À La Baule, Les Républicains veulent conjurer “la sinistrose”

À La Baule, Les Républicains veulent conjurer “la sinistrose”

Rassembler et renouveler. Ces mots étaient sur toutes les lèvres des Républicains réunis samedi à La Baule, en quête d'un chef et d'un cap pour...
Public Sénat

Par Anne RENAUT

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

Rassembler et renouveler. Ces mots étaient sur toutes les lèvres des Républicains réunis samedi à La Baule, en quête d'un chef et d'un cap pour surmonter leur cinglante défaite aux européennes qui a engendré divisions et départs, en grande partie vers la Macronie.

"Je refuse la sinistrose ambiante. (...) J'ai vécu beaucoup de marées d'équinoxe. J'ai connu aussi des vents porteurs", a affirmé Gérard Larcher, devant quelque 300 militants.

Le président du Sénat a souhaité "élargir l'espace politique" de LR au centre à partir des "territoires", en invitant élus et militants à de ne pas "déserter" le navire qui prend l'eau.

Au-delà de LR, qui n'a plus remporté de scrutin national depuis sept ans, c'est toute la droite qui fait sa rentrée en cette fin de semaine, mais en ordre très dispersé, symbole de son éclatement à six mois des municipales.

Plusieurs ténors du parti ne sont pas venus à La Baule, alors que d'autres ont quitté le parti ou sont tentés de s'allier avec En Marche aux municipales de l'an prochain.

La présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse, qui a claqué la porte de LR en juin après la débâcle des européennes (8,48%), a fait sa rentrée le même jour en Corrèze, où elle s'est dite "prête" à construire "une droite moderne", une "alternative crédible" face à un parti présidentiel en "marche vers l'immobilisme".

- "Repartir des idées" -

Bruno Retailleau, le 31 août 2019 à La Baule
Bruno Retailleau, le 31 août 2019 à La Baule
AFP

"Est-ce que nous sommes morts ?", a demandé le président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau. "Non", ont répondu des militants.

L'élu de Vendée, qui a renoncé à briguer la tête de LR pour ne pas, dit-il, réveiller une nouvelle "guerre des chefs", a souhaité "repartir des idées" sans attendre "un sauveur". Il a dénoncé "l'impasse démocratique" du duel entre le RN et En Marche, soulignant les "différences abyssales" entre LR et ces partis.

En quête d'un cap, le parti héritier de l'UMP, qui a porté au pouvoir Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, est aussi en quête d'un chef depuis la démission de Laurent Wauquiez après la déroute des européennes. Les militants doivent élire un nouveau président le 12 octobre.

Favori dans cette course à la tête du parti, le député Christian Jacob a plaidé pour un travail "d'équipe", dénonçant la "trahison" des élus partis à En Marche.

Il a rappelé que le RPR, devenu UMP puis LR, "c'était un rassemblement pour la République", avec Philippe Séguin et Charles Pasqua mais aussi Alain Juppé, "chacun avec leur sensibilité".

Mais "notre ADN n'est pas de passer des accords de boutiquiers" qui feraient perdre à LR les élections sénatoriales et locales, a ajouté Christian Jacob.

- "Petites chapelles" -

Son concurrent Guillaume Larrivé a également critiqué ceux qui sont allés "prendre le bon air de la Corrèze" pour "bénéficier le jour venu de nos militants, de notre réseau d'élus".

Le député de l'Yonne n'aime pas les termes de "re-fondation, re-construction". Il voudrait "transformer" LR en "parti de la France libre" qui puisse "arrêter l'immigration" et "lutter contre l'islamisation".

Le troisième candidat dans cette course, le député du Vaucluse Julie Aubert a défendu un parti de "droite forte" et "populaire" qui ne veut "pas embrasser LREM aux municipales".

Le président du Sénat Gérard Larcher, à Ajaccio, le 15 août 2019
Le président du Sénat Gérard Larcher, à Ajaccio, le 15 août 2019
AFP/Archives

Il faut "garder les valeurs et tourner la page", a conclu le président par intérim de LR Jean Leonetti, qui veut doter le parti d'une "charte" des valeurs.

Pour lui il ne s'agit pas d'aller chercher "ceux qui sont partis" de LR mais "le peuple français".

Christian Jacob avait appelé mardi les militants à "sortir (des) petites chapelles", même si celles-ci prospèrent, incarnant une rentrée éparpillée.

Le maire LR de Nice Christian Estrosi a défendu vendredi dans sa ville son "esprit de liberté" devant son mouvement de La France audacieuse. Annoncé à Brive par l'entourage de Mme Pécresse, M. Estrosi n'était finalement pas présent.

D'anciens élus de LR ou du centre, qui avaient exprimé leur soutien au gouvernement, se sont réunis le même jour à Angers autour du maire Christophe Béchu.

Les ponts ne sont pourtant pas tous coupés. "Un jour, on sera tous réunis", a promis Valérie Pécresse dans Le Parisien. "Nous avons encore un espace politique commun à reconstruire", lui a répondu Gérard Larcher dans un message vidéo diffusé à Brive.

Absent à la Baule, Laurent Wauquiez fera une rentrée discrète dimanche avec des élus de Haute-Loire et n'a pas convié la presse pour la traditionnelle ascension du mont Mézenc.

La députée Agnès Thill, exclue de LREM pour s'être opposée à la PMA pour toutes, a salué sur Twitter la "liberté" de débat des Républicains.

Dans la même thématique

Formulaire de demande de RSA (Revenu de solidarite active), allocation assurant aux personnes sans ressources un revenu minimum variable selon la composition du foyer
7min

Politique

Assurance-chômage : quand le candidat Macron promettait une « assurance-chômage pour tous » en 2017

« Oui, il y aura une réforme de l’assurance-chômage cette année », a annoncé le Premier ministre, ce mercredi 27 mars, chez nos confrères de TF1. Troisième réforme en la matière depuis l’élection du Président de la République, ses conditions ont largement été durcies en sept ans… loin de la promesse du candidat Macron qui proposait de faire de l’assurance-chômage, un droit « universel ».

Le

French PM gathers the government for a seminar on work
10min

Politique

Réforme de l’assurance chômage : « Depuis 2017, les partenaires sociaux se sont fait balader et avec Gabriel Attal, ça sera la même chose »

La nouvelle réforme de l’assurance chômage que prépare le gouvernement passe mal chez les sénateurs. « On a dévoyé la gouvernance de l’assurance chômage », dénonce la sénatrice LR Frédérique Puissat, qui défend le rôle des syndicats et du patronat. « Attaché » aussi au paritarisme, le centriste Olivier Henno, « comprend » en revanche l’idée de réduire la durée des indemnisations. Quant à la socialiste Monique Lubin, elle se dit « atterrée » que le gouvernement relaye « cette espèce de légende selon laquelle les gens profiteraient du chômage ».

Le