A l’Elysée, Emmanuel Macron fait l’éloge d’Edouard Philippe : des témoins racontent
Emmanuel Macron a remis la croix de Grand officier de la Légion d’honneur à Edouard Philippe pour ses plus de deux ans passés à Matignon. Le Président a salué la « fidélité » et la « loyauté » du maire du Havre. Ce qui n’empêche pas l’ex-locataire de Matignon de préparer la suite par petites touches…

A l’Elysée, Emmanuel Macron fait l’éloge d’Edouard Philippe : des témoins racontent

Emmanuel Macron a remis la croix de Grand officier de la Légion d’honneur à Edouard Philippe pour ses plus de deux ans passés à Matignon. Le Président a salué la « fidélité » et la « loyauté » du maire du Havre. Ce qui n’empêche pas l’ex-locataire de Matignon de préparer la suite par petites touches…
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« Il a gardé le masque ». Edouard Philippe est sérieux, mais pas à ce point-là. C’est de masque pour cause de covid-19, dont on parle ici. Car la cérémonie de remise de la croix de Grand officier de la Légion d’honneur à Edouard Philippe, des mains d’Emmanuel Macron, était « très détendue », confie un participant. Repoussée pour cause d’épidémie, la cérémonie s’est tenue ce mardi midi sous les ors de l’Elysée. Une distinction automatiquement remise depuis 2008 aux anciens premiers ministres ayant vécu « l’enfer de Matignon », selon l’expression consacrée, au moins deux ans. Lui y est resté un peu plus de trois ans, du 15 mai 2017 au 3 juillet 2020, avant que le chef de l’Etat ne l’évince et nomme un certain Jean Castex à sa place.

Mais ce mardi midi, point de rancœur ou d’amertume. La remise de la Légion d’honneur s’est passée de manière très symbolique. Assez peu d’élus dans la salle, mais son mentor, Alain Juppé, lui-même ancien premier ministre, et « les ministres copains », Gérald Darmanin, Sébastien Lecornu, le Modem Marc Fesneau, Olivier Véran ou encore Olivier Dussopt. Un parterre limité, où on pouvait voir aussi « les deux présidents des assemblées », ainsi que les présidents de groupe du Sénat : François Patriat (RDPI, c’est-à-dire LREM), Claude Malhuret (Les Indépendants) et Hervé Marseille (Union centriste).

« C’était au carré »

La femme d’Edouard Philippe, sa mère et sa fille ont logiquement assisté à l’événement. Le fidèle Gilles Boyer était bien sûr là, tout comme Thierry Solère, conseiller spécial d’Emmanuel Macron et proche d’Edouard Philippe. Côtés élus, le maire d’Angers, Christophe Béchu, était invité, tout comme le maire de Toulon, Hubert Falco, qui vient de quitter les LR, ou encore le maire (Mouvement radical) de Valenciennes, Laurent Degallaix. Quelques incarnations vivantes de la « poutre » qui travaille à droite, et qu’Edouard Philippe a contribué à faire bouger. Parmi les convives, on comptait encore Marc Guillaume, ancien secrétaire général du gouvernement, ainsi que Benoît Ribadeau-Dumas, ex-directeur de cabinet d’Edouard Philippe à Matignon.

Comme attendu pour ce genre de remise de décoration, « le Président a fait le panégyrique du récipiendaire. Il a fait l’éloge d’Edouard Philippe, de sa personnalité, de ses origines ouvrières, de sa fidélité à ses amis, ses proches, de sa loyauté, son enracinement au Havre », raconte un participant. « C’était chaleureux, familial, amical, détendu. Avec du respect dans les propos du Président, qui a évoqué avec humour et gravité le parcours d’Edouard Philippe, dont il a dit que c’était un homme qui a le sens de l’Etat », rapporte un autre convive.

« C’était au carré, vraiment le discours officiel », ajoute le premier, mais en même temps, « ce n’était pas froid, on sentait une certaine chaleur, c’était appuyé ». Celui qui est redevenu maire du Havre était-il ému ? « Ce n’est pas le genre de garçon à se mettre à pleurer, mais c’est toujours émouvant », raconte-t-on. Une pointe d’émotion, mais sans excès, à la Philippe. Emmanuel Macron a quand même rappelé que son ancien premier ministre « était un grand imitateur, qu’il imitait parfaitement Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et quelques autres ». L’histoire ne dit pas si l’ancien premier ministre s’y est essayé pour l’occasion.

« Il est là pour préparer la suite. Dans 5 ans, il aura 55 ans »

Edouard Philippe se retrouve épinglé quelques semaines après la sortie de son livre « Impressions et lignes claires » (Ed. JC Lattès), ouvrage sur son passage à Matignon. Une certaine ambiguïté sur le rôle qu’il compte jouer à l’avenir a depuis marqué quelques esprits dans la macronie. Une petite musique alimentée par Edouard Philippe lui-même, qui ne se limite pas à la tournée des médias et des librairies. Il va sur le terrain soutenir les candidats LREM aux régionales. Et pas que. « Il met des petites pierres partout », s’amuse un observateur. Edouard Philippe est ainsi allé soutenir Marc Fesneau, candidat en Centre-Val-de-Loire, la ministre Geneviève Darrieussecq en Nouvelle-Aquitaine, François de Rugy, candidat LREM en Pays-de-la-Loire, mais aussi… Christelle Morançais, la présidente LR sortante de la région, candidate à sa réélection, qui a succédé à la région à Bruno Retailleau, patron des sénateurs LR aux ambitions élyséennes. « Ça sent le deuxième tour pour les régionales ! » s’amuse un élu. La poutre travaille encore, et s’il peut aider…

Mais jusqu’où veut-il aller ? Peut-il être une menace pour Emmanuel Macron, qui en connaît un rayon en matière de trahison et à donner l’exemple ? « Il ne peut pas aller contre Macron. Il a fait de lui son premier ministre. Il est loyal », pense un des convives, qui croit plutôt qu’« il est là pour préparer la suite. Dans 5 ans, il aura 55 ans ». Ce qui est jeune en politique et lui laisse tout le temps de viser et de préparer la présidentielle de 2027. Mais le même ajoute que « s’il se passe quelque chose d’ici là, il ne boudera pas son plaisir… » De quoi jouer alors les recours. Mais on n’en est pas là. Pour l’heure, le troisième épisode d’« Edouard, mon pote de droite », documentaire consacré cette fois à son passage à Matignon, est attendu sur France 5 cet été.

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