Philippe Mouiller, « mais c’est bien qu’il y ait une recherche de solution ».

Dans le camp des soutiens à Xavier Bertrand, la sénatrice LR Dominique Estrosi Sassone, prend clairement ses distances avec l’idée de départage. « Je n’y suis pas favorable car notre candidat Xavier Bertrand n’y est pas favorable », dit-elle. « Je ne sais pas pourquoi on précipite à nouveau les choses. Ça vient troubler l’enchevêtrement des choses », regrette la sénatrice des Alpes-Maritimes. Elle reconnaît qu’« aujourd’hui, il n’y a pas de candidat qui sorte du lot. Encore que. Xavier Bertrand a une base de 15-16 %. Il est devant les autres candidats de droite. Voyons la dynamique après les régionales ». Mais pour certains amis de chez LR, la conclusion semble déjà faite.

« Qu’ils se démerdent ! »

Jean-Pierre Grand, sénateur ex-LR, toujours membre du groupe au Sénat, préfère s’amuser de la situation. « Xavier Bertrand a dit qu’il serait candidat quoi qu’il arrive. Expliquez-moi à quoi ça peut servir ? Tout ça, c’est pour amuser la galerie ! » lancé l’élu de l’Hérault. Une sénatrice sort à son tour de la réunion hebdomadaire du groupe LR. Elle préfère rester à distance des bisbilles internes. Avant de filer, elle lâche : « Qu’ils se démerdent ! » C’est en gros ce qu’essaient de faire les LR. Démerder la situation.

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