"Monsieur ne sentez-vous pas dans nos campagnes un vent mauvais se lever": l'inquiétude et la colère noircissent les pages des trois cahiers de...
A Charleville-Mézières, inquiétude et colère noircissent les pages des cahiers de doléances
"Monsieur ne sentez-vous pas dans nos campagnes un vent mauvais se lever": l'inquiétude et la colère noircissent les pages des trois cahiers de...
Par Fanny LATTACH
Temps de lecture :
4 min
Publié le
Mis à jour le
"Monsieur ne sentez-vous pas dans nos campagnes un vent mauvais se lever": l'inquiétude et la colère noircissent les pages des trois cahiers de doléances mis à disposition des habitants de Charleville-Mézières (Ardennes), préface du "grand débat" qui doit s'ouvrir mi-janvier pour tenter de faire remonter les propositions des citoyens.
"Les gilets jaunes ne sont qu'un début la France souffre, les Français n'en peuvent plus", écrit une plume anonyme sur un cahier format A4 gros carreaux, en libre accès depuis dix jours à l'entrée du centre d'action communal d'action sociale.
Écriture calligraphique ou maladroite, serrée, penchée, en majuscules, parfois illisible, messages courtois ou directs, souvent parsemés de fautes d'orthographe... Ils couchent sur le papier des revendications pêle-mêle et beaucoup de leur frustration, en s'adressant directement à Emmanuel Macron dans cet exercice cathartique inédit.
Certains soutiennent ouvertement les "gilets jaunes" et listent leurs doléances en écho à celles entendues sur les ronds-points: "revaloriser les retraites", "remettre l'ISF", "faire un référendum d'initiative citoyenne", "arrêté les taxes".
Parmi ces messages - pour la plupart datés mais non signés -, quelques-uns osent décliner leur identité, comme Nathalie Poirette qui demande à l'Etat de "remettre de l'humain dans cette société". "Je veux payer des impôts mais il faut que la charge soit équitablement répartie, c'est le consentement à l'impôt qui est en jeu!", écrit-elle à l'encre noire.
Les pages de ces cahiers ne comportent aucune insulte, même si parfois la colère l'emporte, comme ce 13 décembre lorsqu'une citoyenne excédée termine en lettres majuscules: "les handicapés, retraité, chômeurs et RSA eux ils crèvent. Réveillez-vous, démissionnez ou suicidez-vous !!!"
- "Premier pas" -
Que deviendront ces cris épistolaires ? "J'espère que ça va donner quelque chose, moi je vais revenir pour écrire que la chose importante c'est ne pas humilier les gens, ne pas écraser les gens", confie Antonio Doccula, 74 ans, à l'Hôtel de ville de Mézières où un cahier - jaune - contient cinq pages de doléances.
Les pages de ces cahiers ne comportent aucune insulte, même si parfois la colère l'emporte
AFP
A la mairie de Charleville aussi, le cahier se remplit doucement, certains s'épanchant sur une pleine page, qui pour souligner le manque de personnel dans les hôpitaux, qui pour dénoncer les suppressions des petites lignes ferroviaires.
"Quand j'ai entendu qu'il y avait ce cahier, j'ai pensé à ce que je mettrais dessus, j'y ai réfléchi", explique Walter L., travailleur handicapé de 52 ans, qui s'empare du stylo pour expliquer qu'avec 854 euros d'allocation et "tout ce qui augmente", il demande à Emmanuel Macron de tenir ses promesses de campagne.
"Soit ça l'intéresse de savoir ce qu'on pense, ou il se dit +c'est pour les calmer, les laisser cracher leur venin+", dit-il.
Charleville-Mézières, 47.000 habitants, en déclin démographique, avait connu des affrontements violents et des dégradations, les 1er et 8 décembre, pendant la mobilisation des "gilets jaunes".
Alors, en plus des cahiers de doléances, la municipalité a déjà organisé un débat et proposé aux volontaires d'enregistrer leurs messages par vidéo, sans forcément coller aux thèmes du "grand débat" national qui doit s'étendre de mi-janvier à début mars et vise à faire remonter les propositions des citoyens sur la transition écologique, la fiscalité, la démocratie et la citoyenneté, et la réforme de l'Etat.
"Tout le monde ne maîtrise pas suffisamment l'écrit pour se sentir autorisé à venir déposer une contribution. Il y a plein de gens que ça rebute. Je pense que les débats sont importants, que les gens ont besoin de parler et pour certains ça leur est plus facile de s'exprimer comme ça", estime le maire (LR) Boris Ravignon.
Au président de la République, un message limpide se termine ainsi: "Apprenez à nous écouter et se sera déjà un premier pas".
Alors que les relations se sont dégradées entre la majorité sénatoriale et le premier ministre, Sébastien Lecornu s’est rendu à la conférence des présidents du Sénat. Si le geste « a été salué par le président Larcher », il reste insuffisant pour gommer les « frustrations » de sénateurs qui apprennent maintenant les concessions faites au PS « en regardant la télé ». Cherchant à « dramatiser », selon l’un des participants, « il a dit que "censure vaudra démission et que ça vaudra dissolution" ».
Les sénateurs examinent ce jeudi la proposition de loi de Gabriel Attal élevant à titre posthume Alfred Dreyfus au grade de général de brigade. Les sénateurs PS, qui ont déposé un texte identique via Patrick Kanner, ont repris à leur compte le texte de l’ancien premier ministre pour lui permettre d’aller au bout, malgré les « réserves », voire l’opposition « d’Emmanuel Macron », selon le patron des sénateurs PS.
Reçu ce matin par le Premier ministre pour un point d’étape sur la première partie de la discussion budgétaire à l’Assemblée nationale, François Patriat considère que Sébastien Lecornu a choisi « une voie différente qui permettrait d’aboutir » à un accord sur le PLF, sans recours au 49-3.
Aux questions d’actualité au gouvernement du Sénat, le ministre des petites et moyennes entreprises et du commerce, Serge Papin a confirmé le lancement d’une procédure de suspension en France de la plateforme numérique du distributeur Shein au cœur d’une polémique après la vente de poupées à caractère pédopornographique sur son site.
Le
Le direct
Le Sénat adopte un texte pour lutter contre la vie chère dans les outre-mer
Le Sénat adopte un texte pour lutter contre la vie chère dans les outre-mer