A l’assemblée de La France insoumise, une évolution plutôt que la révolution
La France insoumise, réunie en "assemblée représentative" ce weekend au bois de Vincennes, doit répondre aux doutes et aux critiques internes...

A l’assemblée de La France insoumise, une évolution plutôt que la révolution

La France insoumise, réunie en "assemblée représentative" ce weekend au bois de Vincennes, doit répondre aux doutes et aux critiques internes...
Public Sénat

Par Baptiste BECQUART

Temps de lecture :

4 min

Publié le

La France insoumise, réunie en "assemblée représentative" ce weekend au bois de Vincennes, doit répondre aux doutes et aux critiques internes nés de son échec aux élections européennes, mais le mouvement et son leader Jean-Luc Mélenchon devraient privilégier l'évolution douce à la révolution.

"Les voies de Jean-Luc Mélenchon sont impénétrables", lâche à l'AFP Manuel Bompard, directeur des campagnes de LFI. Après une courte allocution le soir du 26 mai, la mine défaite après un résultat de 6,31% des voix très en deça des scores de la présidentielle (19,58%) et des législatives (11,1%), le leader charismatique a annoncé sur son blog: "après le 6 juin", "je proposerai une suite pour notre chemin et je dirai ce qu'il en sera pour moi".

A l'issue d'un suspense savamment entretenu des semaines durant, mais qui a laissé les militants à leur désarroi, M. Mélenchon s'exprimera dimanche en début d'après-midi. "Il ne faut pas y mettre un romantisme débridé", prévient son entourage, qui regrette "la pression extraordinaire" et "un malentendu" autour de ce rendez-vous annoncé. Une manière de dire, à l'unisson des différentes interventions ces derniers jours de lieutenants défendant Jean-Luc Mélenchon, qu'il ne faut pas attendre de "big bang" dimanche.

C'est pourtant ce que proposait la députée Clémentine Autain, réclamant une ligne moins clivante, davantage teintée d'espoir, et faisant en creux la critique du chef du groupe parlementaire. Une trentaine de cadres et militants ont quant à eux vilipendé dans une note interne le fonctionnement trop vertical du mouvement.

L'une des signataires, l'ancienne coordinatrice des programmes Charlotte Girard, a même claqué la porte quelques jours après, dénonçant une déconnexion entre le mouvement et la base populaire à laquelle il souhaite s'adresser. "Le mouvement n'est pas assez souple à l'heure actuelle" et des "erreurs stratégiques comme le mot d'ordre de référendum anti-Macron" n'ont pas pu être rectifiées à temps, explique à l'AFP un ancien candidat aux européennes.

- Plus de responsabilités pour Quatennens? -

Autant de bémols que les dirigeants ne peuvent plus minorer. Dans le texte ouvert actuellement à contributions puis soumis au vote ce weekend, ils annoncent la création d'une "coordination" entre les différents espaces politiques, d'un "pôle de respect des principes" chargé de guider l'action des groupes locaux, et d'un "forum politique" où se dérouleront les débats stratégiques. Ils ouvrent également le chantier d'une "fondation", "outil de travail idéologique et de formation", précise Manuel Bompard, et une "commission d'amélioration du mouvement".

Manuel Bompard, directeur des campagnes de LFI à Paris le 25 avril 2019
Manuel Bompard, directeur des campagnes de LFI à Paris le 25 avril 2019
AFP/Archives

Mais M. Bompard avertit: il ne s'agira jamais d'en revenir à la structure d'un parti. L'objectif de LFI, explique-t-il, est d'avancer par "la construction du consensus", par "synthèses successives", avec des "groupes locaux jouissant d'une grande liberté d'initiative" pour aider à "l'auto-organisation populaire" et une "participation individuelle" via des votes d'approbation sur la plateforme numérique, plutôt qu'au moyen "de débats structurés par des sections, fédérations, motions et courants".

L'un des cadres signataires de la note interne confie à l'AFP, sous couvert d'anonymat, craindre ce weekend "un coup de com' pour donner le change": "En l'état actuel du fonctionnement interne, ce sont ceux (à la direction) qui sont interpellés qui ont la main (...). Ce n'est pas dans le cadre de cette assemblée qu'on va trancher des décisions importantes, sauf à valider des choses" déjà convenues au sommet. Seul salut possible, selon lui, une assemblée constituante pour refonder le mouvement à la rentrée.

Pour marquer son évolution, la direction réfléchit à une "coordination plus collective, plus répartie", promet cependant Manuel Bompard, qui ne prévoit "pas forcément" de rester "coordinateur opérationnel" numéro 1, ayant désormais "un mandat européen à mener".

Pour lui succéder? Interrogé sur le nom d'Adrien Quatennens - qu'un député insoumis voit, auprès de l'AFP, "prendre davantage de responsabilités" à la direction du mouvement -, M. Bompard a indiqué: "Il fait partie de la jeune génération que LFI a su faire émerger, je souhaite qu'il participe à la coordination".

"Ils ont compris qu'il y a un besoin de changement de tête, mais ce n'est pas sûr que ça suffise à calmer les frustrations", observe une figure insoumise.

Partager cet article

Dans la même thématique

A l’assemblée de La France insoumise, une évolution plutôt que la révolution
9min

Politique

Budget : l’unité entre le PS et Les Ecologistes mise à mal par les discussions avec Sébastien Lecornu ?

Au moment où vont s’engager les discussions avec le premier ministre, Marine Tondelier, patronne des Ecologistes, marque sa différence avec le PS, se prononçant déjà pour le départ de Sébastien Lecornu. « On a notre stratégie et le PS a la sienne », assume le sénateur écolo Thomas Dossus. Elle veut « être au centre de la gauche », entre LFI et le PS, mais « il ne faut pas faire de grand écart qui fasse mal aux adducteurs », met-on en garde au PS…

Le

SIPA_01212671_000009
7min

Politique

Supprimer les avantages des anciens Premiers ministres : la mesure déjà adoptée au Sénat contre l’avis du gouvernement

Pour illustrer « la rupture » promise lors de son entrée en fonction, Sébastien Lecornu a indiqué vouloir supprimer les derniers avantages « à vie » qui sont encore accordés aux anciens membres du gouvernement. Un amendement en ce sens avait été adopté en janvier dernier lors de l’examen du budget 2025. Il allait plus loin et visait aussi les avantages des anciens présidents de la République. François Bayrou n’y était pas favorable et la mesure n’avait pas survécu à la navette parlementaire.

Le

Paris : Preparations for the handover ceremony of the new Prime minister
3min

Politique

Quels sont les avantages dont bénéficient les anciens Premiers ministres et ministres ?

Sébastien Lecornu a annoncé sa volonté de mettre un terme aux derniers privilèges accordés à vie aux anciens Premiers ministres, dans le cadre d’un effort global de réduction de la dépense publique. Une mesure qui concernerait actuellement 17 anciens locataires de Matignon, alors que ces avantages restent relativement limités.

Le