Le chef de l'Etat a prononcé jeudi 25 avril à la Sorbonne un long discours pour appeler les 27 à bâtir une « Europe puissance ». À l’approche des élections européennes, son intervention apparait aussi comme une manière de dynamiser une campagne électorale dans laquelle la majorité présidentielle peine à percer. Interrogés par Public Sénat, les communicants Philippe Moreau-Chevrolet et Emilie Zapalski décryptent la stratégie du chef de l’Etat.
A Lyon, Macron flatte l’électorat de droite et attaque Hamon
Par Public Sénat
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8000 personnes à l’intérieur et 8000 personnes à l’extérieur du Palais des Sports de Gerland s’est enorgueilli Emmanuel Macron, qui, précise-t-il, « cite les chiffres de la police ». « Vous pourrez dire j’étais là » annonce-t-il, depuis l’extérieur de l’enceinte, visiblement aux anges. L’Histoire serait-elle en Marche pour l’ancien ministre de l’Economie ? Peu de personnes pour dire le contraire ce samedi à Gerland, parmi les soutiens de la société civile, comme le juge Eric Halfen, le mathématicien Cédric Villani, le président France Terre d’Asile Pierre Henri, l’académicien Eric Orsenna, ou encore l’ancienne journaliste Laurence Haim.
Côté politiques, évidemment le régional de l’étape, le sénateur-maire de Lyon, Gérard Colomb, le sénateur PS François Patriat, le député européen centriste Jean Arthuis, mais aussi l’ancienne ministre Corine Lepage sont là. Sur une scène plantée au milieu des gradins, Emmanuel Macron succède au maire de Lyon, l’un de ses premiers soutiens, qui, quelques minutes plus tôt, avouait du haut de sa longue expérience des campagnes électorales, n’avoir jamais « connu une telle ferveur »
« Qui ne saute pas n’est pas Macro…Nais ! »
Dans une salle surchauffée, rythmée par des chants qui ont fait les belles heures de l’Olympique Lyonnais du temps où l’équipe jouait à …Gerland, Emmanuel Macron arrive sous les cris de « qui ne saute pas n’est pas Macro…Nais ! ». « Ce n’est pas une démonstration de force (…) c’est une démonstration d’envie » indique-t-il , modeste, et « bienveillant », un crédo que le candidat d’En Marche va décliner pendant près de 2 heures de discours. Il fait taire tout de suite les sifflets qui montent d’un gradin lorsqu’il évoque, sans les citer, ceux qui parlaient à son égard de bulle médiatique. « On ne rassemble jamais avec des sifflets » prévient-il
78 jours avant le premier tour de l’élection, Emmanuel Macron savoure sa bonne tenue dans les sondages et fait durer le suspense sur le fond de son programme, toujours prévu pour la fin du mois. En guise de slogan, plutôt un « fil rouge », une « ambition » qu’il résume en trois mots : Liberté, Egalité, Fraternité.
« Je vous aime profondément ».
Dans un style très messianique, qui n’est pas sans rappeler Ségolène Royal et son Désirs d’avenir, il y a dix ans, Emmanuel Macron cite l’un de ses auteurs favoris, René Char : « je vous aime farouchement ».
Macron répond aux accusations de complot
De l’amour, de la bienveillance mais qui n’empêchent pas un constat. L’électorat de droite est déboussolé par l’affaire Pénélope Fillon, et Emmanuel Macron est prêt à lui tendre la main. Ultime provocation au candidat LR, Emmanuel Macron cite l’un des mentors de François Fillon en guise d’exemple : « Philippe Seguin « pupille de la nation devenu président de l’Assemblée nationale ».
Jeudi, plusieurs député LR ont fait part publiquement de leurs soupçons à l’encontre d’Emmanuel Macron, selon eux complice des révélations du Canard Enchaîné. « Quand ils font cela, ils mêlent l’indignité aux difficultés qu’ils vivent » a-t-il répondu ce samedi (voir la vidéo).
Ils ne m’ont pas demandé le revenu universel. Ils l’ont. Ça s’appelle le RSA
Bienveillant,Emmanuel Macron, mais aussi attentif aux sondages. Fort de sa victoire à la primaire de gauche, Benoît Hamon pointe à 17 ou 18% selon plusieurs études d’opinion. Le candidat du PS lui aussi promoteur « d’un futur désirable » a subi les foudres du président d’En Marche !. « Nous serons les défenseurs du travail (…) Je m’oppose à un projet qui serait de pouvoir vivre dignement dans une oisiveté subie ou choisie (…) J’ai vu des femmes et des hommes qui ont été bousculés par les grandes transformations des décennies précédentes (…) Ils ne m’ont pas demandé le revenu universel. Ils l’ont. Ça s’appelle le RSA. Et si on savait le multiplier par deux, j’ose espérer qu’on l’aurait fait depuis longtemps ».
Et comme si la défaite de Manuel Valls ouvrait une nouvelle fenêtre idéologique, Emmanuel Macron promoteur de la liberté de conscience selon la lettre de la loi de 1905 a montré les droits et les devoir qui s’appliquent dans un Etat Laïc « Je n’accepte pas qu’un homme au nom de sa religion puisse refuser de serrer la main d’une femme . « Je n’accepte pas que des regards d’hommes puissent interdire à une femme de venir s’installer à une terrasse ou à un café ». Une nouvelle pique à Benoit Hamon qui, entre les deux tours de la primaire, s’était vu taxer « d’islamo gauchiste ».
« Ils détestent les visages qui ne leur ressemblent pas »
Alors que Marine Le Pen prononcera le discours de ses assises présidentielles, dimanche, également dans la capitale des Gaules, Emmanuel Macron a qualifié de « ventriloques », « ceux qui prétendent parler au nom du peuple » (…) « ils prêtent aux français des valeurs qui ne sont pas les leurs » (….) « ils trahissent la fraternité car ils détestent les visages qui ne leur ressemblent pas ». « Ils ne parlent que pour eux même, de père en fille et de fille en nièce » (…) « Ils ne parlent pas du peuple mais d’une France qui n’a jamais existé ».